Un entraînement qui avait pourtant bien commencé. P.V. Clayton

Lors de l'une de mes dernières missions de terrain, j'avais usé de mon arme à feu pendant un affrontement contre un lycan avec un projectile mal moulé, ainsi son maniement fut fort difficile et très risquer. Allait-il s'enrayer? Je prenais si soin de l'état de son mécanisme en m'assurant de sa propreté qu'il serait bête que je le perde pour une idiotie pareille. Fichtre, j'y tenais à cette arme! Je vins à faire une nouvelle inspection en le nettoyant pour replacer le tout avant de le réessayer dans une zone contrôlée; la salle d'entraînement. C'était toujours désert à la nuit tombée... le moment idéal pour mes propres entraînements.

Je me rendis au QG armé de mon colt et des balles. Arrivé devant la porte qui menait à la salle désirée, un petit sourire d'appréhension posséda mes lèvres. Puis, subitement, je me stoppai en perdant instantanément mon sourire. Un bruit de battement de coeur et des coups donnés me firent réaliser que quelqu'un m'avait devancé cet fois. Je poussai tout de même la porte d'entrée et l'odeur d'un chasseur m'envahit... mais pas n'importe laquelle, ce fut Mademoiselle Williams. Pourquoi fallait-il que ce soit elle?

- Je pourrais vous retourner la question... n'est-ce pas l'heure aux chasseurs de s'assoupir Mademoiselle Williams? Marcus n'a pas donné de couvre-feu à vos semblables? dis-je avec un air malicieux, bien que j'usai de ce respect exécrable que je devais à ces chasseurs pour le reste de ma pitoyable existence.  

Sa réaction me fit légèrement sourire, malicieusement taquin. J'avais horreur de ces chasseurs prétentieux qui se croyaient supérieurs et là, il en avait une devant moi. Dans un soupir profond afin de garder le contrôle de moi-même, je lui lançai un simple.

- Soit... néanmoins, je dois vous mettre dans la confidence que vos petites oreilles sensibles risquent de souffrir lors de mes tests d'arme à feu sur cible. Donc... veuillez me pardonner si cela vous indispose!

Avais-je usé d'un ton un peu trop faussement poli? Hum... possible! Mais, arg... qu'importe. Je la laissai faire ses séries d'exercices sans y prêter plus attention et je partis vers les cibles inanimées pour débuter. Je sortis mon colt, l'armai et commençai les tirs. Il semblait que la stabilité de l'arme n'était pas optimale et sa précision avait été également impactée par l'accro du mauvais calibre. Le bruit était également assez fort et cela résonnait dans la pièce. Je lâchai un soupir en retirant le chargeur... j'allais devoir faire d'autre modification?

Ce test fut catastrophique et je regrettai à présent la confiance apportée à mon fournisseur. Je pestai furieusement envers l'idiot qui m'avait fourni l'ancien chargeur. La colère fut telle que mes crocs percèrent un moment. " Est-ce que mon arme chérie ne restera qu'une simple relique à présent? " Cette pensée me creva presque le reste de cette chose inanimée au fond de ma poitrine.

L'arôme de la chasseuse se fit de plus en plus fort et ses bruits de pas m'indiquèrent qu’elle venait vers moi. Je relevai la tête et mon regard rubis disparut lentement.

- Oui, je l'ai remarqué lors de ma dernière mission... mon idiot de fournisseur m'a fourgué de la camelote. Ah bon... vous pensez être en mesure de trouver le problème? dis-je en haussant un sourcil sous la surprise. Bien... voyez ce que vous pouvez faire, mais sachez que je tiens diablement à cette arme! Alors, que je ne vous vois pas délibérément aggraver son état!

Suivant, ces mots je l'observai un moment pour déceler la moindre intention mauvaise. Puis, je me risquai à m'avancer vers l'un des plans de travail et je démantelai avec précaution mon arme. Je posai les pièces le composant sur la table.

Mes petites menaces firent leur chemin à ce que je pouvais constater auprès de ma pas si charmante interlocutrice. Je levai les mains en signe de capitulation pour cette fois. Elle avait entre les mains l'une des pièces venant de mon passé que je ne pouvais me résoudre à m'en départir.

- Oui... veilliez m'en excuser. soufflai-je presque du bout des lèvres tant j'avais horreur de ce genre de situation.

Puis, suivant le démantèlement de mon arme chérie, je laissai la chasseuse faire en me plaçant afin que je puisse voir ce qu'elle faisait. Bien sûr mon oeil attentif ne manqua rien de ses faits et gestes ni la minutie de son analyse. Oui, il n’avait pas à dire elle s'y connaissait la petite.

Une fois qu'elle observa le chargeur rempli de ses munitions bon marché de mon mécréant de fournisseur, son regard s'y attarda. Elle reposa le barillet et s'éloigna de la table pour atteindre un coffre.

- Inutile mademoiselle Williams, seulement Marcus détient...

Elle composa le code et la porte céda.

- Euh... Comment avez-vous... Mouais... laissez tomber.

Puis elle me redonna en m'indiquant de retenter l'expérience. Sous le questionnement, je décalai le barillet pour voir le résultat et le replaçai pour m'exécuter sur l'une des cibles immobiles. Le son fut moins assourdissant et la précision fut plus simple. Parcontre la stabilité n'était pas optimale... mais c'était définitivement mieux. Les balles avaient peut-être un peu abîmé le canon, mais ce fut pas trop impactant. Alors, j'avais raison depuis le début, le calibre fut mal conçu?! Là, la colère m'envahit et mes crocs apparurent. " Attendez que je mette la main sur ce charlatan et que je l'écourte d'une tête! " pensai-je en serrant la mâchoire.

- Il va me le payer... lâchai-je faiblement pour moi-même les yeux toujours rubis.

Je regardai mon arme chérie qui fut malmenée par cet exécrable fournisseur. Oh que je rêvais détenir, entre mes mains, ce charlatan afin de voir cette fine étincelle de vie quitter son misérable corps. "Oh... oui, quel ne serait pas le plaisir retiré de sentir sa chaire se déchiqueter sous mes doigts! " Ainsi, évidemment, ma rage de sang et de violence me rendit visite. " Ah fichtre, bravo Clay! Maintenant, j'ai envie de planter mes crocs! " Ma gorge me brulait atrocement tant ma soif fut forte. Je pris ma flasque de sang synthétique et la débouchai pour l'en délester d'une profonde gorgée.

La voix de la femme me fit revenir au moment présent avec une proposition alléchante.

- Oh très chère Williams, vous m'en voyez intéressé... je suis tout ouïe!

Peut-être était-ce dû à ma colère passagère qui m'impactait encore un tantinet, mais plus notre conversation s'éternisait et plus ma patience s'amenuisait. À ce stade, je craignais même de commettre une bêtise qui risque de nous mener à une énième "engueulade musclée". Mes yeux encore rouges se posèrent sur la chasseuse lorsqu'elle ajouta un commentaire hautain à mon égard.

- Pour quelle raison croyez-vous que je me com...

Une vibration dans la poche de mon jean coupa ma phrase. Par instinct, je pris le petit appareil pour y consulter son afficheur. C'était un message de ma tendre Leti. Immédiatement en lisant ces lignes, l'inquiétude outrepassa tout autre sentiment subsistant, même mon expression laissa filer mon ressenti du moment. " Je n'aime guère cela, elle ne me contacte jamais sans raison. Que lui arrive-t-il? Est-elle en danger? " Ces pensées me traversèrent l'esprit sous le stress et je m'excusai auprès de la femme à mes côtés.

-   Navré... je dois passer un appel, c'est surement important.

Forte heureusement pour moi, Hope comprit l'urgence et s'éloigna. Donc, je m'empressai de composer son numéro et dès que la ligne s'ouvrit, je la questionnai.

- Allo, Leti... tout va bien?