Un entraînement qui avait pourtant bien commencé. P.V. Clayton

Avec la nouvelle plutôt alarmante de cet appel sur mon cellulaire, je me désintéressai complètement de la chasseuse encore présente dans la pièce. L'inquiétude grimpa en comprenant sa situation, ma tendre Leti était aux prises avec une rage de sang importante. Elle était si impressionnante que j'oubliais qu'elle restait une jeune vampire. Alors, il me fut clair que mon aimée avait besoin de mon intervention pour la sortir de cette situation délicate. Afin de conserver cet appel privé, je lâchai la suite dans le combiné d'une voix plutôt basse pour que seulement Leti entende ses propos. Je n'avais guère envie que cette information arrive à des "oreilles indiscrètes".

- Amour, je vais faire au plus vite pour t'apporter une flasque de faux sang. Alors, ne bouge pas d'où tu es si tu es déjà à l'écart. Donne-moi ton emplacement et j'arrive.

J'attendis qu'elle me réponde avant de poursuivre le fonctionnement de ce que je prévoyais pour l'aider.

- Si tu ne tiens plus, retiens ta respiration et je resterai avec toi en ligne afin de continuer à parler. Tape deux fois sur le combiné avec tes doigts si c'est ce que tu fais maintenant!

Dis-je en sortant de la salle pour rejoindre mon antre afin de puiser dans mes réserves pour en soustraire deux grosses flasques. Une fois en possession d'elles, je me mis en route immédiatement.

Je gardai une voix calme et le plus serein pour aider ma tendre dans sa position délicate. Elle m'envoya son emplacement, car je reçus une notification sur mon téléphone. Je le décalai de mon oreille afin de voir où elle se trouvait. Ce n'était pas trop loin... je pouvais y être rapidement.

- Bien, je l'ai reçu Leti. Ce n'est pas très loin d'où je me trouve actuellement. Je serais à tes côtés dans environs six minutes... tu te débrouilles très bien amour.

Puis, elle accepta la méthode en retenant sa respiration et tapa dans le combiné pour me faire comprendre qu'elle le tentait.  

- Bien, reste en ligne avec moi jusqu'à ce que j'arrive. En lui laissant ces mots, je me rendis dans ma crypte pour y prendre ce dont j'avais besoin avant de la rejoindre avec la vitesse accrue de notre espèce. Voilà, j'ai les flasques de faux sang. Tu pourras bientôt les boire... je sais que tu en raffoles!

Dis-je sous le ton de l'humour sarcastique. Oh oui, je savais très bien qu'elle les avait en horreur, mais je n'avais rien de mieux rapidement sous la main que celles-ci.

- Tiens le coup, nous serons bientôt réunis, je ne suis qu'à quelques pas de toi!  

Comme promis, je la rejoignis au bout de quelques minutes seulement. Elle était recroquevillée dans un coin et s'accrochait désespérément à son téléphone. La voir ainsi me fit mal... douloureusement mal. Je lâchai dans le combiné.

- Je suis derrière toi.

J'ignorai si ma voix la fera réagir, mais j'étais vrai à quelques mètres d'elle maintenant. " Oh... l'odeur du sang était partout... comment a-t-elle pu se contenir avec autant de sang aussi longtemps?! "

Je dus prendre fichtrement sur moi pour m'extraire de ce doux arôme ensanglanté pour me concentrer sur elle. Oui, elle était très mal... ma pauvre aimée. Elle m'appela de sa voix tremblotante.

- Je suis là. Tiens, bois. Je te sens déjà à tes limites. Dis-je en retirant une première flasque de mon cuir pour lui tendre.

Je pris même la peine de la déboucher pour elle. Aussitôt qu'elle attrapa le contenant de verre, je m'assis au sol à ces côtés. Je décidai de rester à ses côtés le temps qu'elle se reprenne entièrement.

- Raconte-moi cet accident... d'où vient l'odeur de tout ce sang... on dirait que ça embaume l'air ambiant sur des kilomètres.

Je ne m'étais pas mépris sur la force de sa rage en voyant la vitesse qu'elle prit pour l'absorber. Je sortis de ma poche une seconde fiole de sang en écoutant la raison de la présence de l'arôme de sang sur des kilomètres. Sa réponse me stupéfia sous la brutalité de l'accident... une collision frontale qui ne fut guère clémente.

- Hum... ouais, je vois. Décidément les accrochages de ces nouvelles "montures métalliques" ne plaisantent pas du tout! lâchai-je sous une expression presque de douleur. C'est déjà un exploit que tu aies tenu si longtemps avec la force de l'odeur présente dans l'air. Moi, je n'aurais su en faire autant à ton âge. Même en ce moment, je sens ma soif me titiller la gorge à cette distance. Je débuchai la fiole en prononçant la suite. J'ignore si ceci allège suffisamment ton malaise, mais... tiens-en voilà une autre.

Je lui tendis la bouteille de sang.

- Il m'en reste deux autres. Tu peux les prendre avec toi lorsque tu te sentiras prête à y retourner.

Je m'accoudai à mon aise sur le muret derrière moi, car je prévoyais ne pas la quitter immédiatement. Je resterai à ses côtés aussi longtemps que Leti jugera en avoir besoin! Ma réaction impulsive sur les montures métalliques de cette ère ne manqua pas à faire réagir ma douce interlocutrice adorée.

- Ah... ouais, c'est l'une des raisons dont je trouve que la modernité a perdu les charmes des balades d'autrefois. soufflai-je en ramenant l'une de mes jambes contre mon torse. À son deuxième commentaire, je ne pus retenir un petit rire. Oh amour, c'est que j'ai également une très bonne élève... sans quoi, mon enseignement ne brillerait pas autant!

Elle accepta les secondes rations en les glissant dans son sac.

- Oh... d'accord, oui il est certain qu'elle pourrait se questionner sur cette "désertion". À sa dernière question, je lui fis un petit sourire. Bien sûr amour, je risque même d'y être avant toi!

Je me relevai à mon tour et lui volai un petit baiser avant de la laisser partir de son côté.

- À plus tard, je t'aime Leticia!