Les dernières heures que je venais de passer m’avaient semblé interminables. Matthew avait réussi à tout réunir pour effectuer la réincarnation de Rose dans un nouveau corps. Il avait passé des semaines à se préparer et à glaner une bonne quantité d’énergie pour parvenir à se renaissance. J’avais cru en ses promesses et en ce projet jusqu’au bout, tout en gardant au fond de moi une petite partie plus sceptique, au cas où ça ne fonctionnerait pas. Mais cette part de moi avait disparue aujourd’hui.
Il avait fallu trouver une enveloppe charnelle pour cette renaissance. Cela avait été essentiellement à moi de la trouver, et en écoutant les différentes options que Matthew m’avait proposées, je m’étais tourné vers la plus facile et la plus sensée à mon goût. J’avais choisi une personne sur le point de mourir à cause d’une maladie dont elle ne pourrait guérir. Matthew m’avait assuré que la magie pourrait résoudre ce problème. Ainsi, j’avais trouvé le corps d’une jeune femme du même âge que Rose ayant un cancer et sur le point de mourir.
Intérieurement, je me sentais totalement coupable. J’avais eu l’impression de commette un crime et prendre le corps de quelqu’un. Aujourd’hui encore je me sentais mal avec ça, cela me pesait sur la conscience malgré le soutien de Matthew, que de toutes façons on ne pouvait rien pour la jeune femme. Mais dans le même temps, je savais que dans tous les cas, cette personne allait irrémédiablement mourir. C’étaient des sentiments très contradictoires et difficiles à gérer. Heureusement le résultat en valait la chandelle.
Depuis que l'esprit était dans ce nouveau corps, je n'avais pas quitté l’hôpital. Rose s’était furtivement réveillée lorsque l'esprit avait intégré l'enveloppe charnelle, puis avait de nouveau sombré dans le sommeil. Matthew lui était parti, épuisé, satisfait et soulagé. Je déambulais dans les couloirs pour me dégourdir les jambes quelques minutes, mais je restais essentiellement dans sa chambre, guettant le moindre signe de réveil. Je ne regardais plus la pendule ni mon smartphone. Cela faisait déjà plusieurs heures que j’étais là, environ plus de 18 heures. Les médecins passaient de temps en temps pour savoir si je l’avais vu bouger ou s’éveiller. Une infirmière m’avait apporté de quoi grignoter et un plaid dans lequel je m’étais enveloppé en m’endormant aux sons des machines de contrôle qui captaient le cœur et la respiration de Rose.
Il était très tôt dans la matinée quand je me suis réveillé. J’entendais les infirmières de nuit s’en aller et passer les transmissions à celles du jour. J’avais le regard dans le vague, à contempler une nouvelle fois le visage de ma Rose. Et contre toute attente, je vis ses yeux cligner et s’entrouvrir très légèrement. Je bondis alors de mon siège et jeta le plaid par-dessus, puis je m’asseyais sur son lit en prenant sa main dans la mienne.
La mort. C’est quelque chose qui effraie la plupart des personnes. En ce qui me concerne, je n’y avais jamais pensé. J’avais toute la vie devant moi donc je pensais plutôt mourir vieille au fond de mon lit entouré de ma famille. Mais le destin en avait décidé autrement apparemment. Pourtant, cette journée avait tellement bien commencé, nous étions partis faire une randonnée avec mon mari comme nous le faisions souvent. On avait trouvé un endroit sympa où monté notre campement et tout avait basculé. Une attaque qui avait été mortelle pour moi mais pas pour mon mari et heureusement.
Pour tout dire, tout s’est passé très vite. Je ne m’en souviens pas vraiment. C’est comme si mon cerveau avait décidé de tout éteindre à ce moment précis. Un peu comme si j’avais été déconnectée de tout. Mais étrangement, je me sentais bien, c’est un sentiment assez compliqué à expliquer. Oui, je suis loin des personnes que j’aime mais je me sens bien, sereine et en paix. Je ne pensais pas que j’allais être arrachée de cet endroit sans avoir eu le temps de me préparer. Je ne savais pas depuis combien de temps j’étais morte et je n’étais pas prête pour ce qui allait suivre.
Je me sentais tomber dans le vide sans que je ne puisse contrôler quoi que ce soit. Mais que se passait-il? Pourquoi mon repos était-il interrompu aussi violemment? Je me posais tout un tas de questions qui, pour le moment, restaient sans réponse. Et puis, la chute finit par cesser. Je me retrouvais dans quelque chose, mais je n’arrivais pas à définir de quoi il pouvait bien s’agir. Je sentais une odeur d’hôpital? Quoi? Mais comment s’était possible ?? Une voix familière parvint ensuite à mes oreilles. Robin ?? C’était bien lui ?? Comment?
J’ouvrais les yeux et je clignais comme si je découvrais ce mouvement pour la première fois de ma vie. Je sentis sa main dans la mienne et je la serrais doucement. Mais je ne comprenais pas du tout où j’étais et encore moins ce qui était en train de se passer. Je ressentais un très grand sentiment de confusion mélanger à de la panique. « Robin? » Mais? Ce n’était pas ma voix ??? Où j’étais? Que se passait-il ?? Est-ce que je venais d’atterrir en enfer? Si tel était le cas, pourquoi? Je ne suis pas une sainte, mais je n’ai jamais rien fait qui mériterai cette destination. Je le regardais en paniquant intéreireuement.
(c) DΛNDELION
La vie est une succession de changements naturels.
▬ Je ne sais où va mon chemin, mais je marche mieux quand ma main serre la tienne.| ️ Alfred de Musset
Je savais que cela allait être difficile à lui expliquer. Que le plus dur n’était pas ce qui s’était passé, mais d’accepter le présent et l’avenir. Les traits de son visage n’étaient plus les mêmes, son corps, son odeur, tout avait changé. Seul l’esprit de Rose allait perdurer dans ce nouveau corps que ni elle ni moi ne connaissions. Je n’avais pas totalement conscience de toutes les implications que ça allaient lui amener. Je n’imaginais pas que passer d’un mètre soixante et quelques petits centimètres à un mètre soixante dix allait changer ses repères visuels habituels, que passer de taille 24 de jean à la taille 27 allait devoir lui faire changer toute sa garde robe, de changer de grain de peau signifiait apprendre a prendre soin de soi autrement, que changer de nom signifiait être civilement être quelqu’un d’autre… qu’en somme, que ce « corps » avait une vie avant que Rose ne vienne l’incarner.
J’avais bien sûr appréhendé mon choix de faire renaître Rose. Quoiqu’il pouvait lui arriver, elle pouvait compter sur moi. Lorsque j’avais appris qu’elle n’avait pas survécu à l’attaque du loup, j’avais eu le cœur en miette. Ce sentiment n’avait jamais disparu, jamais je n’aurai pu recoller les morceaux.
Aujourd’hui, j’avais regagné tout espoir que tout cela fusse loin derrière moi. Qu’une page allait se tourner. Je n’imaginais pas le nouveau chapitre de ma vie que je m’apprêtais bientôt à écrire.
Lorsque mon épouse se réveilla de son sommeil, je la vis chamboulée. J’ignorais ce qu’elle venait de vivre en intégrant ce nouveau corps. Je tentais de rester le plus calme possible, je devais ne pas paniquer. Elle semblait perdue, et, je devais être son pilier, être sur celui elle pouvait se sentir écoutée et en toute confiance.
« - Oui, c’est bien moi Rose… » lui répondais-je très calmement.
Je gardais sa main dans la mienne et caressais son bras de mon autre main.
« - Je vais tout t’expliquer. Je… je suis tellement heureux de te revoir en vie ma chérie. »
J’avais un sourire nerveux, j’étais aux larmes de la voir vivante. Mais je me contenais, je ne devais pas craquer.
« - Rose, je sais que la situation peut paraître incroyable, mais tu es en sécurité et tout ça est bel et bien réel… »
Quand on perd une personne proche, on passe par trois phases, le déni, la tristesse et l’acceptation. Je ne pensais pas que quand on ressuscitait, on passait exactement par les mêmes étapes. Je ne pouvais pas être en vie, c’était quelque chose d’absolument impossible… Et si la personne qui se trouvait en face de moi n’était pas Robin? Et s’il s’agissait du diable qui me jouait un mauvais tour? Je ne comprenais absolument pas ce qu’il se passait. J’essayais de me redresser dans ce lit mais je n’y arrivais pas. Je me sentais beaucoup trop faible et je constatais que j’étais prise au piège.
« Non…C’est impossible… Je… Ce n’est pas moi… » Je retirai mon bras de son contact. « Je …. Je ne peux pas… » Je ne savais plus du tout où j’en étais, non mais il était impossible que ce soit Robin. J’avais fini par comprendre que j’étais morte mais je ne sais pas vraiment comment l’expliquer. C’était un ressenti et le plus étrange, c’est que je ne me sentais pas triste de laisser les gens que j’aimais derrière moi. Je me sentais sereine, je savais qu’ils allaient bien. Mais là, ce que je ressentais était complètement différent.
Je regardais autour de moi, je ne connaissais pas du tout cet endroit. Mais je compris bien vite que j’étais dans une sorte d’hôpital. Je regardais mes mains et je ne les reconnaissais pas. Ces dernières ressemblaient à des mains de droguées… Elles étaient négligées… Ma respiration se mit à s’accélérer sans que je ne puisse la contrôler, j’avais la sensation que quelque chose était en train de m’oppresser la poitrine. J’étais reliée à une machine qui se mit à faire un bruit étrange quand mon cœur commença à s’accélérer. L’odeur de ma peau était différente et c’était très perturbant.
Je ne pouvais pas croire que ce que Robin me disait était vrai. Enfin, si cet homme était vraiment Robin et non une entité qui avait prit son apparence. J’essayais le plus possible de me souvenir à quoi avait ressemblé ma dernière journée mais c’était vraiment difficile. C’était comme si mon cerveau avait effectué un blocage sur la dernière journée de ma vie. Je me souvenais de la rando, d’un énorme loup, de Robin qui criait mon nom et le trou noir, plus rien du tout à part cette agréable sensation d’apaisement pour mon corps et pour mon âme.
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Mon soulagement et mon bonheur se mélangèrent au sentiment de panique que je lisais dans le regard de mon épouse. Rose était la, elle était vivante devant moi. Elle n’avait pas le même visage, mais c’était totalement occulté par la joie de la retrouver. Dans ma démarche de la faire renaître j’avais beaucoup imaginé à ce que j’éprouverai face à une femme que je ne connaissais pas physiquement, mais dont les souvenirs et l’âme seraient les mêmes qu’avant. Et finalement, qu’elle fusse blonde, rousse, plus grande, plus forte, ou que sais-je, tout cela seraient oubliés une fois réunis. Évidement ce n’était pas une science exacte, le temps nous dira si j’avais raison. Cependant, aujourd’hui j’étais heureux et cette différence n’était plus qu’un détail.
Rose était prise de panique. C’était totalement compréhensible. Les machines commencèrent à s’affoler. J’entendis les médecins qui accoururent dans le couloir voir leur patiente. Dans le même temps, Rose se libéra de ma main. Je garda un semblant de calme, mais ce fut douloureux de la voir tellement angoissée.
« - Rose, ma Rosie, je t’explique tout ça après que le médecin soit passé. »
Je me leva rapidement et me mis à côté du lit. Le médecin observa d’abord sa patiente puis les rapports des machines. Il me demanda qui j’étais, et la seule chose qui me venu était « - je suis de la famille», ce qui n’était pas tout à fait faux si on considérait son mari comme sa famille. Il lui demanda comment elle se sentait, si elle avait mal. Il notait et disait qu’il revenait dans très peu de temps pour des tests et examens.
Je revins m’assoir sur le siège à côté d’elle mais sans la toucher cette fois-ci.
« - Rosie… pour être clair tu es bien toi mais dans un nouveau corps. Je sais, ça parait complément dingue, mais c’est bien vrai. Quand on a été attaqué par le loup dans cette forêt… tu t’en souviens ? Eh bien tu n’avais pas survécu. »
L’émotion me prit en me souvenant de ce jour et tous les autres sans elle a ses côtés, cela montait mais je m’étais promis de ne pas craquer pour nous deux.
« - Ça a été tellement dur sans toi… Et puis, un ami m’a aidé à te faire renaître et te voilà. Rosie, je suis tellement heureux de te voir vivante. Mais… je comprend que tu sois paniquée! Surtout n’ai pas peur de moi, je veux t’aider! »
Je mourrais d’envie de la prendre dans mes bras, mais je ne voulais pas l’effrayer. Son geste de se libérer de moi juste avant montrait qu’elle avait besoin de temps, je lui devais le lui laisser tout le temps qu’il lui fallait.
J’étais en crise de panique et cette dernière alerta le personnel hospitalier. Si j’avais pu, je me serais levée de ce lit et je serai partie en courant le plus rapidement possible. Mais ma condition physique ne me le permettait pas. Robin, ou plutôt, celui qui lui ressemblait vraiment, me disait qu’il allait tout m’expliquer après le passage du médecin. Ce dernier entra dans la pièce avec une infirmière et me posa des questions. Il comprit bien vite que j’étais en train de faire une crise d’angoisse. Il demanda à l’infirmière d’injecter un calmant dans ma perfusion et il sortit.
La jeune infirmière alla chercher l’injection et revint me la faire en me disant que je devais prendre de grande inspiration. Je fermais les yeux et j’essayais de me calmer au mieux. Une fois l’injection faîtes, elle sortit et j’écoutais Robin avec attention. Je me mettais à pleurer sans pouvoir me contrôler. Mais c’était quoi cette histoire? Depuis quand est-il possible de ressusciter des gens? Est-ce que je venais d’atterrir chez les fous? J’étais dans un asile? Finalement, le mieux que je pouvais faire pour comprendre tout ce qui était en train de se passer, c’était de lui poser des questions.
« Je.. » Je me taisais et je fermais les yeux. Parler avec cette voix qui n’était pas la mienne, c’était vraiment très étrange comme sensation. Je prenais une grande inspiration et j’ouvrais les yeux. Le médicament qui se trouvait dans la poche était en train de faire effet. « Dis-moi la vérité, c’est absolument impossible que je sois dans un corps et que je sois en vie. La magie ça n’existe pas. Je ne sais pas qui tu es, tu as l’apparence de mon mari, mais qu’est-ce qui me dit que c’est vraiment toi? Si ça se trouve, tu es le Diable et tu as pris l’apparence de mon mari… » Je ne pouvais pas croire que la magie existait. C’était dans les Contes pour les enfants où pour les petites filles. « Si tu es vraiment mon mari comme tu le prétends, alors dis quelque chose sur moi qu’il est le seul à le savoir… » J’avais vraiment besoin d’une preuve. Et si j’étais dans le corps d’une inconnue, où se trouvait l’âme de cette personne? Est-ce qu’ils l’avaient tuée pour me ramener à la vie? Je me passais une main dans les cheveux, même la texture de ces derniers étaient différente.
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Malgré l’espoir avec laquelle j’étais entré plus tôt dans cette pièce, je commençais à ressentir le doute. Allais-je parvenir à lui faire entendre la vérité? Je me mettais à sa place et je comprenais totalement sa détresse. Mais j’étais là, et j’avais une détermination absolue à ce que la renaissance de Rose se passe le plus paisiblement. Je n’allais pas la laisser sombrer dans la peur, hors de question.
Le médecin était reparti en laissant Rose sous intraveineuse avec un calmant. C’était la première fois que je voyais Rose dans cet état, et la première fois qu’elle avait besoin d’aide médicamenteuse pour se calmer. C’était preuve que tout était hors de son contrôle intérieurement. Je ne pouvais que comprendre, mais lui dire la vérité était pour moi logique. La laisser dans l’incompréhension était stupide à mon sens. Peut être avais je eu tort…
Désemparée, elle me demandait des preuves, quelque chose que moi seul savais sur elle. Il y avait tant de souvenirs que je pouvais citer avec tant d’évidences, il me fallait choisir quelque chose de très significatif pour nous deux. Je baissa mes yeux vers mes mains, je caressai l’un de mes pouces. Puis je pris une douce voix pour raconter le souvenir.
« - Un soir de nouvel an, dans notre appartement. On avait invité tous nos amis à une grande fête comme on savait les faire : quelques ballons et decos brillantes, des bols de confettis prêts à être jetés, du rire et de la musique, quelques accros aussi notamment avec le champagne qui a coulé sur le tapis de ta grand mère. » je marqua en pause en émettant un léger rire. « - et puis l’heure passait, minuit approchait, je t’ai emmené sur notre balcon , on était seuls pendant que les autres commençaient le décompte. Tu avais un peu froid, alors j’ai mis ma veste sur tes épaules, et tu n’as pas vu que j’y avais retiré la petite boîte bleue. J’ai ensuite posé doucement un genou au sol en sortant une bague de fiançailles juste avant la fin du décompte, tu souviens te ce que je t’ai demandé? » je laissais Rose répondre, j’étais persuadé qu’elle se souvenait des mots que j’avais prononcé ce soir la. Puis je répéta juste après elle. « - Rose, veux tu devenir ma femme, celle avec qui je veux partager ma vie dans les meilleurs et pires moments, dans la joie et les tracas…? »
Je releva les yeux à nouveau vers elle. J’étais ému de me remémorer ce souvenir qui n’était finalement pas si lointain. J’espérai que cela l’avait touché autant que moi.
« - Je peux te raconter autant de fois notre histoire qu’il sera nécessaire pour que tu me crois Rosie. Et ce que je viens de te dire sur ta renaissance, ça fait parti de ton histoire maintenant. De la notre… Je sais qu’il va te falloir du temps pour que tu assimiles ce qu’il s’est passé, mais je suis prêt à attendre. Je suis là pour toi. Et si Satan se pointe, je le fiche dehors, compte sur moi!» lançais je avec un petit sourire.
La troisième phase du deuil, c’est l’acceptation et ce n’est vraiment pas la plus facile. Je voulais une preuve que l’homme qui se trouvait en face de moi était bel et bien mon mari. Je regardais ses traits et je ressentais quelque chose de familier. Pour le moment, je ne disais rien. J’attendais qu’il me parle. D’ailleurs, je ne connaissais pas la personne dans laquelle je me trouvais. Est-ce que Robin, si c’était lui, la trouvait belle? Je ne savais même pas à quoi elle ressemblait. Enfin, je ressemblais… Car je me doutais que ce dernier n’avait peut-être pas eu l’embarras du choix.
J’écoutais ensuite l’histoire de notre souvenir avec une attention particulière. Il choisit sa demande en mariage. Je souriais en y repensant, je revoyais la soirée et ce que j’avais ressenti ce fameux soir. Il me demandait si je souvenais de sa demande. Oh que oui… Je me souvenais même parfaitement de quels vêtements il portait ce fameux soir. « Oui, tu m’as dit : Rose, veux-tu devenir ma femme, celle avec qui je veux partager ma vie dans les meilleurs et pires moments, dans la joie et les tracas? » Une larme coula sur ma joue. Je ne reconnaissais pas ma voix et j’avais du mal à m’y habituer.
Je riais tout en séchant mes larmes. « Satan n’a qu’à bien se tenir alors. Je suis désolée de ne pas t’avoir cru Robin. Mais cette histoire est complètement dingue… Et qui est cette fille? Enfin moi… Je ne sais pas à quoi elle ressemble, pourquoi elle est morte, si elle est à ton goût ou non… » Bon d’accord, je mettais un peu lâchée avec toutes mes questions. Mais je me sentais en besoin de le faire et que Robin me donne toutes ces explications. Je voulais aussi sortir d’ici.
D’ailleurs est-ce qu’il avait tué cette fille? Non, je ne pouvais pas croire un truc pareil. Mon mari ne tuait même pas les araignées, alors les être humains, ce serait un comble… « Je suis ici depuis combien de temps? » Encore une question. Il fallait vraiment que je me taise et que je lui laisse le temps de répondre. Je prenais une mèche de mes cheveux et je commençais à jouer avec. Je faisais toujours ça quand je me sentais dans une situation de stress. Je pensais que les morts ne revivaient que dans les films ou les histoires.
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Seigneur, cette femme était si forte, ma Rosie... Elle vivait en cet instant une renaissance, quelque chose de fou. C’était un miracle pour moi tandis que pour elle cela ressemblait à de la sorcellerie. Nous avions pour le moment chacun notre vision de ce que nous étions en train de vivre. Mais j’étais loin d’imaginer toutes ses émotions, quand bien même j’étais en train d’essayer de le faire. Je voulais seulement l’accueillir le plus en douceur possible, comme une mère avec son nouveau né. Elle prenait tout ça de plein fouet.
Malgré les doutes et la peur, je voyais que remémorer ma demande en mariage l’avait rassurée. J’en souriais avec les yeux humides. C’était un bon pas en avant très encourageant et je n’allais pas m’arrêter en si bon chemin. Cependant, avant de poursuivre ce petit exercice, il fallait répondre aux questions de Rose. Et la première était évidente, à quoi ressemblait elle ?
« - Humm, attend… »
Je regardais dans tous les coins de la pièce et cherchais un miroir. Mais je n’en trouvais aucun. Je pris alors mon smartphone et le mis en mode photo selfie. Je le tendis lentement à Rose.
« - Tu veux te voir ? »
Je m’attendais à toutes les réactions possibles de sa part : la surprise, le dégoût, la joie…
« - Quoique tu penses, je trouve ton nouveau toi très beau. Tu as un chien d’enfer. » disais-je sur le ton de l’humour. « - Pour répondre aux autres questions, la jeune femme avait un cancer et avait été plongée dans un coma après avoir pris une dose de médicaments complètement hallucinante. Ensuite, grâce à mon ami qui m’a aidé à te faire renaître, le corps a guéri et n’est plus malade. Et surtout, il a réussi à mettre ton esprit dans ce corps… »
Je m’étais rassis sur le siège près de son lit. J’évitais toujours le contact physique, à contre coeur, afin de ne pas lui faire peur.
« - Eh bien ton corps est là depuis quelques semaines de ce que j’ai compris sur le dossier. Mais nous avons déposé ton esprit à l’intérieur depuis quelques heures seulement. »
Je vis ensuite qu’elle se tortillait les cheveux, c’était signe que quelque chose n’allait pas. Rose faisait toujours ça quand quelque chose la travaillait.
« - Dis moi ce qu’il te tracasse. Tu peux tout me demander ! »
Plus les minutes passaient, plus j’arrivais à reprendre doucement le dessus sur la situation. Bon, il était clair que j’allais encore avoir du chemin à faire mais pour le moment, ça se passait bien. La voix de Robin me calmait et je me sentais vraiment apaisée depuis que j’avais compris que c’était vraiment mon mari qui se trouvait en face de moi. Je pris une profonde inspiration car il fallait que je me calme sur toutes les questions que j’étais en train de lui poser. Il fallait que je lui laisse le temps d’y répondre. Je vis qu’il regardait partout autour de lui et je compris qu’il cherchait un miroir pour que je puisse me voir.
Je regardais sa main dans laquelle se trouvait son téléphone portable et je levais mon regard vers lui en secouant négativement la tête. « Non… Je ne me sens pas prête pour ça… » Au fond de moi, je craignais que l’on ne soit plus jamais mari et femme mais juste des amis. Après tout, ce n’était plus moi… Et puis comment allait réagir notre entourage? Oh mon Dieu… Dans quel état devait se trouver mes pauvres parents. Je ne pourrai jamais leur dire.
J’haussais un sourcil tout en esquissant un petit sourire. « Un chien d’enfer? » J’écoutais l’histoire de cette fille. « Oh mon Dieu… Un ami? Robin, est-ce la vérité? Car si tu as fait un pacte ça va avoir des répercutions… » Il me connaissait par cœur, il savait que quand je faisais ce geste, j’étais stressée. « Je ne reverrais jamais mes parents pas vrais? Et notre relation ça va être quoi à présent? Va-t-on redevenir mari et femme? Car tu as le droit de ne pas trouver ce nouveau corps attirant… » Je ne savais même pas si j’allais réussir à l’accepter d’ailleurs.
Je sentis les larmes monter mais je faisais tout mon possible pour ne pas pleurer. Je ne supporterai pas d’être juste amie avec lui mais je ne pouvais pas lui forcer la main. Il allait peut-être avoir besoin de temps tout comme moi et ce serait tout à fait légitime. Au moins, j’étais toujours moi, seul mon apparence était différente et j’avais vraiment peur de la découvrir. Et si je me trouvais moche? Si je n’arrivais pas à m’accepter il se passerait quoi en finalité? Seul le temps me le dira de toute façon. Comme on dit, qui vivra verra.
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Le temps. Il allait être notre allié et notre pire ennemi à la fois. Je voulais que les minutes passent lentement pour pouvoir me réjouir de la renaissance de Rose. Je voulais prendre le temps de lui parler, tout lui raconter, la consoler, la voir sourire, la rassurer, de nous remémorer des souvenirs communs. Néanmoins, je voulais aussi à contrario être enfin chez nous, ensemble, ayant tous les deux repris notre vie de couple.
Je savais que le chemin allait être long et semé d’embûches. Rien que le côté professionnel. Rose était une gynécologue. Avec sa nouvelle identité, il allait falloir trouver un moyen pour qu’elle puisse de nouveau exercer. Et puis ses relations. Chose dont elle s’inquiétait dans l’immédiat, ce que je comprenais parfaitement. Elle s’inquiétait également pour mon moi et de la manière dont je m’y étais pris pour la refaire revivre. Non pas que je n’étais pas inquiet, mais c’était un mal pour bien.
« - Je t’assure que c’est un ami. Je n’ai pas fais de pacte avec Satan ou un secte bizarre. Je peux t’expliquer comment on a procédé dans les détails pour qu’on ai réussi à te faire revivre, mais c’est à t’en donner mal au crâne. Il va falloir d’abord accepter de t’ouvrir à un nouveau monde, à quelque chose qui peut d’abord t’échapper quand je t’expliquerai.»
Je la regardais avec un doux sourire. J’avais confiance en nous. Nous allions y arriver, à nous parler sans nous prendre chacun pour des fous.
« - Tu sais, avec nos voyages au bout du monde, on pu voir plusieurs tribus célébrer des divinités qu’on ne connaissait pas. Mon esprit s’est ouvert à la beauté des multiples richesses que cache ce monde lors de nos voyages. Je pense que chacun de nous sommes devenus sensibles à ça grâce à ce qu’on a vu. Et au final, croire en quelque chose de nouveau m’a permis de te retrouver. Mais comme je te dis, l’histoire va te donner des maux de tête. Le plus important à savoir c’est que personne n’a été tué pour en arriver là. Et surtout, je ne suis pas devenu le docteur Victor Frankenstein, loin de là heureusement! » finissais je en plaisantant.
Rose avait peur de son apparence. C’était tout à fait naturel à mon sens. Changer de corps n’était pas rien ! Je rangeai mon téléphone dans ma poche, la découverte serait pour plus tard. Il lui fallait sans doute une approche plus subtile.
« - Bien sur ! Aye ! Tu es très jolie ma Rosie! Tu… tu es tellement belle. Ton visage ne change rien pour moi. Tu es et sera mon épouse pour toujours. D’ailleurs regarde… » je lui montrai mon alliance à mon doigt. « - Je ne l’ai pas enlevée. Après ta mort je n’ai pas pu me résoudre à le faire. Et aujourd’hui, si tu savais comme je suis heureux que tu sois là! Blonde, rousse, brune, petite, gigantesque, ronde ou menue, je m’en fou ! Ce n’est pas ça qui compte pour moi. Je t’aime, je t’aime tellement. »
J’avais tellement envie de caresser ne serait ce que ses mains. Mais j’avais remarqué à son regard tout à l’heure qu’elle avait du mal avec l’apparence de ses mains, la première partie de son nouveau corps qu’elle avait pu voir. Toujours dans l’optique de ne pas la brusquer, je ne la toucherai pas tant qu’elle ne se sentait prête.
« - Pour tes parents, étant donné que je les vois toujours, même depuis ta mort, je pense que tu vas pouvoir les revoir. Ce ne sera pas comme avant mais je pense qu’on peut y arriver… »
Robin m’assurait qu’il ne s’était pas mis en danger en faisant affaire avec cet homme. Il disait même que ce dernier était un ami. Je ne savais pas depuis combien de temps j’avais été absente ni à quel point Robin avait élargit son cercle d’ami. « Avec ce que je suis en train de vivre, je pense qu’ouvrir mon esprit à un nouveau monde, ne va pas être si compliqué que ça… Mais le jour de l’attaque comment tu as survécu? » Car nous n’avions pas d’armes sur nous donc il avait vraiment eu beaucoup de chances d’être encore en vie.
Je lui rendais son sourire. Il me parlait ensuite des différents voyages que nous avions fait ensemble. « Oui, ces voyages étaient tellement incroyables. Ce sont de merveilleux souvenirs. Croire en quelque chose de nouveau je veux bien, mais croire en quelque chose d’impossible, c’est déjà plus compliqué. On parle de ramener une personne à la vie Robin, ça va à l’encontre de la nature, de la science… Non en effet, c’est vrai que c’est le plus important. » Je riais à sa dernière phrase. « C’est vrai que le contexte s’y prêtait plutôt bien quand on y pense. »
Mon mari venait de me faire la plus belle des déclarations. Lorsque ce dernier me montra son alliance, je passais mes doigts autour de mon annulaire. Ce dernier était nu. « Je sais… Enfin non, je n’en sais rien… Mais si tu le dis, je te crois. Je sais que tu dis la vérité et non ce que je veux entendre… Toi tu t’en fou mais pas moi Robin… Si je suis moche ou si je me trouve moche, la période d’acceptation va être longue… D’ailleurs où se trouve mon alliance? Je t’aime aussi Robin, même si la mort nous a séparée. »
Une larme coula sur ma joue. J’étais très fusionnel avec mes parents. Je n’avais pas de frère ni de sœur. « Je ne suis pas d’accord… Après tout, si toi tu sais tout ce qui m’est arrivé, pourquoi mes parents ne pourraient pas le savoir? Je n’arriverai jamais à faire genre je ne les connais pas. On parle de mes parents Robin… » Ça, ce ne serait pas négociable, j’avais besoin de mes parents dans ma vie, d’appeler ma mère quand je doutais de quelque chose ou que ça n’allait pas. C’était notre rituel depuis que j’avais quitté la maison.
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Notre discussion était très intense. Je m’y étais attendu, j’essayais coute que coute d’être le plus clair et le plus transparent avec Rose. J’étais à son écoute et gardais la tête froide au maximum. Elle me connaissait, elle savait que je n’inventais rien et que le mensonge ne faisait pas parti de moi.
Rose avait tant de choses à exprimer, et je lui avais promis de lui répondre à toutes ces questions sans détours. Toutefois, arrivait la question de comment avais-je survécu. Je n’étais pas convaincu que lui dire de but en blanc que j’étais devenu la même bête qui nous avait attaquée était une bonne idée dans l’immédiat. J’avais la ferme intention de le lui révéler, mais pour aujourd’hui j’estimais qu’elle avait déjà eu son lot de bouleversements.
« - Eh bien, je ne me souviens pas vraiment. Je me suis réveillé quelques jours plus tard après l’attaque, bandé et pansé, perfusé de morphine. Pourquoi la bête m’a laissé en vie, je l’ignore, à moins qu’elle aie cru que je ne l’étais sur le moment. »
Je ne savais toujours pas si j’aurais préféré rejoindre le monde des morts avec Rose ou bien d’avoir eu « cette chance » d’être en vie. Est ce que nous aurions eu la paix éternelle ensemble, c’est une vaste question. Et croire en l’existence d’un autre monde était tout aussi improbable tant que nous n’avions pas été initié. Cela avait été mon cas quand je m’étais découvert lycan. Mais Rose avait raison, nous parlions là de ramener une personne à la vie…
« - C’est sûr que ce n’est pas commun, je te l’accorde... Moi même j’ai presque besoin qu’on me pince pour me dire que tout ça est réel. »
Je n’avais pas grand chose à ajouter sur le sujet. J’étais moi même dépassé. C’était Matthew qui avait quasiment tout gérer. Si Rose avait d’autres questions plus pointues j’allais devoir lui demander directement. Rose en venait à s’interroger à son physique. Ce dernier n’était pas absolument déplaisant comme elle le craignait, mais fallait-il qu’elle se rencontre elle même pour s’en rende compte.
« - Je ne suis peut être pas objectif, mais je ne cherche pas à te mentir. Ton nouveau visage n’est absolument pas déplaisant à regarder. Tes traits sont moins fins mais ils ont une certaine douceur très féminin. Ta mâchoire par exemple, elle est plus large qu’avant et ronde, mais en harmonie avec tout ton visage. C’est vrai que tu es différente physiquement, mais ton cœur est resté le même, c’est le plus important pour moi. Et concernant ton alliance… elle est dans la tombe dans laquelle tu était enterrée…»
Je me sentais idiot en prononçant cette dernière phrase. Mais ça m’avait semblé normal de l’enterrer avec elle. Jamais je n’avais imaginer en avoir besoin plus tard. Je me leva chercher un mouchoir pour ma Rosie. Quelques larmes coulaient sur son visage en pensant à ses parents.
« - Leur dire qui tu es n’est peut être pas une bonne idée. Je ne suis pas certain qu’il faille leur révéler que tu es revenue de parmi les morts… ça risque de leur créer un choc et de leur faire plus peur qu’autre chose. »
Je ne m’y connaissais pas encore très bien en surnaturel. Mais une chose que mon alpha m’avait appris était qu’il fallait éviter de dévoiler que les surnaturels existaient et vivaient parmi les humains.
« - Étant donné qu’ils n’ont pas d’autre enfant que toi, et que j’étais leur seul gendre, on se voit encore beaucoup. Tu vas les voir Rose, ne t’inquiète pas… Maintenant, révéler qui tu es tout de suite, je pense que nous devons y réfléchir. »
« Tu es vraiment un miraculé sur ce coup. » Robin avait vraiment eu de la chance de survivre à une telle attaque. Enfin, si on pouvait dire, car me voir morte a vraiment dû être quelque chose de traumatisant. A sa place, je serai très probablement dans un hôpital psychiatrique. Je sais que je n’aurai jamais réussi à passer par-dessus une telle épreuve. En ce qui me concernait, je ne voulais plus lui poser des questions sur ma résurrection. Je ne me sentais pas encore prête. Je considérais que j’avais bien assez de choses comme ça à encaisser pour le moment en tout cas.
Je pris la nouvelle que Robin m’annonça comme un coup de couteau dans mon cœur. Il m’avait enterrée avec mon alliance. Je pensais qu’il l’aurait gardé avec lui. Enfin, c’est ce que j’aurais fait si je l’avais perdu. J’aurai une partie de lui toujours avec moi comme ça. « Si je te plais toujours, c’est le plus important. Oh… Je vois. » On abordait ensuite le sujet de mes parents et je prenais le mouchoir que me tendait mon mari. « Merci. » Je séchais les larmes qui étaient en train de couler sur mes joues.
« Oui c’est vrai mais je serai incapable de les voir… Je risque de dire ou de faire quelque chose qu’ils risquent de trouver déplacer… Ce n’est donc pas une bonne idée…. Et comment ils vont réagir si tu leur dis que tu as déjà trouver une autre femme avec qui refaire ta vie? Tu ne penses pas qu’ils risquent de trouver ça un peu rapide? » Je savais que Robin avait raison. Cette histoire était complètement dingue. Mes parents me prendraient pour une folle mais je pourrai leur dire des souvenirs d’enfance que j’étais la seule à connaître.
« Oui, j’imagine très bien… Et c’est une bonne chose… Ils n’ont plus que toi à présent… Je comprends quand tu dis qu’on ne doit pas leur dire tout de suite. Mais je veux te faire comprendre que je ne pourrais pas rester sans rien leur dire Robin… Ce sont mes parents et je suis leur fille unique… Ils ont le droit de savoir que je suis revenue grâce à toi et que je vais bien… Est-ce que tu sais quand je vais sortir de cet endroit? Car en ce qui me concerne, je ne vais pas tenir le coup encore longtemps. »
(c) DΛNDELION
La vie est une succession de changements naturels.
▬ Je ne sais où va mon chemin, mais je marche mieux quand ma main serre la tienne.| ️ Alfred de Musset
Miraculé… étais je réellement miraculé ? Ou bien plutôt maudit à vie ? Bien sûr, Rose ignorait évidemment tout. Je ne lui en voulais pas. Mais au plus profond de moi je ne me voyais pas comme un miraculé. Je maudissais ma nouvelle nature, la douleur, la transformation, l’envie de chasser … je me détestais sous ma forme de loup. Et désormais, j’étais terrifié de sa future réaction lorsque je devrais lui révéler la vérité.
Je voulais repousser le moment le plus longtemps possible, mais ma raison me disait qu’il valait mieux le faire au plus tôt. Dans tous les cas, je devais réfléchir à comment lui annoncer ma nature de lycan. J’avais si peur de la perdre, qu’elle ait peur de moi au point de me quitter. Mon dieu, j’espérai que cela ne se passerait pas comme ça…
« - Miraculé… La vie sans toi n’était pas douce. Mais oui, j’ai eu de la chance dans mon malheur. »
Je lui souriais. Je voyais sa peine et ses inquiétudes vis à vis de ses parents. C’était normal que cela lui tienne tant à cœur, elle était si proche d’eux, et elle était leur fille chérie.
« - La situation est compliquée, et même plus que ça. C’est clair qu’ils vont trouver ça rapide que je me remette avec une nouvelle femme en si peu de temps, mais si c’est la solution pour t’intégrer, il faut y réfléchir? J’ai tendance à croire comme toi, qu’il faudrait leur dire toute l’histoire, mais au fond de moi je ne suis pas certain que leur annoncer que ton esprit est revenu des limbes et a atterri dans le corps d’une autre femme soit la meilleure idee. J’ai peur qu’ils se braquent. Imagine leur réaction… »
J’avais beaucoup d’empathie pour Rose au sujet de ses parents. La situation était délicate. Il fallait trouver la meilleure approche sans qu’ils nous prennent pour des fous.
« - Humm, non je l’ignore quand tu vas sortir. Mais tu es en bonne santé, il n’y a pas de raison de te garder. Je vais aller voir le médecin. Je reviens tout de suite. »
Je sortais de la pièce et croisa directement le médecin. Il m’expliquait qu’il avait quelques examens sanguins de contrôles et tests à faire à Rose et elle serait libre. Je pris la liberté de prendre des barres chocolatées pour nous deux avant de revenir dans la chambre.
« - Toc toc ! Bonne nouvelle Rosie, j’ai trouvé des kinder bueno ! Autrement, le médecin prépare ses tests à te faire faire, la vue, l’audition , enfin les tests classiques qu’on fait à des personnes qui se réveillent d’un coma. Et quelques examens sanguins. Ensuite on est libre de partir. Tu auras peut être un suivi ensuite mais il t’expliquera ça plus en détails… Tu te sens de marcher ou ton corps est trop faible ? Je ne sais pas si la période de coma a altérer la forme physique de ton corps… comment tu le sens ? Sinon je te porte tel un prince charmant ! »