Raconter l’histoire d’une descendante Ravenwood pourrait prendre un temps de rédaction de plusieurs tomes de ces fameux livres anciens à la reliure en cuir. Vous racontez mon histoire prendra beaucoup moins de temps, pas que ma vie n’ai manqué d’intérêt par le passé, ou bien manque de piquant actuellement quoique.?! La réalité c’est qu’être une descendante de cette famille si connue, vous confère un sacré poids sur vos épaules dès la naissance ou presque. Pas que je ne m’en plaigne attention, après tout ce sont les diverses attentes familiales qui ont fait de moi celle que je suis aujourd’hui : avec mes qualités et mes trop nombreux défauts pour certains. Cela serait pourtant mentir de dire que j’en ai souffert un jour. Mes parents m’ont désiré et choyer bien plus que pour donner une descendance à notre nom prestigieux, et après tout voir la fierté dans leur yeux au fur à mesure de mes actions à longtemps suffit à me réjouir et ainsi faire naître mes ambitions ; dont sans doute la plus folle, celle de pouvoir reprendre un jour la tête de l’académie créer par mon ancêstre.

Wiccane élémentaire, ayant une affinité toute particulière avec l’air, c’est sans doute cet élément qui à fait que tant de fois, j’ai pu faire naître le calme dans mon esprit et surtout façonner mon caractère, enfin pour être simplement honnête, apprendre à jouer avec les apparences. Car oui, être une Ravenwood, m’a vite fait comprendre qu'il y avait celle que j’étais au plus profond de moi, et celle que je devais paraître être en société, en hommage aux miens. Le souci quand on porte un masque, c’est que ce dernier finit tellement par vous coller à la peau, qu’il s'incruste dans votre chaire, au point de ne plus réellement savoir qui vous êtes ….

N’est pas aussi cette douloureuse période qu’est l’adolescence qui a renforcé cette sensation, mais c’est à cet instant lorsque j’aurais pu être en perdition, que mon entrée à l’académie a tout changé. Sans parler de ma rencontre avec mon familier au solstice d’été, en cette nuit de pleine lune, je n’oublierais jamais cette rencontre avec Bianca ma chouette, combien son hululement à su m'apaiser et me permettre de retrouver une certaine sérénité, aujourd’hui encore je ne saurais dire si c’est elle ou moi qui a appelé l’autre en premier. Elle est mon pilier, mon point de repère, malgré tout ce qui a pu changé dans ma vie depuis l’aube de mes quinze ans.

Une autre personne qui dès son entrée dans ma vie, ne manqua pas d’être un pilier, une boussole même Lyanna, une femme au tempérament de feu dans tous les sens du terme. En beaucoup de points nous étions semblables aussi bien dans le caractère, main de fer dans un gant de velours comme on dit. De part notre volonté d’être les meilleurs de notre sélection, mais aussi dans le fait d’exceller dans les divers arts annexes, que nous confèrent notre race. Tout aurait pu faire que nous soyons les deux rivales de l’académie, surtout en dernière année et au vu de mon patronyme et pourtant je peux le dire sans nulle doute, la brune a une place de soeur à jamais dans mon cœur. Elle connaît mes plus sombres secrets, et je crois que je peux en dire de même à son égard, du moins je l’espère. Après tout, le nombre de personnes à qui je fais entièrement confiance se compte aisément sur les doigts d’une seule main. Malgré le fait que j’ai fini mon cursus quand elle était encore à l’école nous sommes toujours restées proches, quelque soit le temps et les épreuves, aujourd’hui d’ailleurs elle fait toujours partie de ma vie. Lyanna est même sans doute la personne la plus importante dans la vie de ma fille, en plus d’être sa marraine, elle est celle qui la comprend sans doute le plus. C’est drôle parfois les chemins que nous font prendre la vie, jamais je n’aurais cru avoir une relation conflictuelle avec mon propre enfant et pourtant.

Si on va par là, je ne me voyais pas non plus célibataire à quatre-cinq ans, et encore moins mère célibataire. Au-vu des modèles que m’ont offert les Ravenwood, non je pensais couler des jours heureux et amoureux, comme quoi parfois on n’a beau connaître les bons modèles on est soit même incapable de les reproduire, sans trop même savoir dire pourquoi… Plus jeune pourtant j’étais une véritable amoureuse de l’amour comme on pourrait le définir, croyant à l’âme soeur, l’âme soeur éternel et autres mièvreries. Ainsi malgré toutes mes obligations familiales, je me suis toujours promis que s’il y avait bien un domaine où je n'écoutais que mon coeur, et rien d’autre, cela serait bien sur le plan sentimental… Bien mal m’en a pris, même si grâce à cela j’ai pu avoir le plus beau des cadeaux, même si à l’heure actuelle elle sait me faire vivre un enfer : June.

Après l’académie, j’ai donc fait le choix de parcourir un peu ce que le monde avait à m’offrir, ce qui est assez facile quand on à la vingtaine. Dans un premier temps j’ai choisi l’Irlande puisque j’y ai une partie de ma famille, là-bas avoir un peu moins le poids de la succession Ravenwood m’a permit de me découvrir un peu plus, et d'expérimenter une autre magie, mais aussi un mode de vie disons beaucoup plus libre. Cette soif de liberté alors inconnue a été quelque peu compliquée à contenir, on ne va pas se mentir, mais vivre à cent à l’heure est aussi une magnifique expérience. Même si j’y ai connu quelques flirts jamais au grand jamais je ne suis tombée amoureuse, me demandant surtout ce que je ferais de mon avenir, de mon héritage.

On dit que la trentaine est une décennie charnière je ne pensais pas à ce point en effet alors que j’étais pressentie d’hors et déjà à rejoindre l’OMS, c’est à cet âge lors d’un séjour à la Nouvelle-Orléans que j’ai rencontré Eliott, sorcier mystérieux et secret, mais surtout très libre dans sa tête adepte du carpe diem, tout le contraire de ce que ma famille m’avait toujours montré. Difficile donc de résister à son charme, à la fois parce qu’être avec quelqu’un comme lui, c’est tout ce qu’on attendait pas de moi. Mais aussi parce qu’avec lui, je pouvais être moi sans retenue, ni faux semblant. Je pensais à l’époque vivre la période la plus heureuse de ma vie…. L’issue en a été que plus brutale et destructrice, le jour où je voulais lui annoncer ma grossesse, mais aussi le fait que j’envisageais de m’installer dans sa ville, j’ai surtout fait la rencontre de sa fiancée, et cela depuis ses dix-sept ans, un arrangement familial entre deux lignées de sorciers importants.

La chute n’en fut pas moins plus rude, avec toute mon éducation mais sans doute surtout mon orgueil, il m’était impossible de briser un couple à l’avenir tout tracé. Sans un mot je suis donc repartie pour Los Angeles, me jurant de ne jamais remettre les pieds à la Nouvelle-Orléans.
Etre mère célibataire ne me faisait pas réellement peur, il faut dire que j’avais toujours eu ce désir profond d’être mère, mais je ne m’attendais pas à tant de difficultés. Moi qui ai toujours été très fusionnelle avec ma propre mère, comment imaginer que mon lien avec ma fille serait dur à nouer dès sa naissance? Sans doute parce que je l’ai vu tout de suite, elle a sans nul doute ses yeux, les premières années m’ont aussi montré qu’elle tenait plus de son caractère et que de son désir de liberté que de moi. La regarder, c’est donc le voir, et surtout revivre, cette parenthèse enchantée encore et encore, et sans doute que je n’ai pas su gérer.

Gérer ses peurs, et ses interrogations sur son absence de père, pas parce que je pensais qu’une mère seule pourrait la combler, je n’ai pas cette prétention. Simplement lui répondre était aussi lui signifier que son père ne ferait jamais partie de sa vie. Mais aussi, et cette partie est plus dure à avouer, savoir que plus tard elle aurait pu juger mes agissements, face à cet homme déjà promit à un autre.. Brisant ainsi toutes les valeurs que l’on a pu m'inculquer. Heureusement une fois encore faire le choix de Lyanna comme marraine a été le bon choix surtout qu’à l’approche de ses six ans, entre l’OMS et l’académie, j’ai choisi de devenir la directrice de l’académie, restant ainsi plus proche de ma fille, le plus longtemps possible ….. Biensûr je ne le regrette pas même si je le sais c’était une opportunité qui ne se représentera pas .

Est ce qu’à l’heure actuelle, je ne me demande pas si j’aurais dû faire d’autres choix ? Évidemment surtout vue notre vie, notre relation qui s’étiole de jour en jour et d’années en années, comme deux faces d’une même pièce, nous sommes diamétralement opposées. Je sais que l’adolescence est la période, où l’on défie l’autorité, ou l’on s’émancipe, mais avec Jude le tout est amplifiée par cent, et parfois je me demande si elle n’aurait pas préféré avoir sa marraine pour mère. Tout cela je n’en parle à personne et le refoule à ma manière, qui n’est sans doute pas la meilleure, puisque j’ai recours au sortilège tous les jours un peu plus, sans même m’en rendre compte. Tout est simplement plus simple ainsi, comme si on pouvait mettre tous ses sentiments négatifs en off, comme en stase, et retrouver une certaine normalité certes artificielle, mais qui fait tellement de bien, cette anesthésie temporaire qui empêche de tout envoyer valser.

Le comble a tout de même été atteint il y a quelques mois, lorsque mon ennemie d’autrefois, Gloria a tenté de rallier ma propre fille à son coven, la faisant ainsi pratiquer une forme de magie interdite, depuis je ne peux m’empêcher de penser que je peux la perdre à tout instant, ce qui me rend encore plus autoritaire, et elle furibonde cela va de soi. Peut-être me direz-vous que la savoir amoureuse me calmerais, surtout du fils de ma meilleure amie, le cliché parfait des séries pour adolescents, mais pas du tout, Zéphir étant plus âgé qu’elle, et surtout vu mon expérience personnelle, dont elle ne sait encore rien à l’heure actuelle. Moi je risque juste de vivre mon plus grand cauchemar,tout cela en étant parfaitement éveillée, quelle joie !