Je n’avais pas revu Eva depuis ma transformation. Ce n’est pas que je ne voulais pas, mais je ne pouvais pas. Je devais me maîtriser afin d’éviter de lui sauter à la gorge. Clayton m’avait emmené en plein désert afin de m’apprendre à me contrôler. Au moins, au milieu de nul part, je ne pourrais pas faire le moindre dégât. Clayton trouvait que j’apprenais relativement vite. Ca m’avait prit plusieurs mois, mais à présent, j’étais prête à reprendre mon travail. Bien évidemment, j’avais dû demander de ne travailler que la nuit. Je ne pourrais plus jamais me promener au soleil.

J’avais quand même gardé un peu le contact avec Eva, mais pas au début. Elle m’avait envoyé des tonnes de messages et elle avait essayé de m’appelé un bon million de fois. Mais bien évidemment, ses appels avaient été laissé sans réponse. Sur le chemin du retour, je n’avais pas cessée de me demander ce que j’allais lui dire. J’avais une idée, j’allais joué sur mon agression. Bien évidemment, sans lui parler de ma transformation. Je n’avais rien le droit de lui dire sur ce sujet. J’allais devoir mentir à l’une des personnes que j’aimais le plus dans ma vie.

J’arrivais devant l’hôpital. J’étais en tenue d’ambulancière avec mon sac prête à travailler. Mes collègues semblaient heureux de me revoir et ils ne me posèrent pas de question. Je savais qu’Eva allait prendre sa pause café. En général, elle la prenait toujours à la même heure. Du moins, quand elle pouvait la prendre. J’étais donc passée lui chercher son café préféré. J’avais remplis mon gobelet de sang synthétique. Heureusement, les gobelets n’étaient pas transparent et je savais qu’Eva ne s’amuserait pas à me piquer le mien. Elle trouvait toujours que je le sucrais trop. Donc tant mieux, je me voyais mal l’hypnotiser.

Je l’attendais donc sagement sur le banc où elle se posait tout le temps. J’avais aussi prit la peine de lui envoyer un sms. Comme ça, elle saurait que je me trouvais là. Pour tout dire, j’avais vraiment hâte de la voir. J’allais juste devoir faire attention de ne pas la serrer trop fort dans mes bras au risque de lui casser quelque chose. Je la sentis arriver de loin et un sourire se dessina sur mes lèvres. Comme quoi, être vampire avait des avantages. Enfin, sauf le régime alimentaire. J’allais aussi devoir trouver des excuses pour ça.  

HARLEY-

Leticia avait disparu depuis des mois. J'étais extrêmement inquiète pour ma meilleure amie, car cela ne lui ressemblait pas. D'habitude, nous nous disons tout, et même après avoir passé une journée de congé ensemble, une fois rentrées respectivement chez nous, nous trouvions le moyen de nous appeler et d'avoir des choses à nous dire. Là, depuis son départ furtif et inexpliqué, Leti ne répondait à aucun de mes appels, et à peine à quelques SMS. À peu près un sur dix voyait une réponse. J'étais véritablement désespérée, j'en venais à me demander si j'avais fait quelque chose de mal pour que ma meilleure amie, poussée par une raison que j'ignorais à quitter son travail et la ville, ne me dise rien de ses histoires.
Mais fort heureusement, ou pas, j'avais eu d'autres chats à fouetter et il m'arrivait de penser à autre chose que l'horrible amie que je devais être pour avoir été ainsi jetée de son cercle. Notamment ma relation avec James. Tout était si bizarre. J'étais littéralement accro à cet homme, mais quelque chose me paraissait bizarre. Était-ce parce que j'avais cette désagréable impression de tomber amoureuse de nouveau, alors que je m'étais jurée de ne plus me laisser prendre à ce piège stupide après ma dernière rupture ? J'aurais tant voulu parler de tout cela à Leti.

Et ce jour-là, une sorte de miracle se produisit. Je sentais que ce serait une bonne journée car mon premier patient, qui aurait dû mourir sur la table d'opération vu la gravité de ses blessures, allait s'en tirer. Et sortant du nloc6, après m'être débarrassée de mes blouse et gants, j'avais constaté un message de ma meilleure amie. Mon cœur s'était serré en voyant son nom affiché sur l'écran de mon téléphone. Je m'étais empressée d'ouvrir son texto, et là, bouche bée, j'avais dû relire trois fois le message. Elle était là et m'attendait pour notre pause café.

Ni une ni deux, je m'étais précipitée dans les couloirs de l'hôpital en direction de la sortie. Il faisait déjà nuit dehors, rien de bien surprenant vu l'heure de mes gardes ces temps-ci, mais il n'était jamais trop tard pour un café quand on en avait pour douze heures.
Et là, arrivée à notre banc habituel de la pause, je la vis.

- Leti, soufflai-je.

Je me précipitai sur elle, lui laissant à peine le temps de se lever, pour la serrer fort dans mes bras. Elle était vêtue de sa tenue d'ambulancière, donc prête à reprendre du service.

- Nom de dieu, c'est quoi ce bordel, j'ai eu la peur de ma vie ! T'étais passée où ? Je me suis inquiétée comme une dingue ! Refais plus jamais ça !

J'avais un milliard de questions au moins. Je finis par la lâcher pour venir m'asseoir à côté d'elle.

- Oh du café, merci.

 

HARLEY-

J’étais perdue dans mes pensées, tout un tas de questions tournaient dans ma tête. Eva allait-elle venir ? Allait-elle m’en vouloir longtemps ? Sa voix me sortit de toutes mes interrogations et elle se jeta sur moi. Je fermais les yeux en souriant et je lui caressais le dos de ma main libre en fermant les yeux. Comme ça faisait du bien de la retrouver ! Elle finit par me lâcher et je m’asseyais sur le banc. Eva en fit autant. Elle commença par me gronder en me posant tout un tas de questions, c’était purement justifier d’ailleurs. Je me mordis la lèvre.

« Je sais, je te demande pardon… J’ai vécu quelque chose de grave et ce n’est pas vraiment le genre de truc que tu as envie de dire au téléphone et encore moins par message. » Eva prit le café que j’avais prit exprès pour elle. « Mais je t’en prie. » Je bus une gorgée du mien. Je ne savais pas vraiment par où commencer. Est-ce que je devais tout lui déballer d’un coup ? Enfin, sans lui dire que j’étais devenue une vampire bien évidemment, car je n’avais malheureusement pas le droit d’en parler.

« Je vais te dire ce qu’il s’est passé… Je suis sortie en boîte de nuit un soir. J’étais toute seule. Tu travaillais et la plupart de mes amies n’étaient soit pas disponible, soit pas motivées à se joindre à moi. Je m’y suis donc rendue car c’était gratuit pour les filles. Un mec trop beau m’a rapidement approché et on a commencé à s’embrasser. La base tu vois… Il m’a prit à l’écart et je ne sais pas s’il a mit quelque chose dans mon verre ou non mais c’est le trou noir… Il a clairement abusé de moi.. »

Je prenais quelques minutes avant de continuer mon récit. « Un homme était au dessus de moi, il m’a prit en charge, il s’est vraiment bien occupé de moi. J’étais complètement traumatisée par ce qu’il venait de se passer. J’avais besoin de temps pour me remettre de tout ça. Je suis vraiment désolée si je t’ai fait peur et si je ne t’ai pas donné de nouvelle. Je ne voulais pas te mettre à l’écart mais je crois que j’avais besoin de temps pour moi. Clayton a veillé sur moi et il m’a aidé à passer par dessus tout ça. Ne m’en veut pas de ne pas t’avoir appelé... »

HARLEY-

Je n'en revenais pas, elle était belle et bien là, enfin ! Leticia était en face de moi, en un seul morceau, et elle avait même pris un café pour moi, comme au bon vieux temps, comme si elle n'avait pas disparu pendant plusieurs mois au cours desquels j'étais morte d'inquiétude.
Je m'assis à côté d'elle après lui avoir fait un câlin. Comme ce contact avec ma meilleure amie m'avait manqué ! ELLE m'avait manqué. J'avais tant à lui dire moi aussi, mais avant tout, je voulais savoir ce qui s'était passé, alors, je l'écoutai religieusement. Et en entendant son histoire, les bras m'en tombaient ! Mon coeur se serrait de plus en plus, et je sentis les larmes me monter aux yeux. Comment avait-elle pu traverser tout cela sans que je le sache, sans que je ne sois là pour elle ?

- Oh mon dieu Leti...

Je posai mon café sur l'accoudoir du banc pour la prendre de nouveau dans mes bras.

- Comment c'est possible... comment ça se peut que j'aie pas compris ça... Oh mon dieu... répétai-je, abasourdie par la nouvelle. Je m'en veux, j'aurais dû comprendre... Excuse-moi. Bien sûr que non, je ne t'en veux pas, comment le pourrais-je ?

Mais heureusement, quelqu'un avait été là pour elle, un type dénommé Clayton. JMais entendu parler, mais j'étais extrêmement reconnaissante envers cet homme d'avoir pris soin de ma meilleure amie, celle qui était comme une soeur pour moi qui avais toujours été fille unique.

- Il faut que tu me présentes ce Clayton, que je le remercie. Et toi, aujourd'hui ça va ? Est-ce que ton agresseur a été arrêté ?

Je voulais absolument que justice soit faite. Je n'avais pas pu l'avoir pour mes parents assassinés, mais il était hors de question que Leticia vive dans la crainte que son agresseur recroise sa route un jour. Il fallait qu'il soit arrêté. Cela faisait plusieurs mois, j'ignorais si elle avait pris des mesures ou non. En tout cas, elle avait visiblement repris le travail, elle allait donc mieux et cela me rassurait.

- Tu termines à quelle heure ? Tu veux qu'on se retrouve après nos gardes ?

Nous avions tant de temps à rattraper. Si elle le voulait, bien entendu.



 

HARLEY-

Eva ne m’en voulait pas du tout et un grand sentiment de soulagement passa à travers moi à ce moment précis. Elle me prit dans ses bras et je la laissais faire. Je fermais les yeux en prenant soin de ne pas la serrer trop fort. Je pouvais entendre son coeur battre et son sang… Non, non, non, je devais me calmer et me contrôler comme Clayton me l’avait apprit. Je ne voulais pas lui faire de mal, je ne me le pardonnerai jamais. Je reculais pour lui faire face, un petit sourire sur le coin de mes lèvres. « Tu n’as pas à t’en vouloir. Je ne t’ai rien dit, je ne t’ai pas fait le moindre sous entendu. Comment est-ce que tu voulais comprendre ? »

Je lui prenais les mains. « Tu n’as pas à t’n vouloir arrête s’il te plaît. Maintenant c’est passé et je vais mieux. Je suis en train de reprendre ma vie en main. Oui bien sûr, il est parti en déplacement pour le moment, mais quand il reviendra, on s’organisera quelque chose chez moi si ça te dit. Oui, mon agresseur a été appréhendé et il ne fera plus de mal à qui que ce soit. »

Je ne pouvais pas lui dire que Clayton l’avait tué. Elle avait juste besoin de savoir qu’il ne toucherait plus jamais qui que ce soit.«Oui, comme je te l’ait dit, je vais mieux. Je ne fais plus de cauchemars et j’ose enfin sortir seule de chez moi. Ce qui, comme tu peux t’en douter, n’a pas été le cas durant un bon moment. » Je lui lâchais la main pour prendre une gorgée de mon café, qui en réalité, n’en était pas. Mais me promener avec une pochette de sang, ce serait clairement moins discret.

« Je termine à quatre heure et toi ? Mais oui carrément ! Ca me manque de ne plus passer du temps avec toi. » En général après nos gardes, on se prenait un énorme petit déj mais là, je ne pourrai pas… Je ne savais pas comment j’allais lui dire que je ne mangeais plus, je ne voulais pas qu’elle pense que j’étais devenue anorexique. C’est juste que j’avais changé de régime alimentaire.

HARLEY-

Leti me disait que je n'avais pas à m'en vouloir, mais tout au fond de moi, je me disais que j'aurais dû comprendre. Nous étions si liées, si connectées, que j'aurais dû m'apercevoir de quelque chose, faire davantage pour que nous nous voyions, pour l'aider... Mais on ne pouvait refaire le passé, et aujourd'hui, elle était là, face à moi, souriante et magnifique. Sans doute voulait-elle oublier toute cette horrible histoire, alors je n'allais pas remuer le scalpel dans la plaie.
Après l'avoir relâchée de mon étreinte constrictor, je pris le café si gentiment rapporté par mon amie pour en boire quelques gorgées salvatrices. Notre petit rituel, le café de la mini pause, et ensuite le bon gros déjeuner après nos gardes. J'avais hâte qu'elle me présente son sauveur. Mais là tout de suite, j'avais envie de penser à court terme. Elle me déclara finir à quatre heures, ce qui m'étonnait, d'habitude c'était plutôt six heures, avec des gardes de douze heures. Mais je me disais qu'elle avait sûrement un horaire aménagé pour sa reprise, ou quelque chose comme ça. J'étais loin de me douter que c'était parce que le soleil se levait tôt.

- Oh... Moi c'est 6 heures. Mais si tu veux m'attendre on peut se faire le petit dej chez Bill ? Ou... si tu es trop fatiguée, on peut voir ça sur nos jours de congés. J'ai vendredi cette semaine, et toi ?

Je n'avais qu'une hâte, que nous puissions passer du temps toutes les deux comme au bon vieux temps. Tout ce qu'elle voudrait, je serais partante.

- T'auras qu'à me dire, quand tu veux, où tu veux, et je serai là.

Soudain, mon bipper se mot à sonner. Je me levai d'un bond pour le regarder.

- Merde... Faut que je te laisse, j'ai un patient dont le réveille se passe mal. Bisous ma chérie, je t'aime, fais attention à toi !

Je terminais cette phrase tout en partant en courant vers l'hôpital, jetant au passage mon gobelet de café dans une poubelle sur mon chemin.
Leti était de retour. J'étais tellement soulagée. Ma garde ne pourrait que bien se dérouler... Si mon patient s'en sortait.

 

HARLEY-

Ma vie redémarrait comme si de rien ne s’était passé. La seule différence, c’est que j’allais devoir mentir à celle que je considérais comme ma sœur et ça, ça me faisait vraiment mal. J’avais absolument horreur des mensonges, mais là, je n’allais clairement pas avoir le choix… Sa sécurité était en jeu et la mienne aussi. Elle fut surprise de constater que je terminais à 4h au lieu de 6h qui était mon heure habituelle. Mais si je ne voulais pas terminer en tas de cendres, je n’allais pas avoir le choix pour le moment. Ah le petit déjeuner, ce genre de moment allait me manquer.

« C’est gentil, mais on peut remettre à une autre fois ? Je sui crevée et je t’avoue que mon lit m’appelle.  Oh, c’est super ! J’ai vendredi moi aussi ! Je pense que je pourrais caler mes jours de congés sur les tiens comme on faisait avant. Est-ce que tu peux m’envoyer ton planning ? Comme ça, je préviens mon chef de service.»


Je lui faisais mon plus beau sourire. La dernière phrase qu’elle avait dîtes m’avait touché. Elle m’avait tellement manqué. On allait avoir pas mal de temps à rattraper et je me contrôler bien assez pour passer une soirée avec elle sans avoir envie de lui sauter à la gorge. Malheureusement, son biper vint interrompre nos retrouvailles. Mais ceci dit, on avait eu de la chance, on avait quand même pu passer un peu de temps ensemble, du moins, le temps de notre café. Enfin, café pour elle et sang synthétique pour moi. Je prenais vraiment toutes les précautions possibles pour ne pas déraper.

« Je comprends ne t’en fait pas. Moi aussi je t’aime ma belle, fonce ! »

Je terminais mon gobelet que je jetais ensuite et je prenais le chemin de mon appartement.

HARLEY-