Lily éclata de rire à l’évocation du lapin Duracell. L’humour de son chéri ne manquait jamais de la faire rire. De toute façon, être avec lui la rendait de bonne humeur, mais ce garçon intelligent avait de l’humour à revendre, ce qui plaisait grandement à l’adolescente. Curieuse, la brunette se permit quelques questions qui, elle le comprit un peu tard, gênèrent quelque peu son Karlito.
- Ne sois pas gêné d’en parler, mon chéri. Et puis ta première fois avec elle, c’était votre première fois à tous les deux, c’est peut-être normal que ça ne soit pas parfait… Je veux dire… J’imagine que personne ne sait trop quoi faire non ?
Toujours tendre avec lui, elle voulait qu’il se sente à l’aise de lui dire tout ce qui lui passait par la tête. Lyanna non plus n’était pas avare de plaisanteries, et visiblement l’idée d’un rire machiavélique ne plut pas à Fitz, ce qui la fit rire de plus belle.
- Quel pétochard ! lança-t-elle sur un air de défi.
La plaisanterie s’orienta sur les manèges, en déviant du « second tour » proposé par Lyanna. Elle secoua la tête avec un air des plus innocents.
- Je suis toujours sage voyons ! On me donnerait le bon Dieu sans confession, à ce qu’il paraît. Alors envoie les places pour les montagnes russes ! En guise de dessert.
Puis elle quitta la pièce car leurs estomacs criaient famine, après avoir entendu les goûts étranges de son amoureux en guise de garniture de pizza. Elle se plaisait à le taquiner et cela semblait fonctionner. Pendant qu’elle était descendue commander les pizza et mettre la table, Karl avait appelé sa mère pour la prévenir qu’ils passaient la nuit de ce samedi chez les Johnston. Lily rêvassait, imaginant des dîners de famille à cette même table avec ses parents et ceux de Karl, des Noël tous ensemble, imaginant très bien tous les familiers jouer ensemble et sûrement s’échanger des anecdotes sur leurs sorciers… Un petit sourire ornait ses lèvres quand finalement Karl arriva, la sortant de sa rêverie.
- Ta quoi ? Ah, non, du tout. Même si j’avoue que tu mérites d’être châtié. Je sais déjà comment tiens, ajouta-t-elle avec un grand sourire.
Elle n’était jamais à court d’idées.
- Tu dois avoir soif. Le resto a dit qu’il nous livrait des sodas avec, mais j’en bois pas, sauf dans les cocktails. Toi oui ? En attendant…
Elle se dirigea vers le placard et chercha de quoi étancher leur soif.
- Oh, y a plus de sirop, soupira-t-elle avec déception. Demain il faudrait que je fasse quelques courses pour les fois où je reviens ici, dit-elle pour elle-même.
Puis, l’adolescente attrapa des bouteilles d’alcool qui traînaient là. De la vodka, du whiski et du gin.
- Tu veux un apéritif ? proposa-t-elle en déposant les bouteilles avant d’aller chercher des verres.
Après quelques minutes, la sonnette retentit. Lily rajusta son peignoir et alla vers la porte après avoir récupéré son porte-feuille dans son sac pour s’acquitter de la commande avec un pourboire pour le livreur qui avait été rapide. Elle referma la porte, les bras chargés de deux cartons de pizza et d’un petit sac en plastique contenant deux canettes.
- A table, Fitz de mon coeur !
Elle déposa le tout sur la table et s’assit.
- Ta mère n’a rien dit ? J’espère que qu’elle n’est pas en colère…
Lyanna réalisa soudain combien la mère de Karl aimait cuisiner pour ses invités.
- Oh, j’espère qu’elle avait pas prévu de nous préparer des tonnes de plats super compliqués...
(c) DΛNDELION
Be kind, be strong, never give up. Together, we are powerful.
« Son rire était semblable à la douceur sucrée que l’on a sur le bout des lèvres en sortant de la fête foraine. Au souffle froid d’un ventilateur sur une peau humidifiée par la forte chaleur. Son rire était semblable à l’écume de la mer qui se joue de nos sens lorsque l’on ferme les yeux et que la brise océane nous caresse. Son rire était ce qu’il y avait de plus agréable, autant que pouvait l’être l’herbe fraîchement coupée, autant que l’odeur particulière que prend l’atmosphère après que la pluie soit tombée sur le béton chauffé par la présence d’un soleil d’été. » Les comparaisons étaient nombreuses, tout comme l’inspiration de Karl lorsque la belle Lyanna était à ses côtés. Et même les sujets fâcheux ne parvenaient pas à gâcher l’instant.
Mais le jeune sorcier, malgré une légère gêne, se refusait à avoir des secrets, bien que leur relation en soit encore à ses prémisses. Alors, il se prêta au jeu de la curiosité et répondit aux questions de la jeune sorcière, espérant ainsi dissiper ses doutes. Mais de toute évidence, c’est bien notre jeune sorcier qui semblait le plus gêné des deux en évoquant sa première fois.
« — En règle générale, ce n’est jamais facile de parler des premières fois. Peut-être que l’on en attendait trop l’un de l’autre, ou peut-être que c’est parce que je n’étais pas le bon et qu’elle n’était pas la bonne. Tu vas sûrement me trouver vieux jeu, mais je pense qu’il faut être avec une personne que l’on aime sincèrement et que cela soit réciproque. Bien sûr, je ne doute pas du fait que l’on s’appréciait elle et moi, mais je pense que ce n’était pas de la bonne façon. » Puis il fit la moue en posant à nouveau son regard sur elle.
« — Oui, personne ne sait jamais quoi faire. Dommage que l’on ne puisse pas remonter le temps. Quoique, tu serais encore plus jeune. On risquerait d’avoir des ennuis, non ? Mais tu serais précoce. » Il marqua enfin une pause, se rendant compte (un peu tard) de l’ampleur de sa bêtise. « — Je dis n’importe quoi ? » Bien sûr, mais il était épris et se fichait de dire n’importe quoi, seule la demoiselle à ses côtés lui importait.
« — Quoi ? Moi, un pétochard ? » dit-il en se redressant presque aussitôt pour répondre à son air de défi. « — Sache que je n’ai peur de rien ! » Il se rapprocha dangereusement de la jeune sorcière qui prétendait être aussi sage qu’une image.
« — Hum… Sage comme une image, vraiment ? » Il la laissa acquiescer, amusé par ce qu’elle laissait entendre. Il est vrai que si l’on se fiait aux apparences, il était facile de penser que l’on pouvait lui donner le Bon Dieu sans confession. Mais en grattant un peu le vernis à la surface, l’on découvrait un vrai petit diable dans sa boîte.
« — Laisse-moi déjà appeler chez moi avant de songer au dessert, petite gourmande. » Et c’est ainsi et parce qu’il le fallait, que chacun se sépara momentanément. Lily pour regagner la cuisine et passer commande, Karl pour prévenir sa mère qu’il ne comptait pas rentrer ce soir pour rester dormir chez celle qu’il se plaisait à appeler « petite amie ». Penelope était elle aussi enjouée par le fait de ne plus voir son fils seul. Une exaltation un peu gênante lorsqu’il fut question de protection, ce qui incita le jeune sorcier à mettre vite un terme à la conversation. Mais ce n’était que partie remise, et le jeune garçon savait pertinemment qu’il ne pourrait échapper à un petit interrogatoire en bonne et due forme à son retour.
Pour l’heure, Fitz préférait se concentrer sur le présent et quitta à son tour la chambre de l’adolescente, qui faisait déjà battre son cœur plus que de raison ; pour suivre ses pas et la retrouva dans la cuisine où elle semblait plongée dans une rêverie, à en juger par la façon dont elle observait le plan de travail. Une rêverie qui s’assombrit lorsque l’ami Karl osa faire entendre l’un de ses secrets les plus inavouables, à savoir son penchant pour la pizza au poulet et à l’ananas.
« — Un délice pour les néophytes, une hérésie pour les non-initiés. Toutefois, je me languis de savoir de quelle façon tu comptes me châtier. » Lui non plus n’était pas à court d’idées et possédait une imagination débordante.
« — J’avoue, les montagnes russes m’ont donné soif, et je ne suis pas difficile en règle générale. » Il la vit alors s’éloigner de lui pour se rapprocher d’un imposant placard en bois noir qu’elle ouvrit à la volée, avant de se rendre compte qu’il était dépourvu de sirop.
« — Ah mon dieu, quelle tragédie ! Plus de sirop, qu’allons-nous faire ? » De toute évidence, ce n’est pas l’absence de sirop qui empêcherait la demoiselle de se « désaltérer » en puisant dans les bouteilles d’alcool qu’elle venait de sortir.
« — Euh… Un apéritif ? » Surpris, il l’était, et peut-être un peu gêné, lui qui n’était pas du genre à boire beaucoup, si ce n’est pour fêter une grande occasion. « — Je saurais me contenter des sodas, ce n’est pas grave. » L’avait-il déçu ? Devait-il donc faire de même pour ne pas la laisser seule et gênée à son tour ? Par chance, il n’eut pas besoin de réfléchir davantage, la sonnette venant de retentir. Lyanna s’éloigna aussitôt pour aller ouvrir et récupéra les précieuses provisions, tandis que Karl se tapait le front en se traitant de « triple buse » avant de se reprendre et d’arborer son plus beau sourire.
« — Ça, c’est du service ! Quand on commande chez moi — et ça arrive rarement parce que maman aime tout faire — je peux te dire qu’on doit attendre un moment avant de voir débarquer un livreur. Toujours est-il que les pizzas sont là, et que j’ai vraiment la dalle ! » Le tout fut déposé sur la table, et c’est ainsi qu’ils s’assirent pour se rassasier d’une part et continuer à discuter d’autre part. Karl ne put résister plus longtemps à l’appel de la pizza au poulet et à l’ananas, son appétit étant trop fort. Il se saisit d’une part qu’il s’apprêtait à dévorer lorsque Lily s’enquit de la situation et de l’état d’esprit de Madame Fitzgerald. Consciencieux et poli, le sorcier déposa sa part, car on ne peut se résoudre à parler la bouche pleine.
« — Ma mère… » dit-il en étouffant un rire léger. « — Elle était… Je crois qu’elle était vraiment heureuse de savoir que j’ai une petite amie. La conversation aurait pu rester légère, si elle n’avait pas commencé à me parler gaiement de protections. C’était gênant, tu peux me croire. Et je suis quasiment certain que j’aurai droit à un petit interrogatoire non musclé de sa part. Elle est ainsi, sans filtre, c’est son petit côté français, j’imagine. Je ne t’en avais pas parlé, si ? Enfin, c’est plutôt cajun que français. Ma mère est native de la Nouvelle-Orléans, Baton Rouge plus précisément. Et je ne pense pas qu’elle cuisinait, sinon elle me l’aurait dit. Peut-être qu’avec un peu de chance, mon père va rentrer. Ils auront du coup, un peu de temps pour eux. Ça serait chouette ! Bon, on se la mange cette pizza ? Non parce que de toi à moi, ce n’est pas évident de la voir là, avec son fromage coulant, dans l’attente. Tu n’entends pas ? Ah oui, je ne t’ai pas dit, j’ai aussi le don de parler aux pizzas. » Ils éclatèrent conjointement de rire. C’était ridicule, Karl le savait, mais il ne s’offusquait plus de ce que l’on pouvait penser de lui, tant qu’il était avec Lyanna Johnston.
Était-ce seulement possible d’être aussi bien avec une personne ? Était-ce humain ? Lyanna était si heureuse quand elle se trouvait avec Karl, et plus encore ce soir, elle avait la certitude qu’il était son âme sœur, celui qu’elle aimerait pour toujours. Elle avait une confiance aveugle en lui et en l’avenir qu’ils auraient ensemble. Dès lors, rien ne semblait impossible. Elle l’écouta avec curiosité répondre à ses questions concernant sa première fois, lui qui semblait si gêné d’en parler. L’adolescente ne comprit pas vraiment cette gêne, elle voulait tout savoir et plus encore de lui, ses avis, ses ressentis, tout.
- Non, je ne te trouve pas vieux jeu, je trouve que ce que tu dis sonne juste.
Elle l’écouta encore et puis le regarda fixement avant qu’il ne rétorque qu’il disait des bêtises, ce qui la fit éclater de rire.
- Je veux bien être précoce mais y a des limites à la décence Fitz ! souffla-t-elle en riant. En tout cas, je suis très heureuse que ma première fois ait été avec toi, et je veux jamais connaître d’autre garçon que toi. Je t’aime.
Elle était si loin de s’imaginer à quel point elle était loin de la vérité que l’avenir lui réservait. Forte de sa conviction, Lily laissa son amoureux téléphoner à sa mère tandis qu’elle descendait à la cuisine emmitouflée dans un peignoir léger. Alors qu’il l’avait rejoint, la discussion sur les goûts douteux du jeune homme en matière de pizza continua. La brunette n’arrivait pas à comprendre cette hérésie.
- Cherche pas, tu es un hérétique de la gastronomie italienne, et tu seras châtié, c’est tout. Profite de tes derniers instants de quiétude, Fitzgerald ! lança-t-elle en arborant la mine la plus sérieuse du monde avant d’éclater de rire.
Elle lui proposa à boire, et lorsque, à défaut de sirop, elle se rabattit sur ce qu’il restait d’alcool, Karl sembla surpris.
- Quoi ? Tu n’aimes pas le whisky-coca ?
C'était pourtant l'une des boissons les plus courantes en soirées. Puis finalement, la commande arriva et le jeune homme fut surpris de la rapidité de livraison. La demoiselle haussa les épaules.
- On a jamais eu à se plaindre.
Elle avait laissé un bon pourboire au livreur et enfin ils allaient pouvoir manger. Les petits estomacs commençaient à gargouiller. Tout en ouvrant son carton de pizza, Lily s’enquit de la discussion de son chéri avec sa mère. Là où Karl sembla gêné, la jeune fille parut amusée avant de soudain écarquiller les yeux.
- Oh merde Karl… on n’a pas utilisé de capotes… ça craint non ?
Lui ne sembla pas s’en inquiéter davantage.
- Qu’est-ce que tu vas lui dire alors, quand tu auras droit à ton interrogatoire ? Tu veux que je lui parle ?
Elle eut un petit sourire en apprenant les origines de Penelope.
- Ta mère parle français alors ? C’est tellement joli comme langue !
Ce qui était moins réjouissant, c’était d’apprendre que le père de Karl n’était visiblement pas souvent là et que sa pauvre maman devait donc se trouver bien seule la semaine quand son fils dormait au pensionnat de l’académie.
- J’espère pour ta maman… Je culpabilise un peu là… dit-elle en se mordillant la lèvre.
Puis elle se mit à rire avec lui quand il se targua d’être le garçon qui parlait aux pizzas. Ce Karl, jamais le dernier pour la faire rire. Ils purent donc se régaler tranquillement. Le repas se passa doucement dans les rires et la bonne humeur. C’était un peu comme si Karl faisait partie des murs, comme s’il avait toujours été à cette table à tous les repas, et Lyanna imaginait très bien cette rencontre qui aurait lieu d’ici quelques semaines en décembre quand ses parents rentreraient de Salem pour venir passer les fêtes avec elle. La jeune fille se leva pour débarrasser le carton vide et mettre les restes dans le frigo. Là, elle tourna la tête vers lui avec un sourire espiègle.
- Tu es prêt pour ton châtiment, petit hérétique de la pizza ?
Elle vint s’accouder au comptoir en bois et plongea son regard dans le sien.
- Alors retourne dans la chambre, je te rejoins avec l’instrument du châtiment. Et ferme les yeux sinon c’est pas drôle.
Lily attendit qu’il s’exécute, prit un dernier verre d’eau avant d’ouvrir le congélateur pour en sortir un pot cartonné de sorbet à la framboise. Elle referma la porte, se saisit d’une cuillère et monta dans sa chambre pour le rejoindre.
- J’arriiiive ! lança-t-elle d'une voix teintée d'espièglerie.
Elle entra, tout sourire, amusée d’avance par la surprise qui serait certainement la sienne lorsque l’adolescent se retrouverait avec de la glace sur lui.
- Pas de triche Fitz, je te fais confiance.
Elle posa en silence le pot de sorbet sur la table de nuit et fit allonger son amoureux avant de s’installer sur lui après avoir retiré son déshabillé. Puis , elle attrapa la cuillère avec laquelle elle recueillit un peu de sorbet et vint lui en mettre un peu sur le torse, attendant sa réaction qui la fit rire. Puis elle passa sa langue par-dessus pour récupérer la glace et vint ensuite l’embrasser langoureusement. Un doux baiser à la saveur de framboise, chaud et froid en même temps.
- Alors, mon hérétique adoré ? demanda-t-elle d'une voix suave.
(c) DΛNDELION
Be kind, be strong, never give up. Together, we are powerful.
C’était une relation dépourvue d’explication logique, semblable aux histoires fabuleuses. Une de ces relations qui naissent sans que l’on s’y attende, mais qui semblent évidentes a posteriori.
Vous savez, au cours d’une vie, quelle que soit sa durée, vous croiserez quelques individus — bien qu’ils soient rares, ce qui les rend d’autant plus précieux — capables de vous toucher plus profondément que les autres. Vous déploierez des efforts considérables pour comprendre pourquoi vous ressentez ce sentiment inexplicable, cette sensation insaisissable. Mais l’amour est ainsi fait : il est une suite d’évidences et de paradoxes.
Peut-être qu’au fond, lorsque vous faites face à une personne extraordinaire qui vous fait vivre des montagnes russes émotionnelles, votre inconscient se manifeste, voire vous alerte, pour vous signifier que vous avez rencontré quelqu’un qui détient une partie de ce qui vous manque et que vous êtes la pièce manquante de ce qui lui manque. C’est du moins ainsi que le jeune Karl voyait les choses lorsqu’il pensait à sa relation naissante avec Lyanna. « Peut-être, suis-je trop romantique, » se disait-il. Mais était-ce un crime dans notre monde ?
Penelope Fitzgerald s’évertuait à enseigner à son fils que les émotions n’étaient pas le signe d’une faiblesse. Elle lui rappelait que, bien au-delà de l’aspect mièvre de l’amour, il fallait y voir le prolongement d’une forme de magie ancestrale. Cela, l’adolescent en doutait, malgré le respect qu’il éprouvait pour sa mère. Quoi qu’il en soit, il ne doutait pas de l’amour qu’il éprouvait pour sa bien-aimée, même s’il n’avait pas encore répondu à sa déclaration avant leur brève séparation.
La discussion avec Mme Fitz fut rapidement interrompue lorsque cette dernière, préoccupée par le fait que son fils ne compromette pas la réputation de la jeune demoiselle dont il était épris, aborda sans détour le sujet de la protection. Immédiatement, le jeune Fitz, qui se considérait encore trop jeune pour réfléchir à de telles choses, mit fin à l’appel téléphonique et rejoignit la belle brune responsable de la commande des pizzas.
Les retrouvailles, bien que la séparation ait été de courte durée, furent empreintes de plaisanteries, toujours empreintes de bienveillance, et mirent en lumière le goût culinaire inhabituel du jeune sorcier, visiblement amateur d’étranges combinaisons sur la sacro-sainte pizza. « — Oh, quelle horreur ! Non, quelle désolation. Je suis un hérétique gustatif. Une funeste destinée gastronomique m’attend. Comment puis-je donc profiter de mes derniers instants en toute quiétude ? » laissa-t-il entendre en exagérant ses paroles. En réalité, il ne s’était jamais posé la question jusqu’à présent et trouvait étrange que Lily trouve « étrange » son penchant pour l’ananas sur une pizza au poulet. C’était tout à fait normal pour lui. « — Mais je suis sûr que tu es l’hérétique de quelque chose. Il n’y a aucune raison que je sois le seul à être châtié. » Il esquissa un léger sourire et un regard intense qui en disait long sur ce qu’il avait en tête.
Ensuite, le livreur sonna à la porte, libérant ainsi les deux estomacs de leur désespoir. Les deux amoureux se mirent donc à table pour se restaurer. Lily demanda ensuite des détails sur la conversation téléphonique avec sa mère, à laquelle Fitz répondit malgré sa gêne, évoquant l’enthousiasme à peine voilé de sa mère avant qu’elle ne prodigue quelques conseils. Et en rapportant ces paroles, Fitz fit malheureusement remarquer qu’ils ne s’étaient pas protégés lors de leur premier rapport, un constat qui secoua Lily. « — Hé, ce n’est rien ! Nous serons beaucoup plus prudents la prochaine fois, je te le promets. » Et il le pensait vraiment, bien qu’il ne semblât pas inquiet de cet oubli, étant insouciant de nature.
« — Pour être tout à fait honnête, j’ai préféré ne pas trop dévoiler, c’est pourquoi je pense que j’ai le droit à un interrogatoire. Je vais m’en occuper, c’est préférable. Je ne veux pas te soumettre à un premier interrogatoire sitôt dans notre relation. Laisse-moi gérer ma mère poule. » Car oui, elle était comme ça. Karl étant son seul enfant, elle ne pouvait s’empêcher d’agir ainsi. Ce trait de caractère du sorcier pouvait être justifié par ses origines, sans qu’il se doute que cela puisse avoir une signification plus profonde.
Apparemment intriguée, Lily laissa sa curiosité s’exprimer et demanda si Penny parlait français. « — De temps en temps, oui. Surtout quand elle jure. Je me souviens aussi de quelques berceuses qu’elle me chantait pour m’endormir à l’époque où j’étais enfant. »
Puis, tout à coup, la demoiselle sembla offusquée à l’idée de priver Penny de son fils, elle qui était déjà privée de son mari au quotidien. Fitz prit alors la main de sa bien-aimée sorcière, l’obligeant à croiser son regard. « — Hé ! Autant tu peux me traiter d’hérétique, autant je ne tolère pas le sentiment de culpabilité. Tu n’as pas à te sentir coupable de quoi que ce soit, je t’assure. » Il prétendit ensuite, pour lui redonner le sourire, qu’il était capable de parler aux pizzas, ce qui lui valut quelques éclats de rire. Certes, c’était ridicule, mais au moins Lily ne se sentait plus coupable. Après avoir repris des forces, ils échangèrent un regard brillant et intense qui revigora immédiatement le sorcier en face d’elle.
« — Si c’est toi ma geôlière, je suis prêt à accepter tous les châtiments », renchérit-il avant de quitter les lieux et de rejoindre la chambre comme la demoiselle venait de le lui demander. Il était prêt à jouer le jeu, intrigué toutefois par ce que la belle brune avait en tête. Il retira donc à nouveau son t-shirt, prit place sur le lit et ferma aussitôt les yeux lorsqu’il l’entendit arriver. « — Je ne sais pas ce que tu as en tête, mais vu ton imagination je redoute le pire »
Toujours les yeux fermés, il tenta de faire parler ses autres sens. Il sentit alors l’adolescente se mettre à califourchon sur lui. « — Juste pour info, je n’avais pas l’intention de tricher hein ! Qu’on se le dise. » Mais il n’en menait pas large jusqu’au moment où il sentit du froid sur son torse. Il ouvrit aussitôt les yeux et tomba nez à nez sur Lyanna en petite tenue, prête à lui lécher avidement le torse. « — Et bah dis donc ! »
Il remarqua le pot de glace à la framboise avant de sentir la langue habile de la demoiselle glisser sur sa peau pour ensuite venir pénétrer la bouche du sorcier avec sensualité. Il lui rendit aussitôt ce baiser avant de la faire basculer pour se retrouver au-dessus. « — Tu es la tentation incarnée » Il s’empara du pot de glace et de la petite cuillère répétant l’action en étalant cette fois de la glace sur la poitrine de la sorcière. Cette nuit-là, froideur et chaleur se mêlèrent, le pot de glace fut intégralement dévoré et l’anatomie de chacun partiellement explorée. « — C’est fou tout ce qu’on peut faire avec un pot de glace ! » lâcha Karl en continuant à dessiner des cercles invisibles sur l’épaule dénudée de Lyanna.
Si le bonheur devait porter un prénom, Lily aurait immédiatement songé à celui de Karl. Comment ne pas être heureuse en sa simple présence ? Juste un regard ou un sourire de sa part suffisait à chasser les nuages. L’adolescente se sentait si chanceuse d’être avec ce garçon exceptionnel qu’était le fils Fitzgerald, et elle avait grand hâte de le présenter à ses parents. Elle se savait aussi très chanceuse d’avoir des parents qui lui faisaient assez confiance pour la laisser faire sa petite vie tandis qu’ils étaient à l’autre bout du pays. En tant qu’adolescente, elle trouvait ça génial d’avoir autant de liberté, bien qu’officiellement elle ne soit pas sensée quitter l’internat. Contrairement à Karl, l’interrogatoire ne tomberait pas de sitôt puisque les Johnston ne reviendraient qu’à la période des vacances de Noël pour pouvoir passer deux semaines avec leur fille et profiter des fêtes ensemble. Là, la brunette avait prévu de présenter son chéri à ses parents et elle espérait, bien qu’elle en soit sure, que la rencontre se passerait tout aussi bien que la sienne avec Penelope Fitzgerald, cette charmante « mère poule » comme l’avait qualifiée son adorable fils, avant de faire remarquer par le biais du bref rapport de sa conversation avec sa mère, qu’ils avaient oublié un léger détail qui avait cependant son importance lorsqu’il s’agit de rapports charnels. Karl aussitôt rassura sa petite amie en lui promettant qu’ils seraient plus attentifs la prochaine fois. Lyanna hocha la tête, se promettant de faire un saut à la pharmacie de garde le lendemain histoire de ne plus être prise de court. Puis, sa curiosité quant aux révélations sur les origines de Penelope la fit poser des questions, encore. Elle ne put que rire en imaginant une femme aussi douce que la mère de Karl, jurer en français.
- Des comptines en français, c’est beaucoup trop mignon !
Elle s’imaginait déjà les apprendre pour les chanter aux enfants qu’elle aurait plus tard avec Karl. Car oui, folle amoureuse comme elle l’était, la jeune sorcière n’envisageait pas l’avenir autrement qu’en se mariant et fondant une famille avec l’homme de sa vie. D’ailleurs, elle songeait combien elle serait malheureuse de se retrouvée privée de la présence de Karl, et s’était rendu compte que c’était ce que Penny vivait avec Arthur qui travaillait tant qu’il était peu présent, et qu’en plus ce soir, son fils était aux abonnés absents aussi. Mais toujours aussi adorable, Fitz avait rassuré sa Lily. La soirée continua sous le signe de la plaisanterie et de la bonne humeur, comme à peu près à chaque fois qu’ils se voyaient. Une fois de retour dans la chambre, ils purent laisser leur imagination créer de nouveaux jeux à l’aide d’un délicieux pot de sorbet à la framboise, mettant parfois un peu au supplice certaines parties de leurs corps.
- Oui, c’était amusant, répondit-elle toujours aussi enjouée après avoir déposé un baiser dans son cou. Je suis un peu fatiguée, pas toi ? Ça ne t’ennuie pas si je ferme les yeux cinq minutes ?
Cinq minutes qui se transformèrent en heures, puis finalement en toute une nuit, du moins ce qu’il en restait. Au petit matin, Lily ouvrit les yeux la première et se leva sur la pointe des pieds pour aller dans la cuisine préparer des pancakes pour son amoureux, la recette secrète de sa mère qui jurait qu’elle n’utilisait aucune magie pour les rendre si délicieux et légers. Par chance, il restait encore des conserves de lait de coco. L’adolescente, toujours en chemise de nuit, s’appliqua à réaliser la recette de sa maman. Pendant que la pâte reposait, elle mit la table pour le petit déjeuner, fit couler du café et retourna finalement faire cuire les pancakes. Elle les observa d’un œil suspicieux pour s’assurer qu’ils étaient aussi beaux et aérés que ceux de sa mère, et cela semblait le cas. Satisfaite, elle alla poser la grande assiette remplie d’une pile de pancakes, sur la table près du sirop d’érable et du beurre de cacahuète. Elle ouvrit ensuite la baie vitrée qui donnait sur le jardin et la piscine, et alla cueillir quelques fleurs pour les mettre dans un petit vase en verre afin d’apporter de la couleur à la table. Puis, elle remonta dans la chambre pour se rallonger aux côtés de son petit ami en attendant qu’il ouvre les yeux à son tour. Dire que c'était déjà le dernier jour du week-end et que dès le lendemain, l'école allait reprendre pour une nouvelle semaine. Cela dit, Lily n'était pas malheureuse à l'académie, loin de là. Elle se sentait dans son élément, elle aimait apprendre, elle était entourée de ses amis et surtout pouvait y voir l'amour de sa vie. Alors la vie était belle.
(c) DΛNDELION
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Cette histoire semblait tout droit sortie d’un livre, digne des contes de fées. Parfois, Karl se demandait, l’espace d’un instant, si tout cela était réel, s’il méritait réellement l’amour qu’une jeune demoiselle lui offrait avec tant de générosité. Se sentait-il à la hauteur ? « Oui, bien sûr que je le suis, » se répétait-il comme un mantra pour s’en convaincre. Et cette conviction grandissait à mesure qu’il gagnait en confiance, simplement en étant à ses côtés. Si l’amour devait avoir un visage, il prendrait le sien, et s’il devait avoir un nom, ce serait Lyanna, Lily, Lya… De nombreux surnoms lui viendraient à l’esprit, mais c’est Lily qui prévaudrait dans la bouche de Karl.
« Si je pouvais, je lui vouerais un culte, tant elle est parfaite. » Et quand elle souriait, que pouvait-on dire de plus ? Le monde aurait pu s’arrêter de tourner, cela n’aurait rien changé pour Karl, qui aurait volontiers consacré sa vie à la contempler, à lui murmurer des mots doux, à la rassurer. C’est ce qu’il était en train de faire maintenant, après que la demoiselle ait réalisé qu’ils n’avaient pas pris les précautions nécessaires, comme cela était fortement recommandé à leur âge. Bienveillant et apparemment moins perturbé que la jeune sorcière, Fitz trouva les mots justes sans avoir à trop y réfléchir. Il lui promit qu’ils seraient plus prudents à l’avenir, et il avait bien l’intention de tenir cette promesse, même s’il devait se rendre lui-même à la pharmacie pour acheter des préservatifs, même si cela pouvait sembler gênant. Si cela pouvait rassurer la jeune femme, il était prêt à tout.
« — J’irai à la pharmacie, mais j’aimerais savoir… Tu préfères banane ou fraise ? » tenta-t-il avec humour, bien que légèrement hésitant, se demandant si cette blague serait bien reçue. S’il se trompait, il ne s’en offusquerait pas. Après tout, son sens de l’humour était si particulier qu’il était difficile pour le commun des mortels de s’y habituer. Mais il avait essayé, dans l’espoir d’alléger l’atmosphère.
Ils évoquèrent ensuite Penelope et ses origines. Chaque fois que Karl parlait de sa mère, son regard s’illuminait. Son admiration pour elle était un secret pour personne. Même s’il avait parfois du mal à la suivre et à la comprendre, il espérait devenir un sorcier aussi vertueux et altruiste qu’elle. Cependant, il ne fallait pas se méprendre, la sorcière avait un caractère bien trempé.
« — Heureusement, elle ne jure que rarement, mais avoue que c’est amusant de l’entendre, et tout aussi agréable de se rappeler les douces comptines en français. Je vais quand même épargner tes oreilles et éviter une petite averse en m’abstenant de chanter. » À ce moment-là, il était loin de se douter que Lyanna avait en tête divers projets d’avenir, dont l’idée d’avoir des enfants et de leur enseigner ces mêmes comptines qu’il refusait de chanter ce soir-là. Peut-être était-il préférable qu’il ne puisse pas lire les pensées de la jeune femme, sinon il aurait peut-être été étonné, voire légèrement effrayé. Même s’il aimait Lyanna Johnston de tout son cœur et songeait à aller plus loin avec elle, fonder une famille restait un projet ambitieux à ce stade.
La soirée se poursuivit dans la joie, la bonne humeur et la découverte mutuelle, autour d’une crème glacée à la framboise. La dégustation peu orthodoxe fit éclater de rire, tout comme les caresses et les baisers, bien que cette fois-ci, nos deux adolescents sachent se montrer raisonnables. « — C’était tellement amusant que je te propose de recommencer avec une autre saveur la prochaine fois. » Karl ferma les yeux lorsque Lyanna posa ses lèvres sur son cou pour un dernier baiser sucré. « — Hum… et seuls de préférence… » Il sourit, même si elle avait exprimé l’envie de fermer les yeux quelques minutes, alors qu’il n’avait aucune envie de dormir.
« — Si tu as besoin de dormir un peu, vas-y. Il n’y a pas de soucis, je t’assure. » Il lui sourit à nouveau avant de lui caresser la joue avec douceur. Les minutes s’étirèrent en heures, et Karl, qui semblait résister à Morphée, réalisa finalement quelques heures plus tard qu’il n’avait pas réussi à le faire. « — Hum… » Il ouvrit un œil, puis l’autre, découvrant qu’il faisait déjà jour. Lyanna était à ses côtés, les yeux ouverts et toute fraîche. « — Salut ! Tu es debout depuis longtemps ? »
Cette soirée était décidément placée sous le signe de l’inattendu. Tout comme la petite blague de Karl sur le parfum potentiel des préservatifs, qui tira un petit rire à Lily.
- C’est un message subliminal ça ? T’essaies de me faire comprendre certaines de tes attentes ? demanda-t-elle en penchant la tête sur le côté.
Apprenant toujours plus à connaître son petit ami, il laissa entendre qu’il ne chantait pas aussi bien que sa douce maman. Lyanna qui croyait son chéri parfait ne demandait qu’à en avoir une preuve. Après un dessert « personnalisé » englouti dans la chambre, les deux adolescents finirent par être gagnés par le sommeil, en décalé, avant que finalement la jeune sorcière ne s’éveille la première.
Comme le temps passe vite quand on s’amuse ! Qui n’avait jamais émis ce constat ? Lyanna, en tout cas, réalisait toute la véracité de ce dicton. Toujours aussi heureuse, l’adolescente avait profité que son amoureux était toujours au creux des bras de Morphée pour aller lui préparer le petit déjeuner. Une envie de faire bonne impression ? Peut-être inconsciemment alors, car Lily n’était pas le genre à se soumettre à des codes pour plaire, elle avait toujours été cette gamine pleine de personnalité qui n’en faisait qu’à sa tête librement du moment que c’était juste et que ça ne faisait du tort à personne. Une aura qui avait tendant à attirer, on savait quand elle était dans une pièce. Mais là, la donne était différente, elle était fortement éprise d’un jeune sorcier qui en ce moment dormait dans son lit, elle s’imaginait déjà dans le futur avec lui, une maison, une famille… Alors peut-être que ce petit déjeuner pouvait être une première vision de ce à quoi ressemblerait l’avenir ? Tandis qu’elle remontait l’escalier pour regagner sa chambre, ce constat la fit glousser. Elle trouvait cela à la fois drôle et flippant, et connaissant les mecs et leur peur de l’engagement (du moins à ce que les plus grandes comme Isobelle lui avait dit), mieux valait garder ce genre de réflexion pour elle, pour le moment. Mais elle ne manquerait pas de raconter à Elisabeth, leur seconde coloc de l’académie, et Isobelle ce week-end incroyable qu’elle venait de passer. Iso étant celle qui avait le plus d’expérience, elle serait à même de donner un avis plus constructif, mais Elise était sa meilleure amie et Lily voulait tout partager avec elle.
Pour l’heure, voici l’adolescente de retour dans son lit, y entrant avec délicatesse pour ne pas réveiller trop brusquement son petit ami qui dormait comme un ange. Qu’il était beau. Elle ne put que sourire, attendrie, en le regardant dormir. Allongée sur le côté pour mieux le contempler à la lumière du soleil qui s’élevait peu à peu et dont les rayons filtraient par un coin de rideau mal fermé à la fenêtre, l’adolescente dut se faire violence pour ne pas céder à caresser la joue du jeune homme. Mais soudain, il y eut du mouvement, le bel adolescent endormi ouvrit un œil, puis le second. Le sourire de la jolie brune s’accentua tant elle était heureuse de revoir l’azur de ses yeux.
- Bonjour toi.
Cette fois, elle ne résista pas à apposer sa main sur sa joue avant de se pencher pour déposer un chaste baiser sur ses lèvres.
- Oh, quelques minutes. Tu as bien dormi ?
Le lit que la demoiselle était confortable et elle espérait que son chéri serait de cet avis… pour qu’il ait envie d’y revenir.
- Est-ce que tu as faim ? Si oui, le petit déjeuner est prêt.
Elle lui laissa le temps d’émerger et vint s’asseoir en face de lui pour mieux le regarder.
- Si tu veux, on peut profiter de la piscine ce matin, avant de se préparer pour retourner chez tes parents. En faisant un saut par la pharmacie, ajouta-t-elle avec un clin d’oeil.
Il ne fallait pas non plus trop tarder pour ne pas inquiéter Penelope. Lyanna se demanda brièvement si avant qu’ils ne repartent à l’académie, elle aurait la chance de rencontrer Arthur.
(c) DΛNDELION
Be kind, be strong, never give up. Together, we are powerful.
C’était simple, et pourtant, c’était exquis. Cela a amené l’intéressé à se demander pourquoi il n’avait pas ressenti plus tôt ce sentiment de plénitude totale. Pourquoi avait-il dû traverser tant de mésaventures et d'épreuves avant de finalement se sentir bien et suffisamment confiant pour affronter n'importe quoi ? Était-ce le destin ? Faisait-ce partie d'un dessein cosmique ? Tant de questions émergeaient dans l'esprit de Karl, si bien que son ami proche – à maintes reprises – lui recommandait vivement de lâcher prise, un conseil qu’il ne pouvait ignorer.
Maze avait raison : le bonheur n’était pas l’apanage d’une élite et n’était pas destiné à s'évanouir. Il fallait donc en jouir pleinement, tout comme il fallait profiter de la jeunesse, elle qui est éphémère. Il fallait savourer chaque instant tant qu’on pouvait encore se permettre l'insouciance et regarder le monde avec des yeux d'adolescent, tant qu’on pouvait encore revendiquer une certaine innocence. Cela dit, c’est relatif, car du point de vue de certains, l’innocence manquait désormais à Lyanna et, dans une moindre mesure, à Karl également. Le regrettait-il ? Non, absolument pas.
Cette nuit avec Lily lui avait permis de mettre de côté ses souvenirs de sa première fois, qui était loin d'être aussi idyllique que ce qu'il considérait maintenant comme une seconde chance. Bien sûr, il avait aimé sa précédente petite amie, suffisamment pour lui accorder de l'importance, mais pas autant qu'il aimait Lyanna à présent. Et pour cause, elle voyait le meilleur en lui et l'encourageait à s'élever dans la bienveillance. De plus, c’était une sorcière, il n’avait donc pas besoin de mentir sur sa nature véritable et de feindre d'être quelqu'un qu'il n'était pas. Avec la jeune sorcière de White Chapel, il pouvait être lui-même, sans compromis, et cela lui faisait un bien immense.
Lorsque finalement leur exploration des plaisirs interdits prit fin, les deux adolescents s’endormirent, épuisés par leurs activités et les émotions qui les accompagnaient. La nuit passa rapidement, mais elle fut néanmoins réparatrice pour eux deux. Cependant, c’est Lyanna qui émergea la première des bras de Morphée, laissant à Karl un peu plus d’espace dans son lit. Profondément endormi, le sorcier savourait l'instant et le confort du lit de la jeune fille, qui venait de revenir après quelques minutes d'absence. Les rideaux entrouverts laissaient pénétrer un rayon de soleil dans la chambre jusqu'alors plongée dans l'obscurité. Le visage de Karl était maintenant caressé par cette douce lumière, achevant de le réveiller de la manière la plus agréable qui soit.
Il n'était donc pas en train de rêver ; il était bel et bien dans la chambre de la charmante jeune fille qui était là, devant lui, le dévorant des yeux. D'abord silencieux, il la contempla et, malgré son état encore un peu groggy, il afficha un léger sourire avant de lui demander presque en murmurant depuis combien de temps elle était éveillée. Et c’est alors qu’une odeur tout aussi envoûtante vint chatouiller ses narines.
« - Hum... J’ai dormi comme un bébé, pour répondre à ta question. J’avais l’impression d’être sur un petit nuage. » Il ferma les yeux, savourant le contact de sa main sur sa joue et de ses lèvres sur les siennes. « - Et en plus, tu prépares le petit déjeuner ! Que pourrait-on demander de plus ? » Elle s’écarta ensuite, lui laissant assez d’espace pour qu'il puisse émerger complètement de son sommeil. Ce qu’il fit, en s'étirant suffisamment pour faire craquer ses cervicales. « - Je suis prêt à faire tout ce que tu veux aujourd’hui. Enfin, restons raisonnables, pas de folies ! » Il lui adressa à nouveau un sourire angélique avant de réduire la distance qui les séparait.
Et c’est sur cette douce étreinte qu’ils décidèrent finalement de quitter le lit et la chambre pour regagner l’étage inférieur, où un petit déjeuner copieux les attendait déjà. Tout était parfait et rien n'était laissé au hasard, si bien que Karl fut impressionné par le temps et le soin qu'avait pris la jeune fille pour préparer un petit déjeuner qui pouvait être qualifié de parfait, et encore plus si l’on tenait compte des pancakes – les meilleurs que Karl ait jamais goûtés. « - Tu cherches à me fidéliser avec tout ça ? » lança-t-il en riant avant de boire une autre gorgée de café et d'évoquer l'idée d'une petite pause à la piscine, s’offrant ainsi encore quelques minutes de solitude dans leur cocon.
Cela pourrait bien devenir une habitude en l'absence des Johnston. Les deux amoureux reprirent ensuite le chemin du retour, et Madame Fitzgerald, ravie de les retrouver, lança quelques regards complices à son fils unique, légèrement embarrassé par le souvenir de leur conversation téléphonique. « - Tout s'est bien passé, maman. Je t'assure. » lança-t-il en premier, avant que Penelope, tout sourire, ne pose son regard sur Lyanna. « Dis-moi, ma chérie, es-tu libre le week-end prochain ? » Karl fronça les sourcils, se demandant ce que sa mère pouvait bien avoir en tête en posant une telle question. « - Il se passe quelque chose, maman ? » demanda l'intéressé, toujours aussi incertain. Penny reprit la parole, un sourire radieux aux lèvres : « Ton père sera là et j’ai la certitude que cette fois, nous pourrons profiter d’un bon repas tous ensemble. Ça pourrait être l’occasion pour toi de présenter Lyanna à ton père, tu ne crois pas ? » Oscillant entre excitation, appréhension et surprise, le jeune sorcier tourna son regard vers sa petite amie, se demandant si l’idée lui plaisait. Cette proposition était pour lui aussi nouvelle et inattendue que pour elle.
Il ressemblait à un ange, ainsi endormi. Lyanna se disait en souriant qu’elle aurait pu passer des heures à le regarder dormir, il était si beau, si apaisé. Lorsqu’enfin l’azur de ses yeux reparut, elle n’avait pas résisté à l’envie de le toucher et l’embrasser.
- Moi aussi j’étais sur un nuage. On a peut-être partagé le même, dit-elle, tout sourire.
L’adolescente ne tarda pas à emmener son amoureux au rez-de-chaussée pour lui permettre de déguster un petit déjeuner fait maison. La recette des pancakes de Mme Johnston faisait mouche à chaque fois et Lily se félicita d’avoir retenu par coeur la liste des ingrédients et proportions.
- Bien sûr, ça fait partie de mon plan pour te rendre accro, très cher, répondit-elle sur le même ton rieur.
La seconde partie du plan était la somptueuse piscine qui trônait à l’arrière de la maison, surmontée au bout d’une petite cascade sur enrochements. Même pas besoin de passer l’épuisette puisque Mr Johnston avait protégé par un sort sa précieuse piscine d’éventuels débris qui venaient habituellement polluer ce genre d’installations. Ainsi, l’eau restait belle et pure sans qu’aucune feuille mort, brindilles ou autres petites choses transportées par le vent ne vienne la souiller ou encrasser les filtres. Avant d’aller en profiter avec son chéri, Lyanna alla mettre à laver ses draps quelque peu entachés de sang, et avant leur départ pour retrouver la maison des Fitz, elle avait pu refaire son lit et ranger la salle de bain. Ce fut main dans la main qu’ils arrivèrent en fin de matinée chez Karl, où sa maman les attendait de pied ferme. La jeune fille sentit le léger malaise de son petit ami. Penelope alors lui demanda si elle était libre la semaine suivante. Tout sourire, la jeune fille hocha la tête, jetant un œil à son amoureux.
- Oui, mes parents ne rentrent pas avant la semaine de Noël, alors… Je suis libre tous les week-ends, expliqua-t-elle en toute honnêteté.
La mère de Karl expliqua ce qu’elle avait derrière la tête, à savoir un dîner familial avec Arthur. Lily se sentit un peu gênée, se disant que son chéri voudrait peut-être profiter de son papa. Elle le regarda tandis qu’il lui demandait si elle était tentée, et répondit en murmurant.
- Oui, bien sûr, mais il faut que tu en aies envie. Je veux dire que si tu préfère profiter de ton père, ça me gêne pas, je sais que tu ne le vois pas souvent, alors… fais au mieux mon coeur.
Le reste de la journée se passa dans le calme, Lily aida avec plaisir Penelope en cuisine, posant mille questions sur les plantes qu’elle faisait pousser, surtout celles servant aux rituels magiques. L’adolescente était si curieuse. Puis, après le dîner, la mère de famille raccompagna son fils et Lyanna à l’académie pour qu’ils puissent démarrer, dès le lendemain, une nouvelle semaine en internat. Aussitôt arrivée dans le dortoir des filles, les copines de Lyanna se jetèrent sur elle pour lui demander des détails sur son week-end, ce qui la fit rire. La semaine se passa, Lily et Karl tachaient de se voir aussi souvent que possible à toutes les pauses. Leur petit groupe d’amis parfois avec eux, parfois les laissant roucouler seuls. L’espiègle sorcière avait même proposé un plan pour déjouer la surveillance nocturne du « gardien du fort » comme elle se plaisait à l’appeler, pour qu’ils puissent se retrouver au clair de lune. Et finalement, la fin de semaine arriva. Ce vendredi soir où, comme la semaine suivante, la brunette était invitée chez les Fitzgerald avec bien sûr l’autorisation de ses parents et la confirmation de la maman de Karl qui se portait garante pour elle tout le week-end. Une fois dans la voiture que Penelope avait laissé à Karl pour retourner à l’académie chercher sa chérie, comme la semaine précédente, la demoiselle laissa exprimer sa légère anxiété.
- J’ai fait livrer des chocolats pour tes parents, tu crois que ça va leur plaire ? Et.. tu sais Karl, je te le redis, si tu veux profiter d’être avec ton père ce week-end, je peux rester à l’académie ou bien aller chez moi. C’est pas un souci mon ange.
Tout ce qu'elle voulait, c'était que l'élu de son coeur soit heureux, et elle savait combien l'absence de son père ainsi que son approbation lui tenait à coeur. Et s'il ne l'aimait pas ? Karl serait-il dévalorisé aux yeux de son paternel en sortant avec une filles de sorciers élémentaires ? Quel était le point de vue d'un grand mage rouge sur la question ? Lily se posait tout un tas de questions, la rendant songeuse tandis qu'elle tortillait ses doigts et sa bouche dans tous les sens, trahissant son intense réflexion alors que la voiture roulait.
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Ah, l’amour ! Ce sentiment transcendant qui à la fois vous emporte et vous désarme. Pour Karl, Lyanna était devenue son unique lumière, son phare dans la nuit. Leur amour, aussi réciproque que profond, illuminait chacune de leurs rencontres, savourées dès que leurs emplois du temps respectifs le permettaient. Les nuits où la séparation devenait insupportable, Karl bravait les règles. Il quittait furtivement le dortoir des garçons pour retrouver Lyanna, ignorant les avertissements de son familier qui redoutait qu’il soit découvert. Convaincre deux adolescents épris d’amour de la prudence était une tâche ardue. Avec habileté, ils déjouaient la surveillance, s’évadant dans le parc près du lac, où ils vivaient leur amour intensément, loin des regards curieux.
Le temps semblait filer à une allure vertigineuse lorsque Lyanna était à ses côtés, et s’écouler bien trop lentement en son absence. La semaine, bien que chargée pour chacun, passait rapidement, les ramenant vers un projet commun très concret. Arthur devait être présent. Karl comptait sur le soutien infaillible de sa mère pour souligner auprès du maître de maison l’importance de ce week-end, durant lequel Lyanna serait présentée à Arthur pour la première fois. Karl, masquant son anxiété, arrivait à l’académie avec la voiture de Penny pour récupérer les affaires de Lyanna. Ce n’est qu’une fois à l’intérieur qu’ils reprenaient leur conversation, là où ils l’avaient laissée.
« — Hey, respire, tout va bien se passer. Avec ou sans chocolats, je suis sûr qu’ils t’adoreront. Ma mère t’a déjà dans son cœur, et mon père ne pourra que t’apprécier. J’ai d’autres occasions de me retrouver seul avec lui, mais c’est l’unique chance de te présenter en grande pompe, » rassurait Karl. Avant de démarrer la voiture, il saisit la main de Lyanna, cherchant à apaiser ses craintes. « — Tout va très bien se passer, d’accord ? » Puis, conscient du temps qui pressait, ils prirent la route, évitant les grandes artères pour esquiver les embouteillages de Los Angeles. Lily, silencieuse, tortillait ses doigts, signe d’une intense réflexion. Karl, lui, restait concentré sur la route, perdu dans ses pensées. Son père apprécierait-il Lyanna, une sorcière élémentaire ? Et si ce n’était pas le cas, quelles en seraient les conséquences ? Admirant profondément son père, Karl ne pouvait envisager de devoir choisir entre lui et Lyanna.
Les graviers crépitèrent sous les roues de la vieille Américaine de Penny Fitz alors qu’ils arrivaient à destination. La présence de la voiture d’Arthur confirmait son engagement tenu. Karl esquissa un sourire, bien que légèrement tendu. Après avoir récupéré leurs affaires, Lyanna passa devant pour frapper à la porte, bien que Karl réalisât qu’il avait ses propres clés. Penny, rayonnante, les accueillit avec des embrassades et des compliments. « — Et que dire de toi, ma chère maman ? Tu es resplendissante. » Karl, souriant, la laissa s’approcher de Lyanna. Il jeta un œil à son père, remarquant aussi son effort vestimentaire. « — Bonsoir papa ! » lança-t-il. Penelope Fitzgerald, sans perdre un instant, présenta officiellement Lyanna à Arthur. Karl, fier, apporta une petite correction. « — Petite amie, maman, » dit-il avant d’être entraîné dans le salon. Arthur se montra aimable, proposant un verre d’alcool aux jeunes gens.
« — Un whisky avec un peu de soda, je ne suis pas encore prêt à le déguster pur. Lily, tu en veux un aussi ? Laisse, papa, je vais m’en occuper, ne t’en fais pas. » Karl s’occupa des boissons après avoir eu la réponse de Lyanna. Penny, après avoir exprimé ses souhaits, retourna en cuisine. « — Je suis vraiment heureux que tu sois là, papa, » confia Karl en tendant un verre à Lyanna. « — Maman a dû se lancer dans un marathon culinaire, non ? » plaisanta-t-il. Penelope réapparut, prête à porter un toast. Karl, lui aussi, semblait disposé à célébrer.
« — À ce repas, mais surtout à l’amour, » commença-t-il, son regard tendre se posant sur Lyanna puis se tournant vers ses parents. « — Vous êtes une source d’inspiration, la preuve que l’amour transcende tout. Je suis si heureux que vous soyez là tous les deux. Et encore plus de vous présenter officiellement celle qui a conquis mon cœur et m’a rendu meilleur. Alors à l’amour, certes, mais surtout à Lyanna Johnston, que j’aime de tout mon cœur. »
Lyanna était à la fois impatiente et légèrement anxieuse de rencontrer le père de Karl, principalement parce qu’elle voulait faire bonne impression. Elle culpabilisait aussi légèrement d’être dans les pattes de son petit ami alors que monsieur Fitzgerald était là, chose qui visiblement était rare.
- En grandes pompes ? répéta-t-elle avec un ricanement légèrement nerveux. Fitz, n’exagère pas, je ne suis pas encore régente ou membre de la société sorcière ou bien présidente des Etats-Unis d’Amérique, répondit-elle avec une voix quelque peu théâtrale, ne se doutant pas qu’elle était plus proche de la réalité qu’elle ne le croyait.
Elle hocha la tête avec un sourire quand il lui répéta que tout irait bien. Elle n’en doutait pas. Ils arrivèrent finalement de Penelope vint leur ouvrir avec toute la bienveillance dont elle était capable. Lily regarda, attendrie, la maman prendre son petit dans ses bras. Ses parents commençaient à beaucoup lui manquer en cet instant. Elle aussi aurait bien aimé un câlin de sa maman de temps en temps, comme quand ils habitaient avec elle dans leur maison. Puis, la charmante Penny prit les mains de l’adolescente avant de lui faire la bise à la française, pour ensuite la présenter à son mari. Le terme employé, « amie », fit sourire l’adolescente qui alors tendit une main vers Arthur pour la lui serrer, avec autant de poigne qu’il était possible pour une jeune fille de quatorze ans. Son père lui avait appris qu’une poignée de mains ne devait pas être molle et que cela en disait long sur la personne qui se trouvait en face.
- Je suis ravie de faire votre connaissance, Monsieur Fitzgerald, dit-elle poliment avec un grand sourire.
Karl avait rectifié l’appellation et le sourire de la petite brune s’amplifia. Elle retourna auprès de lui et glissa sa main dans la sienne. Puis, elle fut surprise d’entendre Arthur leur proposer… de l’alcool ? Venait-il vraiment de leur proposer du whisky ?
La vache ils sont super cool les Fitz !!!
Les yeux légèrement écarquillés de surprise en regardant Karl qui répondait le plus normalement du monde qu’il prendrait un whisky soda, Lily haussa une épaule.
- Je prendrais comme toi alors.
Elle eut envie de rire, si ses parents savaient ça, jamais ils ne la laisseraient retourner ici, c’était encore plus cool qu’une soirée clandestine d’adolescents.
- Tu veux que je t’aide ? proposa-t-elle tandis que Karl se présenta pour s’occuper des apéritifs.
Penelope demanda si leur semaine s’était bien passée. Lily eut un grand sourire.
- Je crois que oui. Il paraît qu’un élève de troisième année s’est auto-transformé en roseau en cours de botanique, alors je me dis qu’on a eu de la chance, lança-t-elle avec malice.
Pour sa part, elle n’était qu’en première année et ne pratiquait pas officiellement de magie en cours mais elle connaissait déjà par coeur beaucoup de formules et s’entraînait régulièrement à des sorts faciles. Elle avait aidé Karl à rapporter les verres et ils avaient suivi la mère de famille au salon qui porta un toast à ce repas à venir, renchéri aussitôt par Karl. Lily rougit légèrement et trinqua avec son amoureux. Quand elle le regardait, ses yeux brillaient. Elle l’aimait tant, et voir ses deux parents toujours unis malgré les années, tout comme les siens d’ailleurs, lui donnait comme un avant goût de leur vie ensemble qui, elle en était persuadée, serait tout aussi belle.
- Allons Karl chéri, c’est trop… murmura-t-elle en posant avec douceur sa tête sur son épaule.
Ils trinquèrent et elle put déguster une première gorgée du cocktail réalisé avec amour par son petit ami.
- Merci encore pour votre invitation, monsieur et madame Fitzgerald.
Soudain, on sonna à la porte. C’était le livreur qui apportait l’assortiment de chocolats d’un grand chocolatier de Los Angeles que la jeune fille avait commandés pour les parents de son amoureux. Elle avait été bien éduquée et se refusait à venir les mains vides, et puisqu’à l’académie, les élèves n’avaient pas l’autorisation de quitter l’établissement avec la fin de semaine, elle n’avait pas eu le choix que d’opter pour une livraison.
- Oh… Laissez, j’y vais, dit-elle en posant son verre pour aller ouvrir.
Elle remercia le livreur, pris la boîte joliment ornée d’un ruban, et referma la porte. L’adolescente revint vers eux et tendit la boîte à Penelope.
- J'ai pris la liberté de commander quelques chocolats pour vous et votre mari, dit-elle avec un petit sourire. Je ne savais pas trop ce que vous aimiez, alors j’ai demandé un assortiment.
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Jamais, du moins dans ses souvenirs, Karl n’avait présenté une fille à ses deux parents réunis. Sa mère Penny avait déjà rencontré quelques-unes de ses amies, mais pour son père Arthur, c’était une première. Karl, légèrement anxieux, bien que cela ne se voit pas, savait que cette rencontre était cruciale. Il espérait la bénédiction de son père, un homme qu’il admirait malgré sa rigueur.
Quelle ne fut pas sa surprise, agréablement surprenante, quand Arthur, l’éminent sorcier de Red House, proposa de l’alcool. Un peu décontenancé, Karl accepta, mélangeant le whisky avec du soda pour en atténuer la saveur. Lily, tout aussi étonnée, choisit la même combinaison. Avec bienveillance, Arthur leur suggéra un autre whisky, moins fort en bouche.
« — D’accord. Merci, » dit Karl en prenant la bouteille indiquée, tout en donnant quelques instructions à Lyanna, désireuse d’aider. « — Tu es mon invitée, Lily, et il est hors de question que tu fasses quoi que ce soit, même si je sais que tu n’es pas d’accord avec ça. Allez, mademoiselle Johnston, prenez place ! » ajouta-t-il avec douceur, se sentant un peu plus à l’aise alors que Penelope demandait des nouvelles de leur semaine.
Karl souriait en voyant que la conversation entre les deux sorcières était toujours aussi fluide. Lily raconta une anecdote qui l’avait beaucoup amusée, concluant par une remarque espiègle : « — J’espère ne pas me transformer en roseau à mon tour l’année prochaine. » Karl, qui s’était déjà un peu éloigné de la théorie pour se concentrer sur la pratique, maîtrisait suffisamment de sortilèges pour éviter un tel sort. Cette pensée le fit sourire, tout comme l’attitude plus avenante d’Arthur, une présence réconfortante pour son fils.
Malgré les consignes de Karl, Lily l’aida avec les verres, une initiative qu’il ne put lui reprocher, reconnaissant son désir de bien faire. Pour la remercier et montrer son amour, Karl, d’ordinaire réservé, leva son verre pour un toast. Ses parents le regardaient, sa mère, les yeux humides d’émotion. Son père, peu démonstratif, lui offrit néanmoins des félicitations pour son discours.
« — Merci, papa ! » dit-il avec reconnaissance. Puis, se tournant vers Lyanna, il ajouta : « — Je le pense vraiment, ma belle. Rien n’est trop pour toi. »
Lyanna remercia ensuite les Fitzgerald pour l’invitation, juste avant que la sonnerie ne retentisse, surprenant tout le monde. Sans hésiter, elle se leva pour aller ouvrir. « — Je crois que c’est pour vous, » annonça fièrement Karl à ses parents, alors que sa petite amie revenait, les bras chargés de cadeaux. Karl comprit alors que Lyanna avait réussi à gagner l’affection de Penelope et Arthur par ses gestes attentionnés.
Tous reprirent leur place, savourant les amuse-bouches préparés par Penelope. Arthur saisit l’occasion pour en apprendre davantage sur Lyanna, tandis que Penny partageait ses théories. « — Maman, ne t’en fais pas, je perpétuerai la tradition, » rassura Karl. « — D’ailleurs, il me tarde de commencer les cours avancés en potion en troisième année. » Comme sa mère avant lui, il excellait dans cet art. « — Et c’est délicieux, maman, » ajouta-t-il, savourant le moment.
La soirée se déroulait à merveille, et Karl commençait à envisager l’avenir avec plus de sérénité.
Etait-elle émue par tant de démonstration d’Amour de la part de son petit ami ? Bien entendu. Le sourire ne quittait plus les lèvres de l’adolescente tandis que son amoureux lui faisait comprendre combien il l’aimait.
- Je t’aime tellement, murmura-t-elle discrètement à l’attention de Karl.
Les chocolats arrivèrent et semblèrent faire plaisir aux parents de Karl, si bien que Penelope en goûta un, ce qui fit plaisir à Lyanna, ravie de ne pas s’être trompée. Le ballet des questions commença gentiment, la jeune fille s’y était préparé, quels parents ne bombardaient pas de questions les amis (ou plus) de leurs enfants ? Elle savait que les siens feraient pareil le jour où ils rencontreraient Karl. Néanmoins, Arthur semblait moins impressionnant qu’elle ne s’y attendait, étant ainsi en famille, mais Lily gardait à l’esprit la grande place qu’il avait au sein de son coven. D’ailleurs, il été de notoriété publique que les Johnston étaient depuis toujours affiliés à la magie blanche et elle espérait que ce détail ne viendrait pas mettre à mal ce que les parents de son amoureux pensaient d’elle.
- Ce que je préfère ? Oh c’est difficile à dire, j’aime tellement de choses. J’aime absolument toutes les matières qui ont trait à la magie, un peu moins celles du circuit classique. Et que dire de la bibliothèque, elle est fascinante !
La remarque de la maman de Karl la fit rire, concernant ses mains parfaites qui ne pouvaient donc appartenir à une fana de botanique ou de potions.
- Pourtant si, j’aime beaucoup les potions. Et les incantations aussi. Je connais déjà presque toutes les formules du grimoire de première année. Il paraît que le prof laisse les meilleurs élève les pratiquer au troisième trimestre, j’espère en faire partie.
Car les élèves de première année ne pratiquaient pas réellement avant la deuxième année. Mais Lily avait déjà un peu triché, notamment ce fameux samedi matin où Karl et elle étaient finalement sortis ensemble. Karl alors rassura sa mère sur ses goûts à lui pour la matière concernée.
- Karl a d’ailleurs eu la meilleure note de sa classe au dernier contrôle de potions rendu hier, c’est pas vrai mon chéri ? demanda-t-elle avec enthousiasme en se tournant vers lui.
Puis, elle continua de répondre à Arthur.
- J’aime aussi beaucoup l’étude des familiers. Il me tarde de pouvoir appeler le mien.
Ses quinze ans n’étaient plus dans très longtemps maintenant, mais la prochaine lune de sang n’était qu’au mois de janvier. Encore deux mois et demi à attendre.
- Karl m’a présenté Maze la semaine dernière, ajouta-t-elle avec un grand sourire.
Puis, elle chercha machinalement du regard où pouvaient être ceux de Penelope et Arthur. Chez ses parents, les familiers avaient une place à part entière et elle les avait toujours vus, à tout moment de la journée avec eux la plupart du temps. Quand elle été en bas-âge, il n’était pas rare de l’aigle de son père et l’hermine de sa mère jouent avec elle ou la surveille alors qu’elle s’amusait dans le jardin. Suivant l’exemple de son petit ami, la brunette prit un petit four préparé avec soin par madame Fitzgerald. C’était joli, à tel point qu’elle hésita quelques secondes avant de le porter à sa bouche. Penny était une incroyable cuisinière, même l’apéritif était délicieux.
- Madame Fitzgerald, vous êtes une cuisinière remarquable. Je l’avais déjà constaté la semaine dernière.
Elle eut un petit sourire amusé en se demandant comment avec une si bonne cuisine, Karl pouvait être un tel hérétique à se délecter d’ananas sur une pizza. Elle lui lança un regard complice, espérant qu’il comprendrait ce à quoi elle pensait. Ils étaient si souvent sur la même longueur d’onde malgré le peu de temps que durait leur relation, qu’elle n’en doutait cependant pas. Puis, elle reprit une gorgée du cocktail préparé avec amour par son Karlito chéri.
(c) DΛNDELION
Be kind, be strong, never give up. Together, we are powerful.
La soirée se déroulait « merveilleusement » bien et, même si Karl n’en avait jamais douté, en avoir la confirmation acheva de le rassurer. De surcroît, Lyanna semblait marquer des points auprès d’Arthur, ce qui n’était pas anodin pour le jeune Fitz. « — Trouver sa voie est également très important, » ajouta-t-il, faisant écho aux paroles de son père tout en dégustant une des préparations de Penny. Il fallait le reconnaître, Penelope Fitzgerald était sans aucun doute une hôtesse de talent doublée d’une excellente cuisinière. « — C’est super bon, maman, » lança-t-il avec un doux sourire.
Ils continuèrent à discuter des études, un domaine dans lequel Lyanna excellait tout autant que Karl. Ils se stimulaient mutuellement, les bonnes notes de l’un faisant la fierté de l’autre. Lily mit en avant la dernière note de son « chéri ». Cette appellation sembla soudain insolite à Fitz junior, habitué à l’entendre de la bouche de Penny. Il jeta un regard discret vers elle, cherchant à s’assurer que cela ne la froissait pas d’entendre une autre personne utiliser ce surnom. Apparemment, le sourire radieux de Penny indiquait une acceptation tacite.
La conversation se tourna ensuite vers les « familiers », un sujet qui passionnait Lily, toujours dans l’attente du sien. « — Maze est excessivement protecteur avec moi. Notre première rencontre ne s’est pas déroulée sous les meilleurs auspices, mais il donne de bons conseils et je me sens bien en sa compagnie. J’apprécie son empathie et sa franchise. Et de ce que j’ai entendu, il aime les compliments » partagea Karl. Il sentait la présence du loup, probablement à l’affût dans l’ombre, veillant sur son sorcier. « — Je suis sûr que ton familier ne tardera pas, Lily. »
Penny profita de ce moment pour se diriger vers la cuisine, revenant avec Cornélius et Sophie, respectivement le corbeau d’Arthur et la petite souris de Penelope. « — La famille est presque au complet. Maze, viens ! » Le loup grogna légèrement avant d’entrer dans la pièce. « — Ah, tu vois quand tu veux ! »
« Tu as de la chance que j’apprécie ta chérie ! »
« — Ah ! Il vient de me dire que j’ai de la chance qu’il apprécie ma chérie. On dirait que tu as réussi l’épreuve de validation des familiers, et je suis prêt à parier que celle des parents aussi, » plaisanta Karl. Il échangea un regard complice avec sa mère avant qu’elle ne propose de passer à table. Ils s’installèrent joyeusement, Karl glissant sa main dans celle de Lyanna. « — Promis, pas de pizza ananas poulet ce soir. Je suis le seul hérétique de la famille, » murmura-t-il à son oreille en prenant place à côté d’elle. L’arôme s’échappant de la cuisine était divin, signe des talents culinaires de Penny. Cette soirée était décidément merveilleuse, et Karl savourait chaque instant. « — Alors, bienvenue dans la famille Fitzgerald, » osa-t-il dire au retour de sa mère.
Les parents de Karl étaient vraiment adorables. Lyanna l’avait constaté pour Penelope, mais elle apprenait désormais à connaître Arthur. Il était impressionnant mais savait se mettre à la portée des autres et la jeune sorcière apprécia cela. Il était aussi de bons conseils et la brunette hocha la tête, prenant note mentalement de ce qu’il disait. « - C’est fabuleux si vous vous épanouissez dans vos études Lyanna. Je comprends votre soif de savoir, j’étais un peu comme ça étant jeune. Le plus important reste la rigueur, ça vous fera avancer dans beaucoup de domaines. »
- Oui, vous avez raison.
Elle admira aussi avec quelle délicatesse il regardait et complimentait son épouse. Tout sourire, Lily regarda Karl tandis qu’il avait repris la parole pour parler de Maze. L’adolescente eut un petit rire en l’entendant dire qu’il aimait les compliments et que son jeune sorcier avait de la chance qu’il l’apprécie.
- Sinon quoi, tu m’aurais dévorée, Maze ? demanda-t-elle en riant tandis que le loup entrait et qu’elle posait sur lui un regard plein d’admiration.
Arthur expliqua sa rencontre avec son familier et le sourire de Lily s’étira jusqu’aux oreilles tant c’était original.
- Quelle belle histoire. Oh oui, j’ai vraiment hâte que la prochaine lune de sang arrive pour pouvoir l’invoquer. J’espère qu’il y en a un pour moi dans cette forêt de gobelins. J’ai entendu dire que parfois, aucun gobelin n’acceptait de venir suite à l’invocation d’un sorcier.
Penny avait été chercher le sien, et le corbeau d’Arthur les avait rejoints. Lyanna les regarda avec fascination et fut touchée que la maman de Karl lui confie la petite Sophie. La souris dans sa main, Lily la regarda avec des étoiles dans les yeux. «- Sophie vous trouve très beaux ensemble Karl et toi. Je propose que nous passions à table. Tu peux la garder près de toi si tu le désires Lyanna.»
- Comme tu es jolie, Sophie ! Merci pour le compliment.
Elle déposa un baiser sur la tête de la souris entre ses oreilles, et Penny lui proposa de la garder avec elle.
- Si elle est d’accord, oui bien sûr.
La jeune fille laissa alors la souris grimper sur elle pour s’installer où elle le souhaitait, et la maîtresse de maison proposa de passer à table. L’odeur qui émanait de la cuisine avait de quoi ravir les sens et Lyanna avait hâte de goûter aux nouvelles prouesses culinaires de Madame F. Elle sourit à son petit ami qui lui avait pris la main. Elle appréciait toujours quand il le faisait.
- Je t’aime, mon hérétique de la gastronomie italienne, lui fit-elle entendre à voix basse.
Penelope était revenue.
- Avez-vous besoin d’aide, madame Fitzgerald ?
Lyanna n’était pas du genre à se tourner les pouces et mettre les pieds sous la table, ses parents l’avaient bien éduquée.
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