Il n'y a que la vérité qui blesse |Libre|

À défaut d'être, on se console de paraître.. Comme à mon habitude, il est à peine six heures lorsque mes pieds nus foulent le parquet de ma chambre, alors qu’au rez-de chaussée, la cafetière a déjà dû enclencher son programme dans la cuisine. Le temps d’une dernière caresse sur la tête de Bianca, qui commence à piquer du nez, et j’enfile mon déshabillé en soie, le nouant à la taille afin d’aller prendre mon breuvage brûlant.
Quelques instants de paix et de sérénité, il est bien trop tôt encore pour que June se lève, ce qui me permets d’apprécier ce laps de temps, à regarder le paysage appuyée sur la baie vitrée; mon mug de café fumant dans les mains.

Je n’ai pas prévu grand-chose aujourd’hui, à part un bon paquet d'affaires administratives à faire dans mon bureau de l’académie. Entre nous je préférais  être davantage aux contacts des élèves, mais il faut dire la vérité, je passe beaucoup temps enfermée dans les quatres murs de mon bureau, trop à mon goût d’ailleurs. Ma dose caféinée avalée, je ne tarde pas à monter me préparer, avant de descendre  afin de préparer le petit déjeuner de June, sans savoir si elle daignera y toucher : cela reste le rituel du matin.
En prenant mon sac à main, il ne me reste plus qu’à enfiler mes chaussures à talons avant de quitter la demeure familiale, faisant le choix de me rendre à l’école à pieds.

A cette heure il n’y a encore que très peu d’activité, et c’est ce calme ambiant que j’apprécie le plus lorsque je rejoins mon bureau. ça et je l’avoue le fait que certains ignorent que je sois si matinale, ainsi je n’aurais pas directement les diverses réclamations et plaintes. Même mon assistante, n’est pas encore là c’est dire. J’entre donc dans mon bureau et en refermant la porte, je défais le bouton de la veste de mon blazer .
Passant derrière mon bureau, je prends le temps de me mettre à l’aise, avant de m’atteler à la tâche. A peine commencée, je sens poindre le début d’une migraine ou du moins je le jurerais. Je porte donc les doigts à mes tempes, que je commence à masser de façon circulaire en douceur, tout en fermant les yeux.

Je tente de prendre une profonde inspiration, mais on ne peut pas dire que je parvienne à trouver une certaine sérénité, pour une adepte du yoga c’est tout de même le comble ! Je soupire, alors qu’il me semble que quelque chose commence à clocher dans mon état. Preuve en est, une légère brise s’installe dans mon bureau, qui commence à être assez présente pour que quelques papiers posés devant moi commencent à virevolter, ce qui n’est en rien commun. Surtout que j’ai depuis des années une maîtrise parfaite de mon élément. Les yeux toujours clos, la douleur s’intensifiant alors, ma tête se sentant serrée comme dans un étaux, je ne m’en rends compte pour l’heure d'absolument rien, à part ces drôles de frissons qui m’envahissent….


Là seulement j’ouvre les yeux, et les clignant plusieurs fois pensant voir un  mirage avant de laisser échapper un :

”Et merde !”

Tout droit sorti du coeur, je ne saurais dire si c’est la panique qui s’exprime, où le moment de panique, puisque je comprends que c’est mon esprit qui déraille. Et même si j’aimerais dire que c’est la première fois qu’une chose similaire se produit, la réalité est tout autre, simplement je préférais me cacher la vérité. Suis-je vraiment d’ailleurs réellement prête à lever le voile sur le réel problème qui est le mien ?

Pour l’heure je fais mon maximum pour me calmer et arrêter le phénomène avant que quelqu’un ne rentre dans la pièce…. Il ne manquerait plus que cela, que quelqu’un d’autre me mette face à mes soucis, alors même que je manque de courage pour reconnaître que j’ai une réelle dépendance, et que cette dernière commence à avoir des conséquences.