« - Alors on y va? » Tels avaient été les derniers mots de James avant que lui et Eva ne quittent le bar main dans la main. Oui, elle allait le ramener chez elle, comme elle l’avait promis si elle perdait la partie de billard. Une partie qui n’avait de cesse de tourner en boucle dans sa tête dans ce taxi qui les emmenait dans les quartiers Nord de Los Angeles. La chirurgienne avait posé deux billets de vingt dollars pour payer les consommations ainsi que la partie de billard et le pourboire du serveur, et en avait fait de même pour le taxi avant qu’ils ne s’en extirpent au pied de l’immeuble où elle résidait. Elle n’avait pas dit mot durant le trajet, se demandant par quel prodige le Britannique parvenait à jouer aussi habilement, parfois sans même regarder la table. Cette magie-là lui était inconnue et l’Américaine était fascinée.
Elle qui aimait pourtant tout faire à pieds, elle n’aurait pas été en mesure de marcher encore jusqu’à chez elle depuis le bar, sa cheville commençant à lui faire comprendre qu’elle avait trop tiré sur la corde. Sa main agrippée à celle de James, elle l’entraîna dans l’ascenseur, puis dans son appartement. Elle prit soin de refermer la porte, d’envoyer ses clés sur le bar et de se retourner vers le Lord pour l’entraîner vers le canapé.
- Alors il paraît que je te dois un peu plus qu’un baiser. C’est le prix que tu as réclamé.
Elle se colla contre lui en plaquant ses lèvres aux siennes, et ses mains sur son torse pour l’inciter à s’asseoir. La belle brune s’installa ensuite sur lui. L’alcool et l’excitation la grisaient.
- Est-ce que tu es aussi habile dans tous les domaines, ou c’est seulement au billard ? demanda-t-elle en glissant ses mains sous ses vêtements pour caresser son torse.
Ce qu’Eva ignorait, c’était que la pierre du pendentif qu’elle portait empêchait James de lire dans ses pensées et de l’hypnotiser. C’était tant mieux pour elle après tout, mais peut-être tant pis pour le bel Anglais. Tout en l’embrassant avidement, la chirurgienne ôta ses chaussures, prenant garde malgré tout à ne pas se faire mal au niveau de sa cheville qui était convalescente. Elle prendrait un anti-inflammatoire plus tard, ce n’était certainement pas le moment.
— Alors, on y va ? Telles furent les dernières paroles d'un James empli d'audace, prononcées avec une pointe d'excitation dans sa voix profonde. Était-ce dû à une légère ivresse, qui chatouillait légèrement ses sens, ou bien au retour en flamme d'un jeune homme audacieux de nature et tout aussi intrépide ? Si l'on prend le temps de réfléchir, on peut aisément exclure l'ivresse du raisonnement. Après tout, James était un grand buveur depuis des siècles et un vampire qui plus est, un être immortel portant en lui une soif inextinguible. Alors serait-il possible que le James d'autrefois, avec sa fougue indomptable, refasse surface épisodiquement, tel un écho de son passé vibrant d'aventures ? Cela pourrait faire croire aux miracles, ces moments fugaces où le temps lui-même semblait se suspendre.
Mais ne sommes-nous pas à Los Angeles, la cité des anges et, par extension, de l'impossible ? Dans cette métropole éclatante de lumières et de rêves brisés, où le surnaturel côtoie la réalité, tout semblait plausible. Les rues vibrantes de la ville s'étendaient devant lui, offrant une toile de fond spectaculaire à cette scène intrigante. Et peut-être, au cœur de cette énigme, l'espace d'un instant, le James d'autrefois avait refait surface. Il avait momentanément oublié sa véritable nature, sa soif de sang et d'éternité, et s'était laissé happer par le charme hypnotisant de l'humaine qui semblait, à s'y méprendre, être le parfait sosie de son grand amour perdu.
Le regard doux de la chirurgienne se fixait intensément sur l'azur insondable de la créature nocturne qui, ce soir-là, semblait dépourvue de toute rationalité. Et pour cause, elle avait la meilleure des excuses pour son comportement énigmatique. Sans hésiter, le lord laissa sa main être capturée par celle d'Eva, l'entraînant vers l'extérieur. La jeune femme avait pris soin de régler tous les détails, des consommations au jeu de billard, en passant par le pourboire pour le serveur "agréable", jusqu'au taxi qui les avait conduits jusqu'au pied de l'immeuble de la chirurgienne.
Les murs majestueux de l'immeuble s'élevaient vers le ciel étoilé, témoins silencieux des histoires et des secrets qu'ils renfermaient. Les lumières tamisées du hall d'entrée créaient une ambiance feutrée, tandis que les colonnes élégantes semblaient danser en harmonie avec la brise nocturne.
— C'est imposant, bien plus que l'endroit où je réside, remarqua-t-il, émerveillé. Mais cela semblait évident, car officiellement, il ne résidait nulle part, un détail qu'il garda pour lui. Néanmoins, l'architecture de l'immeuble ne manquait pas de le fasciner, même si elle était considérée banale par tout Angelin digne de ce nom.
Eva l'entraîna à l'intérieur de l'immeuble, jusqu'à l'ascenseur, que James observa avec intérêt avant de reporter son attention sur la jeune femme à ses côtés. Il ne disait rien, mais un sourire éloquent se dessinait sur son visage, révélant son état d'esprit. Le signal électronique du "ding" retentit, et une fois de plus, l'Américaine prit la main froide de son compagnon britannique et le conduisit jusqu'au couloir où une porte numérotée les attendait.
— Attends ! s'exclama-t-il. —Tu dois m'inviter à entrer avant. Nous sommes un peu procéduriers en Angleterre, tu vois. Mais à part ça, tu n'as rien à craindre de moi. Il tentait d'utiliser l'humour pour désamorcer toute gêne, mais il était clair que le Dr Eva Cortez était bien au-delà de toute invitation formelle. Sans attendre, elle invita son charmant interlocuteur à entrer dans son appartement. James n'eut pas l'occasion de prendre le temps de visiter les lieux, se retrouvant rapidement sur le canapé, avec Eva à califourchon sur lui. Leurs lèvres se rejoignirent avec passion, tandis que ses mains chaudes parcouraient son corps.
— Effectivement, tu me dois bien plus que cela, murmura-t-il d'une voix suave, son regard empli de désir. La bouche d'Eva trouva à nouveau la sienne avec une aisance déconcertante, ce qui fit naître chez James une multitude de sensations. Pour la première fois depuis longtemps, le vampire frissonna, ses battements de cœur s'intensifiant légèrement, bien que moins que ceux de l'humaine qui était sur lui et qui prenait plaisir à caresser son torse. Heureusement, elle n'avait pas encore remarqué la cicatrice qui se trouvait à la place de son cœur.
— Je suis habile dans bien des domaines, j'avais juste peur de paraître trop présomptueux pour le faire savoir , dit-il en souriant, avant de l'embrasser avec encore plus d'intensité, puis de se raviser l'espace d'un instant. —Attends ! s'exclama-t-il, saisissant aussitôt son visage et plongeant son regard dans le sien, non pas pour l'hypnotiser, mais simplement pour se perdre dans ses yeux. —Laisse-moi simplement te voir. Il lui caressa la joue avec une infinie douceur, une caresse habituellement réservée à Rosalyn. « —Une telle beauté s'observe avant que la passion ne prenne le dessus sur nous. » Cette phrase est celle d'un auteur dont je suis incapable de me rappeler le nom, mais est-ce vraiment important ? Il lui sourit à nouveau avant de l'aider à enlever ses chaussures, remarquant qu'elle avait du mal à le faire. En parfait gentleman, il refusait de la laisser se débrouiller seule.
— Eva... Les mots lui manquaient, il se précipita sur ses lèvres, les dévorant avec passion tandis que ses mains habiles déshabillaient la jeune femme. Les caresses se transformaient en gestes frénétiques, les conduisant rapidement à être nus l'un contre l'autre. James se sentait revivre, ne serait-ce qu'un instant ; tout en elle lui rappelait sa mortalité perdue, sa peau chaude, son cœur prêt à exploser sous les baisers du vampire. Maintenant, sa bouche s'égarait sur la poitrine de la jeune femme, qui se mouvait lascivement sur les genoux de James, dont l'entrejambe montrait clairement qu'il n'était pas indifférent aux mouvements d'Eva. Cette dernière, en plus de se mouvoir sensuellement, avait abaissé la braguette du Britannique et ouvert son jean.
— Tu me donnes chaud, tu sais ! murmura-t-il en croisant à nouveau son regard, avant de saisir sa lèvre inférieure du bout des dents et de s'emparer à nouveau de sa bouche. La nuit ne faisait que commencer.
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C'est un paradoxe cruel de l'existence : trouver la force dans la vulnérabilité et, simultanément, le danger dans l'affection.—
Eva était hautement intriguée par James. Elle l’avait toujours été, depuis leur toute première rencontre sur cette plage où il avait été soupçonné de meurtre sur un des trois jeunes qui l’avaient remonté de l’eau, alors qu’il était soi-disant enfermé dans une boîte immergée. Tant de mystère entourait le Lord, mais la chirurgienne, curieuse et persévérante, était persuadée qu’elle viendrait à bout de l’énigme vivante que représentait ce britannique absolument sublime et sexy.
Si cet homme dégageait un charme peu commun auquel elle avait rarement été confrontée, l’Américaine trouvait également en lui des raretés médicales étonnantes, comme la température extrêmement froide de son corps, qu’elle avait d’abord attribué à de l’hypothermie à cause de son passage sous l’eau enfermé, avant de comprendre que c’était dû à son rythme cardiaque anormalement bas. Il existait de rares personnes vivant ainsi, et tout à fait normalement, mais celui de James était particulièrement bas. Mais à le voir vivre et se mouvoir, il semblait qu’il était en parfaite santé. Encore un mystère de la science.
Ce soir-là, cependant, après cette fortuite rencontre sur la plage et cette petite partie de billard, la chirurgienne avait autre chose en tête qu’élucider des mystères médicaux ou non. Son entorse à la cheville l’empêchait de travailler correctement, bien qu’elle allait reprendre le chemin de l’hôpital d’ici peu, elle était donc bien décidée à s’amuser un peu avant que le sérieux ne revienne jalonner les jours de labeur. Un labeur qui la passionnait, ceci dit.
Arrivés à bon port, un appartement que James connaissait déjà puisqu’il avait déjà fort galamment raccompagné la belle brune alors qu’elle s’était faite agresser, justement ce soir-là qui lui avait valu son entorse, Eva n’étant pas du genre patient lorsqu’il s’agissait d’autre chose que du travail, elle s’était ruée sur les lèvres de son invité, grand gagnant de la partie de billard endiablée qui s’était achevée peu avant. Elle s’amusa du fait qu’il avait déclaré qu’elle lui devait plus qu’un baiser, le prix qu’il avait demandé s’il gagnait la partie. Les mains chaudes de la chirurgienne parcouraient le torse de son beau britannique avant de s’affairer à lui retirer son haut.
- Tu sais, j’aurais presque pu croire que tu as triché… mais comme j’ai très envie de te donner ton prix, je n’irai pas contester ta victoire.
En effet, c’était presque surréaliste de le voir entrer les dernières boules de la partie, dont deux sans même regarder la table. Mais Eva avait bu, et entre l’alcool et l’excitation, elle savait qu’il était probable qu’elle ait mal vu. Etait-ce si important ? Le torse à présent dénudé du britannique, Eva s’empressa d’aller embrasser son cou avant qu’il ne lui dise qu’il était habile dans bien des domaines, ce qui la fit sourire de plus belle. Sa main sentit une cicatrice assez imposante, la belle brune se redressa mais n’eut pas le temps d’observer ou poser une question que Lovell lui prit le visage pour l’observer. Quel romantique !
- Remercions l’auteur anonyme et continuons alors, répondit-elle, toujours souriante, entreprenant de se défaire de ses chaussures.
James l’y aida, adorable qu’il était, et Eva pu reprendre ou elle en était, facilitant la démarche de l’anglais pour lui faire retirer son haut. Rapidement, elle se retrouva en sous-vêtements, entreprenant de défaire la braguette du jeans du bellâtre sur lequel elle se trouvait.
- Toi aussi tu me donnes chaud ! répondit-elle avant que leurs bouches ne se retrouvent avec passion.
Elle entreprit de retirer son soutien-gorge avant de se coller contre le torse de Lovell, reprenant ses caresses où elles en étaient restées. Elle était loin de se douter de la dangerosité de l’homme qu’elle aguichait et qui lui plaisait de plus en plus, loin d’imaginer toutes les horreurs qu’il avait perpétrées par le passé. Tout ce qu’elle voyait, c’était un homme sublime, charmant, qui lui était venu en aide et qui avait vécu des choses très difficile, un peu comme elle. Et cet homme, ce soir, elle le désirait plus que tout. Tout en l'embrassant langoureusement, l'une de ses main se glissa dans son caleçon pour venir caresser son intimité, tandis que de l'autre, elle ouvrit le tiroir du petit meuble sur lequel trônait une lampe de salon, pour en sortir un préservatif qu'elle posa sur le canapé, à côté d'eux. Etre médecin et s'envoyer en l'air sans protection était exclu.
Tout allait si vite, comme un tourbillon qui vous emporte sans que vous ayez pu émettre la moindre résistance. Ce soir-là, la passion était bien plus forte que la raison, et James demeurait incapable de rester sur la réserve. L’excitation le gagnait à chaque fois que son regard croisait celui d’Eva Cortez. Il ne connaissait que trop bien ce sentiment, autant qu’il maîtrisait l’art des plaisirs de la chair. Passé ce constat, il était évident que les prochaines minutes passées en la compagnie de la chirurgienne seraient entièrement dédiées à cela, et il était incapable de résister. En avait-il seulement envie ?
Le binôme infernal regagna donc l’ascenseur avant de retrouver l’appartement de la jeune femme ; qui, malgré la pénombre dans laquelle il baignait, était familier à James, qui avait eu l’occasion de ramener la demoiselle peu après qu’elle se soit foulé la cheville. Cette fois, il n’était plus question de jouer les chevaliers servants ; très vite, et parce qu’ils ne pouvaient lutter contre l’attraction, James et Eva se ruèrent l’un sur l’autre. Le baiser était intense, autant qu’il était sauvage, mais le vampire parvenait encore à se contrôler. Les vêtements — de trop — glissèrent avant de choir élégamment au sol sans plus de cérémonial.
Il n’y avait plus de demi-mesure, le désir était brûlant et assaillait chaque partie du corps de notre Britannique, qui malgré tout, se laissa aller à une première fantaisie en fixant le doux visage d’Eva. Il avait besoin de plonger son regard dans le sien pour d’abord l’observer sous toutes les coutures, mais aussi pour s’assurer que tout cela ne découlait pas d’une hypnose maladroite. Il voulait être sûr qu’elle le désirait vraiment autant qu’il la désirait. Romantique plus qu’il ne l’aurait cru, il préféra ne pas revendiquer la paternité de sa précédente citation. « — Merci à l’auteur anonyme qui vient sûrement d’Angleterre », laissa-t-il échapper avant de reprendre là où ils s’étaient arrêtés. En d’autres termes, les choses sérieuses pouvaient reprendre.
Défaites de ses chaussures, Eva perdait en hauteur, ce qui ne la rendait que plus craquante encore aux yeux de James, qui n’avait de cesse d’être fasciné par la demoiselle et par toutes les découvertes qu’il faisait depuis son retour d’entre les morts. Et voilà qu’à son tour, il souriait de plus belle avant de capturer les lèvres « glossées » et fruitées de la chirurgienne.
« — Sans tout cet attirail, nous aurons à coup sûr moins chaud. » Lovell n’en perdait pas une miette et observait la jeune femme se défaire de son soutien-gorge avant de la voir se ruer sur lui, se collant presque aussitôt à son torse dénudé et lui insufflant, de par la chaleur de son corps, un semblant de vie qui procurait de bien étranges sensations à l’Anglais. Il ne pouvait les nier, ni même les ignorer, autant qu’il demeurait incapable de comprendre ce qui était en train de lui arriver, lui qui n’avait plus ressenti de tels sentiments depuis plus d’un siècle. Alors, pour mieux savourer, il ferma les yeux lorsqu’il sentit les lèvres d’Eva se perdre sur la peau froide de son cou, avant qu’une d’entre elles ne glisse dans son caleçon. « — Wow, que c’est entreprenant. » La surprise parlait et non le déplaisir, car il fallait bien reconnaître que de sentir la main experte de la chirurgienne caresser l’entre-jambes du vampire était tout sauf désagréable.
Alors qu’il savourait cette délicieuse caresse, James découvrit une bien étrange « chose » sur le canapé. De sa main libre, Eva venait de sortir « la chose » du placard. James se doutait bien que cela lui était dédié, et puisqu’il était impensable pour lui de passer pour un gros crétin fini, il se saisit du préservatif. Mais il fallait bien reconnaître qu’ainsi présenté, il était difficile pour le vampire de comprendre de quoi il était question.
« — Je… C’est un peu gênant en fait. » Ses lacunes venaient de reprendre le dessus, et il s’en voulait tellement, autant qu’il se sentait honteux d’être ainsi ignorant. « — Pardon… » bredouilla-t-il, incapable de comprendre pourquoi il s’excusait. « — Je me sens tellement idiot. J’imagine que c’est important pour la suite. Excuse-moi, j’ai sans nul doute mis à mal le désir et l’excitation qui vont de pair. Je suis confus. »
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.Il n’y avait pas à dire, James était très différent de tous les hommes qu’avait pu rencontrer Eva. Mais cette originalité avait la particularité de l’intriguer et de rendre à ses yeux le Britannique encore plus irrésistible que ce que son physique plus qu’avantageux octroyait de base. Ce fut donc sans aucune crainte qu’elle le ramena chez elle. Après tout, ne l’avait-il pas déjà raccompagnée après l’avoir sauvée d’une agression ? La chirurgienne était persuadée de pouvoir faire confiance au Lord les yeux fermés.
A présent tous deux dans son salon, il ne leur restait, à l’un comme l’autre, que peu de vêtements sur le dos. Le désir montait encore et encore. Quasiment nue, Eva se collait au torse sculpté de James, lui qui prétendait avoir chaud alors que sa peau était si froide. L’humaine, de son côté, ne perdait pas une seconde pour aguicher sa « proie » de la soirée, n’ayant de cesse d’embrasser son cou, mordiller le lobe de son oreille avant de glisser sa main dans le seul vêtement qu’il lui restait pour mieux venir titiller sa virilité. Lovell en sembla surpris.
- Pardon… je vais trop vite ? demanda Eva au creux de son oreille, soucieuse.
Elle ne voulait pas non plus le brusquer, elle n’avait aucune idée de ce qu’il avait pu réellement traverser et comme il avait appelé une femme qui lui ressemblait, la chirurgienne ne voulait pas non plus qu’il se sente pressé. Il se passa ensuite une chose assez étonnante pour une personne vivant au XXIème siècle. James parut étonné de voir un préservatif. Il l’avait pris en main et bredouilla un peu. Eva était loin de s’imaginer qu’il n’en avait pour ainsi dire jamais vu et encore moins utilisé. La chirurgienne regarda son futur amant dans les yeux l’air surpris.
- Quoi ? Tu fais une de ces têtes, on dirait que tu as jamais vu une capote, s’amusa-t-elle. Si t’es allergique au latex, no stress, ils sont en polyuréthane, dit-elle d’une voix rassurante.
Elle le lui prit des mains avec douceur avant de laisser échapper un petit rire. - Important pour la suite ? Ouais, j’aurais pas mieux dit. Tu sais de nos jours, on n’est jamais trop prudent.
La belle brune attrapa le coin de l’emballage du bout des dents et tira dessus pour le déchirer, avant d’en sortir le préservatif et d’envoyer le papier vide sur la table basse derrière elle. - Tu veux que je te le mette ? proposa-t-elle en l’aidant à abaisser son caleçon.
La quiétude des lieux était à présent ébranlée par la passion de deux êtres incapables de se résister. Et même s’ils en avaient eu la possibilité, auraient-ils seulement voulu le faire ? Pour James, ces questions n’avaient plus d’importance. Sa seule priorité était de profiter de l’instant présent, désirant Eva depuis leur toute première rencontre. Bien sûr, il ne pouvait ignorer la ressemblance étrange avec un amour perdu, mais cette similitude s’arrêtait là. Contrairement à Rosalyn, la chirurgienne avait un caractère bien plus affirmé, ce qui plaisait énormément à James.
Les vêtements jonchaient à présent le sol, sans que personne ne s’offusque d’avoir si peu de tissu à porter. Pour James, qui ne ressentait plus (ou peu) les changements de température, c’était surtout une excuse pour laisser son regard se perdre sur le corps magnifique de la chirurgienne. Son physique était sculpté à la perfection, démontrant un entretien quotidien assidu. Elle aurait pu prétendre être mannequin et porter les créations des meilleurs créateurs de tout Los Angeles, tels que Sarah Miller. Et que dire de son cou élancé, parfait pour porter les plus beaux bijoux, excepté celui qu’elle portait actuellement, qui rendait toute tentative de télépathie infructueuse ? Un échec qui ne frustrait pas tant le Britannique, puisqu’il avait finalement cessé ses tentatives. Après tout, la demoiselle semblait charmée, alors à quoi bon s’échiner à essayer de lire ses pensées, sinon par fierté ?
Eva était audacieuse, assez pour tenter des choses que jamais encore une « lady » n’avait tentées si vite, malgré l’expérience considérable de James en matière de femmes. Il fut tellement surpris qu’il ne put réprimer sa réaction, obligeant Eva à ralentir, soucieuse des ressentis de son invité d’un soir. « — Il est vrai que je n’ai pas l’habitude de ressentir une telle excitation si rapidement. Mais cela n’est pas désagréable, surtout avec des mains aussi expertes », dit-il en lui adressant un clin d’œil, l’encourageant presque aussitôt à continuer. Mais James, bien que serein, n’était pas au bout de ses surprises ; et, pour une fois, la modernité allait le prendre de court de manière bien étrange.
Les préservatifs avaient certes vu le jour au début des années 1900, mais leur commercialisation à grande échelle s’était faite bien plus tard, trop tard pour que James connaisse l’existence de cette étrange chose qu’il observait à présent. En tant que vampire, il se souciait peu des protections. D’ailleurs, à cette époque, il ne se souciait de rien, sauf de prendre son plaisir, même si cela se faisait au détriment de ses partenaires.
« — Alors je ne crois pas être allergique à quoi que ce soit. » Il hésita l’espace d’un instant. Devait-il vraiment lui dire que c’était la toute première fois qu’il voyait une capote ? Son honnêteté n’allait-elle pas lui jouer des tours et mettre à mal ce délicieux moment ? « — J’aime ton rire en tout cas, même lorsque tu te ris de moi. Mais si c’est important pour la suite, n’attendons pas et soyons prudents. » Il peinait à comprendre en quoi mettre cette chose leur permettait d’être prudent, mais si elle y tenait, soit. Il la laissa se saisir de l’emballage pour le déchirer du bout des dents, ce qui sembla amuser le vampire. « — Eh bien alors, quelle sauvage ! » Il ne la quittait plus du regard, et ce malgré la capote qu’elle tenait entre ses mains à présent.
« — Me mettre quoi ? » Il comprit de quoi il était question en abaissant légèrement le regard, plus encore avec la forme de cette chose finement emballée. «— Eh bien, oui, mets-moi donc cette capote pour que je puisse ensuite te faire bien des choses résolument peu catholiques. » Sans attendre, Eva acheva d’abaisser le caleçon de James qui, une fois paré de son préservatif, se rua sur la chirurgienne pour l’embrasser à pleine bouche, tout en lui retirant le dernier rempart qui la préservait encore d’une nudité totale. Il la souleva ensuite sans difficulté et se dirigea vers le canapé, avant de la déposer avec douceur malgré la passion qui l’animait. Au-dessus d’elle, il s’arrêta quelques secondes pour la contempler avant de lancer sans réfléchir : « — Je me dois d’être honnête avec toi. Ça fait longtemps que je n’ai pas été intime avec quelqu’un. Tu me pardonnes d’avance ? »
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L'ébriété bien présente d'Eva la rendait joyeuse, tout autant que ce qu'elle désirait James. Son mystérieux lord anglais qui n'avait pas fini de la surprendre encore et toujours. Elle eut soudain peur de le brusquer tant il ne ressemblait pas, dans ses réactions, aux autres hommes qu'Eva avait pu connaître. Elle fut néanmoins rassurée face à sa réponse qui la fit rire.
- Experte, carrément ?
Le britannique étonna encore la chirurgienne avec sa réaction face au préservatif qu'elle avait sorti d'un tiroir, mais puisqu'il accepta quand même de le porter, il n'y avait pas à s'en faire. Et puis n'avait-il pas dit à l'instant qu'il aimait son rire ?
- J'oserai jamais me moquer de toi voyons, t'es beaucoup trop sexy pour ça, souffla-t-elle avant de lui voler un baiser.
Parallèlement à cela, elle laissa ses mains qualifiées d'expertes par le charmant Mr Lovell enfiler ce qui devait l'être pour la suite des événements. Aussitôt, James lui rendit un baiser tout aussi sauvage et passionné, la soulevant pour lui retirer sa culotte avant de se retourner pour l'allonger sur le canapé sur lequel ils étaient déjà auparavant. Eva se laissa faire, enjouée. Elle s'apprêtait à lui répondre combien elle était pressée qu'il lui fasse ces choses qu'il décrivait comme peu catholiques avant qu'il ne lui coupe l'herbe sous le pied en reprenant la parole. Elle plongea son regard dans le sien pour l'écouter alors qu'il était au-dessus d'elle. Ce qu'il fit entendre fut encore une fois étonnant. Comment un homme d'un tel charme, d'une telle beauté, pouvait-il prétendre n'avoir plus été intime avec quelqu'un depuis longtemps ? Disait-il cela pour jouer les faux modestes ? Eva n'avait aucunement envie de se poser des questions ce soir, elle voulait juste profiter de l'instant, de cet homme qu'elle désirait, et passer du bon temps avec lui.
- Pourquoi aurais-je à te pardonner quoi que ce soit ? C'est comme ça, c'est pas grave du tout.
Elle lui sourit, l'embrassant à nouveau, avec un peu plus de douceur cette fois, glissant sa main dans son dos tandis qu'elle encerclait sa taille de ses jambes interminables, glissant son autre main le long de son torse dont elle sentit une nouvelle fois les cicatrices sans pour autant les voir. Elle laisserait sa grande curiosité parler avec des questions le moment venum qui n'était certainement pas en ce moment précis. Cette main descendit donc jusqu'à la virilité "habillée" du Britannique afin de l'aider à entrer en elle. Eva se saisit du boiut des dents du lobe de l'oreille gauche de James qu'elle mordilla délicatement avant de laisser échapper un soupir de satisfaction, sentant son membre glisser un peu plus dans son corps.
- Prends-moi, souffla-t-elle avant de l'embrasser à pleine bouche.
Plus rien n'avait d'importance, plus rien ne comptait si ce n'était eux deux, ce soir, dans cet appartement, sur ce canapé.
L’intensité du moment faisait frissonner le vampire, plongé dans un état où il ne répondait plus de rien. Cependant, contrairement à l’humaine présente, il n’avait pas laissé l’ivresse triompher de sa raison. Son regard, plus clair que d’habitude, se fixait intensément sur Eva. Son désir pour elle semblait dépasser toute logique, et il semblait prêt à tout pour la conquérir ce soir, y compris se prêter au jeu de la protection, bien que la chirurgienne ne courait aucun risque. Cependant, malgré sa bonne volonté, l’anglais ne se sentait pas très à l’aise à l’idée d’utiliser le préservatif. Heureusement, la chirurgienne, un tantinet éméchée, prit les choses en main. Malgré la situation inconfortable, James esquissa un léger sourire et gratifia la demoiselle d’un compliment tout aussi léger.
« — Je suppose qu’une personne aussi séduisante que toi échappe à toute moquerie », répondit-il après avoir savouré le doux baiser qu’il venait de voler. Ce moment était agréable, empreint d’une innocence que le vampire n’aurait jamais cru retrouver. Il ne pouvait pas oublier sa nature et sa capacité à percevoir chaque battement de cœur et le flux sanguin, une sensation enivrante qu’il devait ignorer pour que cette nuit reste magique. Il ferma les yeux un instant pour se recentrer, mais il était difficile de se concentrer alors que les mains incroyablement chaudes d’Eva étaient à l’œuvre. Plus habiles que celles de James, elles saisirent rapidement le préservatif et le mirent en place. Une série de mouvements les conduisit jusqu’au canapé, où l’anglais prit l’initiative, dominant la belle Américaine et lui exprimant avec une sincérité désarmante un manque d’intimité avec la gent féminine depuis longtemps.
« — C’est incroyable comme tout paraît simple avec toi. Je me surprends à te confier des choses assez gênantes, comme le simple fait de ne pas avoir… » Il marqua un léger silence, cherchant les mots justes pour exprimer son manque de rencontres charnelles. Leurs lèvres se rencontrèrent à nouveau avec encore plus de douceur cette fois. Le vampire fut envahi par une légère nostalgie et ferma les yeux pour se rappeler la dernière fois où il avait ressenti une telle félicité. La divine chirurgienne enroula ses jambes autour de sa taille, laissant ses mains explorer librement. Un exquis sourire prit alors vie sur le visage de James qui rouvrit les yeux pour les poser sur la belle brune désireuse de concrétiser leur rapprochement en se saisissant de la virilité du vampire pour la guider et ainsi lui faire savoir qu’elle lui était toute dédiée.
James commença à bouger avec sensualité, pendant qu’Éva lui mordillait le lobe de l’oreille. Peu de temps s’écoula avant que les premiers gémissements ne résonnent aux oreilles du Britannique, tandis que les lèvres de la belle demoiselle s’écrasaient à nouveau sur les siennes.
« — Je ferai tout ce que tu souhaites », lui murmura-t-il à l’oreille après s’être écarté de ses lèvres. Sa bouche se déplaça ensuite vers la poitrine d’Eva, tandis qu’il s’enfonçait plus profondément en elle, intensifiant ses mouvements. Ses mains se posèrent sur son bassin, insufflant davantage d’intensité dans leurs mouvements orchestrés pour procurer du plaisir à Éva, qui était allongée sur le dos, dominé par James. Il saisit doucement l’un de ses mamelons de ses dents avant de l’entourer de sa langue, puis fit de même avec l’autre.
Leurs corps s’emboîtaient parfaitement, sans fausse note. Cependant, l’inconfort du canapé les poussa à quitter le salon pour rejoindre la chambre, où ils reprirent sans hésitation là où ils s’étaient arrêtés. Les oreillers furent jetés négligemment, et les corps se retrouvèrent dans une danse sensuelle aux multiples positions. Grâce à son expérience et à une mémoire fidèle, James s’assura de ne pas être brusque, soucieux de montrer du respect. Pour la première fois depuis qu’il était devenu un vampire, il ne considérait pas l’autre personne comme un simple moyen de satisfaire ses pulsions.
« — Fais de moi ce que tu veux ! », murmura-t-il à l’oreille de l’humaine après des minutes qui semblaient s’étirer en heures. Éva était au-dessus de lui, bougeant avec délectation pendant que les mains de James reposaient sur sa poitrine. Ces mains descendirent ensuite le long de ses hanches, faisant en sorte qu’Eva se presse contre le torse bien sculpté du vampire. James en profita pour l’embrasser passionnément, guidant ses derniers mouvements avec les mains posées sur ses fesses.
« — Je dirais que je n’ai pas perdu la main », dit-il avec légèreté alors qu’ils reprenaient leur souffle. La main gauche de l’ancien seigneur sanguinaire se mit à caresser doucement le dos nu de la belle brune, toujours collée contre lui. « — Peut-être un peu prétentieux, non ? »
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C'est un paradoxe cruel de l'existence : trouver la force dans la vulnérabilité et, simultanément, le danger dans l'affection.—
L’instant était exquis, Eva était toute à son impatience de cette étreinte avec James qu’elle avait désiré toute la soirée, descendant les cocktails comme du lait de poule. Malgré sa carrure imposante et fort agréable à regarder, le britannique lui faisait parfois l’effet d’un ourson, avec ses questions presque enfantines ou rhétoriques. La dernière arracha un nouveau petit rire à la chirurgienne.
- Je dirais pas ça, mais disons que pour toi, c’est le cas.
Elle n’avait pu retenir ses lèvres avides des siennes et s’empara de sa bouche à nouveau pour l’embrasser avec fougue. L’américaine voulait le rassurer, lui qui déjà s’inquiétait à cause d’une étonnante – du point de vue d’Eva – chasteté de longue date. Elle n’était pas du genre moqueur et encore moins dans le jugement, à quoi bon l’être ? Elle préférait profiter de l’instant et le coupa dans sa phrase en l’embrassant à nouveau. Ils étaient prêts l’un et l’autre à passer à l’action, la chirurgienne était brûlante de désir. Leurs corps ne tardèrent pas à ne faire plus qu’un, un sentiment de chaleur supplémentaire envahit le corps de la belle brune qui resserra un peu plus l’étreinte de ses jambes autour de la taille de James. Le plaisir montait, s’emparant d’elle tandis que la bouche du bellâtre parcourait sa poitrine, la faisant frissonner de plus belle. Puis, James prit l’initiative de se lever, Eva toujours accrochée à lui, pour aller dans la chambre qu’il trouva sans mal. A présent sur un lit plus confortable, les ébats purent reprendre. James semblait expert tant le moment était délicieux, Eva ne pouvait pas croire qu’il soit resté plusieurs années sans toucher aucune femme tant elle prenait du plaisir dans ses bras. A la fin, elle était sur lui, donnant les derniers coups de rein qui leurs garantirent le dernier orgasme de la soirée, avant qu’essoufflée, la brunette ne lâche la tête de lit en sapin sur laquelle elle prenait appui pour s’allonger délicatement sur son amant. Elle avait l’impression que des illuminations avaient pris vie dans tous son corps pendant ces quelques heures de plaisir. Lui n’avait pas l’air essoufflé. Elle sentit sa main lui caresser le dos tandis que du bout des lèvres, elle embrassait son cou.
- En effet, je suis sure que tu as joué les faux modestes. C’était… waow, génial ! souffla-t-elle. Tu n’es pas prétentieux. J’en ai connu des prétentieux, et ils étaient pas comme toi.
S’appuyant de ses avant-bras sur le torse musclé du lord, elle le regarda dans les yeux malgré la pénombre.
- Je vais prendre une douche. J’hallucine t’as même pas transpiré, c’est fou ! Moi je ressemble à un renne du père Noël après sa tournée du 25 décembre, déclara-t-elle en riant avant de se lever du lit.
Elle se dirigea sans attendre dans la salle de bain avant de lui parler depuis la douche.
- Si t’as faim, tu peux commander à manger. Y a un dépliant sur mon frigo, Clochette-pizza c’est les meilleures !
Eva actionna l’eau chaude qui lui fit le plus grand bien après cette soirée. Une bonne douche, rien de tel. Elle se demanda, tout en se savonnant, si James resterait dormir avec elle. Étonnamment , contrairement aux autres, elles le souhaitait. Cette pensée la surprit elle-même d’ailleurs.
Ô divine et exquise tentation à laquelle il est impossible de résister. À bien des égards, Eva Cortez représentait tout ce que jadis James cherchait à fuir de peur de laisser la faiblesse le ramollir, ou pire de lui permettre de retrouver un semblant d’humanité. Il ne pouvait s’y résoudre, car pour mener à bien la mission qu’il s’était confiée, la compassion était de trop. Mais à présent, des décennies, des siècles plus tard, rien n’avait de sens et encore moins sa quête de vengeance. Il n’existait plus personne liée de près ou de loin à l’assassinat de sa famille. Tout était terminé, pourtant le Britannique n’était en rien comblé et n’avait de cesse de sentir le vide l’envahir depuis son retour d’entre les morts.
L’ivresse aidant, Eva était un peu plus désinhibée qu’à l’accoutumée, mais pas assez pour faire n’importe quoi. Les battements de son cœur à l’inverse de ses pensées (illisible pour James) l’avaient cependant trahi. Cela doublé au fait que le vampire soit incapable d’hypnotiser Eva, rendait les choses plus évidentes encore assez pour se risquer à faire tomber toutes les barrières ce soir. Tout était prompt au trouble à commencer par cette passion dévorante et cette douceur tout aussi déconcertante pour un être qui en était privé depuis si longtemps. Jamais aucun être depuis, ne s’était risqué à capturer les lèvres de James ; il s’y refusait formellement de peur d’instaurer une quelconque intimité. La bouche était la seule partie de son corps qu’il refusait d’offrir, pour ne pas trahir le premier grand amour de sa vie. Mais ne l’avait-il pas déjà trompé à bien des égards ?
Presque aussitôt, il chassa de son esprit ces pensées évanescentes, mais qui le hantait encore. La chaleur d’Eva, de son corps, son parfum fruité, son regard et sa bouche contre la sienne, fit bien des choses, à commencer par lui permettre de ressentir à nouveau toute cette humanité que jamais plus il ne pensait ressentir. C’était agréable, doux et rassurant. Il l’embrassa en retour avec fougue, passion, mais surtout avec amour.
Leurs corps ne firent qu’un à de nombreuses reprises, James tendait l’oreille à chaque respiration d’Eva, il parvenait même à compter le moindre battement de son cœur. La faim ne le tiraillait pas bien au contraire. Et que dire de ce silence ? Aucune voix ne se faisait entendre dans sa tête. Les ténèbres avaient quant à eux emporté l’espace d’un instant les visages de ses victimes. Il ne ressentait plus rien à présent, si ce n’est une grande chaleur et la quiétude malgré les mouvements lascifs et la quête ininterrompue du plaisir ultime.
Il fixait l’extérieur, tout en caressant le dos nu de la chirurgienne qui venait de prendre place sur son torse et qui laissait libre cours à ses lèvres dans son cou. James savait qu’il ne lui restait que très peu de temps avant le lever du jour. Malgré tout, il ne laissait rien paraître et le sourire aux lèvres, il écoutait ce qu’Eva avait à lui dire.
— Et bien, je suis ravi de t’avoir satisfait de la sorte. Mais pour être sûr de ne pas perdre la main, je vais devoir pratiquer à nouveau si tu vois ce que je veux dire. Il s’approcha dangereusement, profitant du fait qu’elle venait de changer de position.
— Effectivement, je ne transpire pas. Cela dit bien qu’imagée, je doute que l’expression que tu viens d’employer corresponde à ce que j’ai sous les yeux. Quoiqu’il arrive, tu es et tu demeureras toujours aussi agréable à regarder. Il lui caressa la joue avant de la voir s’éloigner du lit en riant. Depuis la salle de bain, elle lui adressa quelques paroles. James s’était déjà changé et lorgnait sur le fameux dépliant dans la cuisine. Il trouva un crayon (par chance) et rédigea un petit mot sur la brochure qu’il vint déposer sur le lit.
« La nuit se meurt et je dois m’en aller. N’ait crainte, ce n’était pas juste une histoire d’un soir… James »
Il profita ensuite du temps alloué pour quitter le plus discrètement possible les lieux et s’en alla retrouver sa cachette avant que le jour ne se lève. Ses dernières pensées, avant de sombrer, furent pour Eva qu’il avait hâte de retrouver en espérant ne pas l’avoir offusqué.
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C'est un paradoxe cruel de l'existence : trouver la force dans la vulnérabilité et, simultanément, le danger dans l'affection.—