(hot) Retour en flammes Ft Karl Fitz

Ce qui venait de se passer, restera, à n'en pas douter, gravé dans les annales. Mais au moins, ils étaient tous en vie et étaient parvenus à récolter l'un des fragments. Karl, qui retrouvait de vieux collègues de la SLAPD, s'exempta des longs discours dont il était coutumier. Il prit toutefois le temps de saluer ses connaissances avant de se rendre compte que Lyanna n'était déjà plus là. Se souvenant de ce à quoi il avait été lui-même confronté au cœur de l'illusion, il n'osait imaginer ce que la régente de White Chapel devait ressentir présentement. Et puis c'était tout lui ça, toujours prêt à s'inquiéter pour les autres, qu'importe la personne et les rancœurs passé (ou présentes) Il s'en alla donc à la rencontre de sa consœur en proie à quelques difficultés.

- Non, ce n'est pas une illusion, ce n'est que moi cette fois ! lança-t-il les mains levées, pour lui signifier, à sa façon, qu'il venait en paix. - Ils vont transmettre le fragment aux bonnes personnes. On ne risque plus rien par ici. D'autres fragments ont été trouvés aux quatre coins de la ville. D'après ce que j'ai compris, il y a eu de la casse, surtout du côté de la Cathédrale. Les nettoyeurs risquent d'avoir pas mal de boulot Mais il voyait bien que la régente n'en avait que faire de ses dires et qu'elle cherchait encore à sauver les apparences, malgré sa faiblesse plus que relative.

- Bon, j'étais juste venu voir si tu n'avais besoin de rien et si ça allait. Ton chauffeur ne doit pas être loin ! Pour illustrer son propos, il chercha la sombre berline du regard, histoire de se donner l'impression de faire quelque chose d'utile. Mais il demeurait mal à l'aise, car il se demandait ce qu'il faisait là. N'était-il pas préférable de retourner auprès des deux jeunes afin de s'enquérir de leur état ? Son regard croisa celui de Lyanna, qui l'espace d'un instant lui apparut à nouveau comme la Lily de leurs folles années. Et sans trop comprendre, il se retrouva à la suivre - Ok on y va alors ! Il lui prêta volontiers son bras pour qu'elle puisse avancer avec moins de difficultés. Enrichir la conversation ne l'aiderait pas, alors le régent se mura dans le silence jusqu'à ce qu'ils rejoignent la voiture avec chauffeur.

La brume épaisse qui avait envahi le quartier se leva peu à peu. Les deux sorciers prirent place dans le véhicule à la sortie de Old Spirit Place. Karl se demandait encore ce qu'il faisait là, assit à l'arrière aux côtés de sa rivale de toujours qui adossée contre la vitrine, ne semblait déjà plus le calculer. Par chance, le trajet ne fut pas long et en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, l'imposant véhicule s'engouffra dans la rue où se trouvait la non moins imposante cathédrale de White Chapel. Karl se senti presque instantanément saisit d'un sentiment désagréable. Il ne devait pas être ici, pas ce soir, pas en de telles circonstances et alors qu'il s'apprêtait à sortir de l'autre côté, il senti la main de Lyanna saisir la sienne l'obligeant ainsi à la suivre à l'intérieur de l'édifice préservait par un sortilège comme l'était une partie de Red House.

Jamais encore Fitz n'était venu jusqu'ici, il prit donc le temps, malgré le malaise qui l'assaillait encore, de tout observer. Et le moins, que l'on puisse dire, c'est qu'il ne pouvait être insensible à la beauté de l'édifice borné d'une magnifique lumière naturelle en son chœur. Arrivés au niveau de l'autel, les mains tremblantes des deux sorciers, cessèrent de prôner l'union. Le régent de Red House resta en retrait se demandant encore ce qu'il faisait là. - Si tu te sens mieux, peut-être devrais-je repartir non ? La sorcière venait de s'approcher de l'imposant hêtre blanc qui trônait royalement au milieu de l'édifice. Karl décida de s'en approcher à son tour, saisit par la magnificence de l'arbre. Lui, n'avait rien pour se recharger, si ce n'est quelques décoctions et un peu de repos. Il enviait donc Lyanna d'avoir un si bel élément en sa possession.

- Il est très beau ! Ca doit être agréable commençait-il alors que la sorcière lui faisait face et l'observait avec intensité. - Quoi ? J'ai dit une bêtise ? De cette distance, il parvenait à sentir son sang étreint par la passion et alimenter à vive allure ses artères, tout comme il parvenait à sentir une à une les pulsations de son cœur. Il la vit alors se ruer sur lui pour se jeter dans ses bras et l'embrasser avec une passion dont il n'était plus habitué. Pris au dépourvu, il fit trois pas en arrière avant de se rendre compte qu'il frôlait l'autel - ... Lily... eut-il à peine le temps de commencer alors qu'elle en était déjà à lui retirer sa veste. Elle attrapa à nouveau sa bouche avec force avant de se décoller pour lui demander de ne rien dire. Alors, sans réfléchir (en était-il encore capable ?) il enfouit son visage dans le cou de la sorcière pour y faire traîner ses dents avant d'en saisir son lobe tandis qu'elle lui arrachait sa chemise. Passant ses mains sous ses cuisses, il s'apprêtait à la soulever pour la déposer sur l'autel et à nouveau capturer sa bouche avec folie, avant d'être stoppé dans son élan.

- Quoi ? Elle venait toutefois de l'arrêter dans son élan après lui avoir mordiller la lèvre inférieure. - Un sortilège d'invisibilité ? Tu sais, on pourrait aussi aller dans ta chambre... Le regard dont elle l'affubla, l'incita à son tour à répéter la formule - Invisibilis praeter familiam. Alors que Rufus, le familier de la régente était en approche - Il ne va pas apprécier ! Son regard croisa à nouveau celui de son premier amour, avant de sentir le doute l'envahir - Qu'est-ce qu'on est en train de faire ?

Pas de questions, ni même le moindre mot, telles furent les instructions d'une Lyanna plus excitée que jamais. Que s'était-il donc passé avec cet arbre ? N'étant ni un sympathisant, ni un pratiquant de magie dite élémentaire, le régent de Red House se posait quelques questions sur les propriétés magiques de ce grand hêtre. Toutefois, il devait bien reconnaître que la bouche fougueuse de la sorcière contre la sienne, n'était pas désagréable, bien au contraire. C'était tellement plaisant, qu'il réitéra la caresse buccale avec encore plus d'ardeur avant de laisser la raison reprendre le dessus l'espace d'un court instant. Son cœur n'en demeurait pas moins assujetti à un rythme qui frôlait la tachycardie. Comment était-ce possible, après tout ce qui s'était passé entre eux, qu'il puisse encore se sentir dans un tel état en sa compagnie ? Incapable de résister maintenant, il déposa sa bouche sur sa peau nue. Par le passé, elle aimait sentir son souffle dans son cou et ses lèvres sur sa peau. Il s'en souvenait encore et s'exécuta presque par automatisme. La chaleur qui émanait de leurs corps concurrençait aisément la fraîcheur d'une nuit déjà bien avancée. Il voulait résister, mais le pouvait-il encore ? Après tout, ils avaient frôlé la Mort ce soir et rien ne les obligeait de ce fait, à ne pas, l'espace d'un instant, céder à leur pulsion de vie. C'était même salutaire, assez pour que Karl parvienne à s'en convaincre. Et voilà qu'à présent les mains expertes de la sorcière se chargèrent de mettre en pièces la chemise que portait son confrère, qui bien qu'il eût apprécié le vêtement, ne s'offusqua point de le voir choir contre le sol froid de l'autel - Ok, pas de chambre...

Le regard qu'il posa sur elle était équivoque et ses pupilles dilatées trahissaient une excitation de plus en plus difficile à contenir. Toutefois, c'était plus fort que lui, il ne pouvait s'empêcher de blablater. Lyanna prit à nouveau les devants et retira précipitamment la ceinture de son jean

- Ok, j'ai compris, je me tais...

Le souffle court, il sentit son pantalon choir sur ses genoux tandis que la demoiselle laissait tomber une magnifique culotte pourvue de dentelle. Hypnotisé, Karl était incapable de quitter son regard. Il la voulait rien que pour lui, la possédait sans retenue, la faire jouir à en perdre haleine, la prendre de toutes parts encore et encore jusqu'au lever du soleil. Elle grimpa alors sur lui réchauffant encore plus l'atmosphère et éveillant en lui de vieilles sensations qui le fit sourire.

- Je croyais qu'on n'avait dit pas de parlotte murmurait-il avec sensualité en sentant les dents de la demoiselle contre le lobe de son oreille. Les mains expertes du régent glissèrent sur les hanches de sa consœur faisant ainsi remonter les plis de sa robe. Alors qu'il s'apprêtait à l'en défaire, il sentit une main bien habile se perdre au tréfonds de son boxer, avant de se saisir de son sexe.

- Hum....Non... Il serra la mâchoire, espérant encore naïvement être capable de contrôler son érection - Tais-toi ! répondit-il sans attendre en accompagnant ses mouvements. - On est vivant... Ses lèvres plus audacieuses que jamais, répondirent à l'appel de la passion animale. Reprenant le contrôle il l'obligea à prendre appui sur le bord de l'autel et se plaça derrière elle, laissant ainsi sa vigoureuse virilité frôler son fessier - Je sais que tu aimes ça il lui mordille la nuque, avant de laisser traîner ses dents jusqu'à sa chute de reins. Il était plus audacieux que par le passé, c'était évident; une audace que Lyanna senti en elle lorsqu'il attrapa ses fesses et donna les premiers coups de bassin d'une longue série. Il ferma les yeux pour trouver la bonne cadence et se libéra peu à peu.

N’y avait-il pas de lieu plus décent pour perdre la raison et céder ainsi à la passion ? Si la question eut été posée, la réflexion n’avait de toute évidence, jamais était entamée. Ils avaient à peine résisté à la Tentation, mais le voulaient vraiment ? Cette haine, cette colère, ce rejet, cette rivalité entre covens, n’étaient-ils pas autant de moyens de préserver les apparences, que d’excuses pour ne pas reconnaître que malgré leur passé commun et les douleurs qui en résultaient, l’amour qu’ils se portaient était indemne ? Karl ne se posait pas toutes ces questions, enivré par la fougue de Lyanna et contaminé par sa soif de vitalité, le régent de Red House n’était dès lors plus qu’une marionnette entre les mains de la Passion.

Le souffle coupé, le cœur éreinté par cette douce folie, il ne pensait qu’à assouvir ce besoin quasi-bestial de promiscuité, se fichant pas mal des codes et des préliminaires. Il était en vie, elle aussi n’était-ce pas ce qui comptait le plus ? Vaincu Thanatos n’eut d’autre choix que de rendre les armes face à un Eros plus victorieux que jamais. La pulsion de vie prenant le pas sur tout le reste, Karl d’ordinaire si pudique ne se soucia pas d’être nu et dans une position plus que délicate, si l’on venait à les découvrir. Une hypothèse improbable à cause du sortilège qu’ils avaient conjointement lancé, sauf bien sûr – et c’est tout aussi improbable – l’un des membres de leur famille respective entre en scène.

- Si je sais beaucoup plus que tu ne peux le croire et ton flux sanguin te trahis encore

La magie du sang étant sienne, il pouvait prétendre contrôler cet élément, le comprendre et en percevoir le membre changement. Le sourire aux lèvres, il se délectait donc d'avoir – ne serait que pour un instant – le contrôle tout en continuant à jouer de son bassin pour mieux enfouir sa virilité en elle. Il était audacieux, plus qu'il ne l'avait été par le passé et il se demanda soudainement, si cette nouveauté n'allait pas ébranler Lyanna. Une incertitude vite balayée par la sorcière qui en demandait encore plus. Karl, qui ne pensait qu'à la contenter – et à rien d'autre – s'exécuta aussitôt.

C'était bon autant si ce n'est plus que d'habitude tout en tant libérateur, comme si quelque part, c'était inévitable d'en arriver là. Et soudainement, alors que la bestialité l'avait mené jusqu'à la prendre par derrière sans se soucier du reste, le régent se sentit envahir – en plus de l'excitation – par le besoin de conférer à ce moment, un quelque chose d'un peu plus romantique, histoire de se dédouaner de la vulgaire partie de jambes en l'air. La voix de Lyanna le sorti alors de ses pensées et sans qu'il ne s'en rende compte, les rôles furent inversés et Karl perdit le contrôle tandis que sa rivale prenait l'ascendant en le chevauchant avec passion sans qu'il ne puisse rien ajouter, si ce n'est savourer le souffle chaud de la demoiselle dans son cou.

- Ne t'arrêtes pas fit-il entendre à son tour en laissant ses mains déjà bien échaudées glisser contre ses hanches pour donner plus d'intensité aux mouvements de son bassin. Et quand elle quitta son cou qu'elle avait parée de baisers et de quelques morsures, à ce moment précis où leur regards convergèrent dans le même sens, Fitz sentit un vide abyssal l'assaillir avant qu'une voix et une présence tout aussi familière, ne mettent un terme à ce qui semblait être une folie, rien de plus. S'en été fini de la partie de jambes en l'air et de bien des certitudes.

Si elle avait pu, elle lui aurait bien fait clore son clapet. Elle n’avait nullement envie de l’entendre encore baratiner, mais force était de constater que Fitz avait toujours ce besoin de faire la causette, en toutes circonstances, même en cet instant.

- Bordel t’es pas un foutu vampire ! Tais-toi et saute-moi ! souffla-t-elle.

Lyanna n’avait aucune idée de s’il disait ça pour faire son intéressant ou si c’était vrai, mais pour l’heure, ce genre de détails ne l’intéressait pas. La régente avait finalement décidé de reprendre le contrôle, se replaçant sur lui, réchauffant encore davantage l’ambiance. Puis, le bruit sourd de la lourde porte d’entrée de l’église se fit entendre. Machinalement, les deux amants d’un soir tournèrent conjointement leurs regards vers l’entrée, cessant tout mouvement. Une silhouette des plus familières, puisqu’il s’agissait du protégé de Lyanna, entra. Bouche bée quelques instants, le coeur battant encore la chamade, elle l’observa remonter l’allée. Il les fixait, hébété, comme s’il pouvait les voir.

- Ne fais pas de bruit, il ne peut pas nous voir, murmura-t-elle.

Ils avaient lancé le sort une fois chacun, c’était donc impos…

« - Si si, je vous vois et je vous entends aussi. Ne me dis pas que vous... »

Les yeux écarquillés, le regard de Lily alla de Zephyr à Karl avant qu’elle ne se défasse du régent rival pour se remettre sur ses pieds, laissant le pauvre Fitz à sa condition, à savoir à poils avec son caleçon et son pantalon sur les pieds, tandis qu’elle faisait le tour de l’autel pour rejoindre le jeune homme.

- Comment as-tu fait ?

Elle en était presque fière, il avait réussi à défaire un double sort, lui qui n’était même pas capable d’accomplir les sortilèges les plus simples de première année ! Un miracle s’était-il produit lors de cette nuit chaotique ? Le jeune homme secoua la tête d’un air dégoûté.

« - J’ai rien fait du tout ! Toi par contre... ».

- Attends… C’est impossible, on a lancé un sort d’invisibilité, le plus simple, ce qui est inefficace seulement pour les personnes du même sang. Tu ne peux pas être du mien et de celui de Karl, c’est impossible.

« - Sauf si j’étais votre fils, hein ! »

- Ne dis pas n’impor…

C’était sans doute la remarque la plus intelligente qu’il ait jamais faite pour la contredire. C’était même carrément sensé. Flippant et sensé. Le regard de Lily convergea vers Karl, tandis qu’elle était de nouveau bouche bée. Son esprit et ses pensées allaient à dix-milles à l’heure. Elle sentit le regard de son protégé se poser lourdement sur elle, et elle eut l’impression que le sol se dérobait sous ses pieds. C’était comme si ses pensées, ses souvenirs, ses peurs, tout se mélangeait, elle avait à nouveau l’impression de perdre la tête, et finalement les illusions provoquées un peu plus tôt dans la soirée par la boite de Pandore étaient bien plus enviables que ce moment de trouble qui, lui, était bien réel. Titubant, elle se laissa tomber sur un banc en bois, assise, posant ses paumes de main sur le dossier du banc de devant, le regard perdu dans le vide, tâchant de reprendre son souffle comme si elle manquait d’air.

On fait toutes et tous des erreurs, c'est le propre de l'être humain et Karl l'apprenait à ses dépens alors que la passion remportait sans ménagement, toutes les batailles qui se présentaient à elle. Retrouver Lyanna, dans ces conditions et après tout ce qu'ils venaient de vivre, était indubitablement une erreur, une de celle que l'on regrette trop tard. Et pourtant, il serait mentir que d'affirmer que cette erreur, bien que regrettable, n'eut pas été exquise, autant que pouvait l'être le corps nu de la sorcière, ondulant presque frénétiquement sur celui de Karl, qui l'espace d'un instant – aussi infime soit-il – retrouva la jeune Lily dont il était tombé éperdument amoureux lors de sa deuxième année d'étude à l'académie. Mais elle devait sûrement penser à autre chose, sa rancune étant plus tenace que la sienne.

Sûrement, avait-elle des besoins à assouvir et le fait de s'être retrouvée si près de Thanatos, avait peut-être éveillé en elle l'irrépressible envie de se rapprocher d'Eros et quoi de mieux qu'un ex pour étancher sa soif de vie ? Karl ne s'en offusquerait pas, si tel était le cas. À quoi bon de toute façon ? Alors, il consentit à se taire pour savourer l'instant présent avant que l'imposante porte de l'Église ne grince sous le poids des années et qu'un jeune homme ne fasse son entrée, sans trop alerter Miss Johnston.

- Oui, encore heureux qu'il ne puisse pas nous voir murmura le régent à l'oreille de sa consœur. Une légèreté qui n'était – de toute évidence – pas appelée à perdurer au vu de l'expression qui prenait vie sur le visage de Zephyr que Karl reconnu aussitôt. - Je crois que si... tenta Fitz avant qu'effectivement le jeune homme atteste. Lyanna dans toute sa splendeur, laissa Karl à son humiliation. - Ok merci ! l'obligeant aussitôt à attraper son caleçon et le pantalon qui allait avec. Mâchoires serrées, Fitz se rhabilla à la volée, tandis que Lyanna échangeait avec son protégé, d'abord fière de son prodige puis soucieuse.

- Nous avons sûrement du, dans la précipitation, mal lancer le sort

Après tout, aussi puissant soient-ils, Karl et Lyanna n'étaient pas à l'abri de se tromper surtout dans la précipitation. Pour lui, c'était normal et il était prêt à accepter l'échec, contrairement à sa camarade, plus encline à la perfection et à la tenue de son rang. Le sorcier était toutefois loin de s'imaginer qu'il se trouvait face à son propre fils. Peut-être était-ce mieux ainsi. Il récupéra donc sa chemise, qu'il tenta non sans mal de rebouter et la veste qui allait avec.

- J'imagine qu'il serait préférable que je m'en aille Il n'avait pour ainsi dire pas vraiment suivi l'échange entre la sorcière et son protégé. - Lyanna ? Il observa alors Zephyr, se demandant ce qu'il avait pu dire à la jeune femme pour la mettre dans cet état. - J'ai sûrement mal jeté le sort, si ça peut te consoler. Il reporta à nouveau son attention sur le jeune homme, qu'il avait déjà croisé, dans des circonstances moins embarrassantes à n'en pas douter. - Euh.... bah je suis désolé de ce que tu as vu... Je crois qu'il serait préférable que je m'en aille... Qu'en dis-tu Lily.... enfin je veux dire Lyanna ? Il s'était vite rattrapé, mais pas assez pour éviter la bafouille.

La nuit aurait pu s’achever de manière moins chaotique que ce qu’elle avait commencé, mais à croire que l’Univers n’était pas enclin à accorder le moindre répit à la régente. Zéphyr était arrivé au moment le moins opportun et souleva un problème sur lequel Lyanna n’aurait jamais pensé se questionner. Elle aurait mille fois préféré qu’il ait fait une prouesse en levant un double sort d’invisibilité. A présent le coeur battant a s’en rompre, manquant presque d’air, la sorcière sentait son esprit tourner à mille à l’heure, se posant tout un tas de questions qu’elle aurait qualifié de farfelues si les circonstances avaient été différentes. Se pouvait-il que Zéphyr ait raison ? Pour l’heure, inutile de lui faire croire à quelque chose qui était impossible. Karl prit la parole pour tenter une hypothèse tout aussi saugrenue.

- Je ne lance JAMAIS mal un sort, Fitz ! articula-t-elle entre ses dents, laissant paraître une certaine exaspération.

Zéphyr était là, les bras croisés. Elle se demanda ce qu’il venait faire, mais sans doute s’était-il encore attiré des ennuis et avait peur de rentrer seul chez lui.

- Il est tard… ou tôt… va te coucher Zéphyr, balbutia-t-elle.

Il lui fallait des réponses, mais le soleil commençait déjà à se lever et Clayton allait plonger dans son sommeil diurne de vampire, il ne pourrait pas lui répondre avant la nuit suivante. La régente leva le sort d’invisibilité qui n’avait plus de raison d’être, et c’est à ce moment que Ruffus fit son apparition, sautant nonchalamment sur le dos de Karl pour se donner de l’élan avant de rejoindre Lily. Il vint se blottir contre elle pour lui redonner un peu de force et de clairvoyance. La belle brune glissa ses doigts dans la fourrure du familier et ferma les yeux tandis que Karl proposait de partir.

- C’est ça, va-t’en, tu ne sais faire que ça, souffla-t-elle.

Sans le regarder, elle se leva de son banc, Ruffus dans ses bras qui lançait un regard noir au régent, et s’éloigna vers le choeur pour passer l’une des portes du fond, suivie par Zéphyr qui continuait à parler et poser des questions auxquelles Lily ne répondait pas, comme murée dans un silence qui l’empêchait d’entendre le reste. Elle aussi avait besoin de repos, mais il y avait peu de chances qu’elle trouve le sommeil. Elle n’attendait désormais qu’une chose, que la nuit tombe à nouveau pour aller questionner son ami Clayton, lui aurait sûrement des réponses.

On fait des erreurs et très clairement, en plus d'être pris sur le vif et mit dans une situation plus qu'embarrassante, Karl se sentit bien mal d'avoir cédé aussi facilement à de triviales pulsions. Le passé étant ce qu'il est, le sorcier ne pouvait oublier ce qui jadis, l'avait uni à Lyanna avant que tout cela cesse brutalement, instiguant en lui, une amertume qui refaisait surface à présent. Et puis la façon dont elle s'adressait à lui présentement, ne l'aidait point à faire montre de patience en sa compagnie, devenue de ce fait bien désagréable.

« - Pas la peine d'être aussi condescendante avec moi »

D'ordinaire, il n'était pas le genre de personne à agrémenter un conflit, ni même à y participer de la sorte, sauf cette fois. Elle avait beau avoir suscité le désir et la passion, Lyanna Johnston ne lui inspirait désormais plus rien d'aussi attractif et l'envie de mettre à nouveau de la distance entre eux, se faisait pressante. Il poussa un long soupire en fixant le nouvel arrivant, qu'il avait déjà croisé dans un bar malfamé de Old Spirit. Le jeune homme lui avait semblé bien sympathique, quoiqu'un peu trop curieux avec toutes ces questions attrayantes à la magie. Fitz ignorait alors que Zéphyr était le petit protégé de Lyanna. Il était donc logique de le voir errer dans le coin, sauf par ici, où « logiquement » un sort d'invisibilité avait été lancé. Pour Karl, aux faits des balbutiements magiques de sa consœur à l'époque où ils étaient jeunes, naïfs et amoureux, il n'était pas impossible que cette dernière ait raté son sortilège. Lui-même pouvait avoir échoué, mais se garda bien de le faire entendre.

Le sujet fut donc clos et la demoiselle s'approcha de son protégé délaissant Karl qui devait dès lors retrouver ses apparats pour ne pas s'enfoncer un peu plus dans la gêne. « - Bon... » que pouvait-il de plus ? Il était de trop, c'était évident assez pour l'inciter à mettre les voiles alors que Zéphyr semblait se répandre en excuses face à une régente légèrement ébranlée, malgré le contrôle qu'elle s'évertuait à garder. Karl, qui avait terminé de se rhabiller, prit sur lui, une fois encore. Il était régent et de ce fait pourvu de responsabilité qui l'obligeait à se montrer un tant soit peu diplomate en situation de crise. Il consentit donc à accepter de prendre l'échec du sort sur ses épaules et s'excusa auprès du jeune homme pour ce qu'il venait de voir.

L'heure était venue pour lui de s'en aller, que pouvait-il faire de plus après tout ? Il mit donc les formes, tâchant de rester poli, mais le soufflet verbal que lui adressa Lyanna ne l'incita pas à faire d'avantages d'efforts. « - Mouais si tu le prends comme ça. » Mâchoires serrées et blessé, le sorcier récupéra sa veste, il lança un dernier regard à Lyanna puis s'en alla, persuadé qu'il ne reviendrait plus et loin de se douter de la véritable nature du lien qui l'unissait à Zéphyr.